PELT Jean Marie, 2008, Nature et spiritualité, 2008, Paris,
Fayard, avec la collaboration de Franck Steffan
« Ce livre (…) entend mettre
en lumière les profondes convergences des grandes traditions philosophiques, spirituelles
et religieuses du monde sur des points essentiels de la sensibilité
moderne » à savoir « la nécessaire sobriété écologique pour
limiter l’épuisement des ressources naturelles ; l’alliance nécessaire de
l’homme et de la nature pour maintenir les grands équilibres biologiques et
climatiques ; enfin la mise en cause du rêve prométhéen (…) où
sciences et techniques, étroitement liées au capitalisme, emmènent l’humanité à
pas de charge dans un rêve de puissance et de domination, au mépris de toute modération
et sagesse » pp.7-8
L’auteur cherche à « nous
interroger sur ce que nous voulons que devienne l’homme du futur »
(p.19) et, pour lui, écologie et spiritualité seront les deux piliers de la
sagesse future où « les valeurs de l’esprit » supplanteront
les puissances de l’argent.
Il montre que les traditions animistes,
bouddhistes, islamiques, vivent l’homme en harmonie avec la nature, mais pointe
déjà une menace de divorce dans le taoïsme et surtout le judaïsme avec des
textes de la Genèse que certains interprètent comme une justification de
l’infériorité de la nature, quand « Dieu dit : remplissez la terre
et dominez la ». Après avoir exposé les pièces du dossier, il en vient
à la « mutation chrétienne ».
Pour lui, le message du Christ s’inscrit dans
un courant spirituel juif d’union de l’homme avec la nature et surtout de rejet
du culte de la richesse. L’amour de tous, et même des ennemis, est le maître
mot de sa vie et de son enseignement.
S’il voit dans les premiers siècles du
christianisme la prolongation de cette tradition avec la dimension cosmique de
l’Evangile de Marc, la théologie d’Irénée de Lyon, l’auteur situe le divorce
entre nature et homme vers le XIIIème siècle et oppose Thomas
d’Aquin à François d’Assise sur le rapport à la Création. Au XVIIème
siècle la science a pris son essor « s’emparant de la nature et
laissant l’homme seul avec Dieu, l’idéalisme chrétien invitant le croyant à
n’avoir cure que de son âme. La rupture entre le chrétien et la nature était
consommée. Pourtant, en marge du christianisme institutionnel, divers courants
spirituels se font jour en réaction contre l’abaissement de la nature »
(p.201) : romantisme, franc-maçonnerie… Toutefois, constate-t-il, cette
dimension cosmique de la foi chrétienne perdurera dans les traditions
orthodoxes de l’Europe orientale.
Après avoir critiqué le monde scientifique
et son « cléricalisme », l’auteur démontre comment le
capitalisme a parachevé ce divorce : « la nature n’est plus perçue
comme une source d’émotion, d’émerveillement et de contemplation, mais comme
une source d’enrichissement » (p.222).
JM PELT appelle alors de ses vœux une
« écologie spiritualiste » et pense trouver appui dans des
courants d’opinion, mis à jour par de récentes enquêtes européennes, comme
celui des « créatifs culturels », caractérisés par « l’individualisme
de la quête spirituelle » (p.238), mais aussi chez des écologistes
chrétiens, pour construire « une civilisation de l’amour »
(p.275sq.)