POUSSEUR Robert, 2008, Les
Cultures contemporaines, demeures de Dieu, en collaboration avec Jean de
Montalembert et Jacques Teissier, préface de Mgr Joseph Doré, Paris, DDB
Dans un premier chapitre les auteurs décrivent
quelques mutations culturelles de notre temps liées à la mondialisation,
l’écologie, la biologie, les distinctions de genre, l’individualisme, la
création artistique ou encore les quêtes spirituelles. Ils évoquent alors les
notions d’acculturation, d’intégration culturelle ou d’inculturation, reprenant
la définition que donnait le Pape Jean-Paul II de cette dernière : « l’incarnation
de l’Evangile dans les cultures autochtones, et en même temps l’introduction de
ces cultures dans la vie de l’Eglise » (p. 20).
Puis ils évoquent les mutations liées à
l’avènement du christianisme en regardant de près comment Jésus s’est situé
dans la culture de son époque et l’a transformée : sens de la justice, de
la personne, priorité donnée à la vie humaine, à l’écoute gratuite, à la bonté,
etc., autant de traits par lesquels les hommes sont invités à voir en lui le
Père et à Le suivre.
Les comportements des premiers chrétiens
dans leurs cités offrent « un modèle, un paradigme, de la rencontre de
l’Evangile et de l’Eglise avec des cultures nouvelles » (p.126).
Plutôt qu’un texte unique, ce sont
quatre évangiles qu’ils nous transmettent : « l’Eglise
chrétienne naissante réalisera peu à peu qu’en respectant ces différentes
approches, elle comprend mieux la richesse cachée de la vie et des paroles de
Jésus » (p.136). En se répandant dans le monde entier, cet Evangile a
toujours suscité des débats, des confrontations, des conflits, car « l’accueil
d’une forme culturelle nouvelle dérange des habitudes, une certaine façon de
voir, un certain ordre établi » : « l’inculturation de
l’Evangile n’est jamais achevée, jamais évidente et potentiellement
conflictuelle »(p.138). Et de rappeler très
opportunément que Thomas d’Aquin, cherchant à penser la foi chrétienne avec les
catégories d’Aristote, connut, lui aussi, la critique et la suspicion de ses
pairs.
La dernière partie de l’ouvrage revient au
monde contemporain et cherche à tirer les leçons de cette histoire
chrétienne : annoncer le Christ, c’est entrer en dialogue avec nos
contemporains, vivre son message dans la culture de notre temps, car « la
culture est ce par quoi l’homme en tant qu’homme devient davantage homme.
(…) Dans l’unité de la culture comme mode propre de l’existence humaine,
s’enracine en même temps la pluralité des cultures au sein de laquelle l’homme
vit » (Jean-Paul II, discours à l’Unesco, 2 juin 1983, cité p. 141).
La méditation finale sur l’Apocalypse trace
quelques grandes lignes de conduite : redécouvrir le charisme de chacune
de nos Eglises et de chacun de ses membres, recourir au langage symbolique qui
« respecte chacun dans sa recherche, son questionnement, sa culture, sa
liberté » (p. 162), savoir écouter les cris de notre temps et enfanter
ensemble un nouveau monde, aimer comme Dieu avec colère car « Dieu aime
avec colère à cause de la présence du Mal » (p. 178).
Georges Decourt,
octobre 2008