HOUZIAUX Alain (dir.), COSTA-LASCOUX Jacqueline, LEVAÏ Ivan, LOMBARD Paul, Existe-t-il une spiritualité sans Dieu ?, 2006, Paris, Les éditions de l’Atelier

 

 

La collection Questions de vie des Editions de l’Atelier regroupe la vingtaine de conférences débats qu’a organisée le pasteur Alain Houziaux au Temple de l’Etoile à Paris.

 

La spiritualité serait-elle le synonyme de l’humanisme  ou une forme édulcorée de la foi ? Y aurait-il une spiritualité sans Dieu comme existerait une foi en Dieu sans spiritualité ? Vont donner leur opinion et leur témoignage trois personnes qui parlent de quête, d’expérience, d’intériorité, plutôt que de croyance, d’adhésion, de consentement ou d’abandon de soi.

« La spiritualité est une quête prenant sa source dans le manque, la nostalgie, la faille. Sa racine est donc une brèche que l’homme cherche à combler, soit par la découverte de Dieu, soit par celle de sa propre transcendance » (p.49). Et se penchant sur Rimbaud et Balthus, en voyant leurs tourments, un témoin en conclut : « avec ou sans Dieu, la spiritualité est un chemin de croix » (p.54.).

 

Plus précisément, « la spiritualité est une démarche complexe qui requiert autant un retour sur soi-même qu’une rencontre avec l’autre et le sens d’un ailleurs, lointain et infini. Et ce triple mouvement de la pensée et des sens, de la raison et de l’intuition, n’est pas le privilège des croyants » (p.77). Elle est même jugée plus exigeante qu’une croyance en une deuxième chance que donnerait l’au-delà : « une spiritualité sans Dieu est un humanisme exigeant qui ne fixe aucune limite à l’exploration du monde et qui prône une éthique de la vie en vertu de laquelle la responsabilité est sans indulgence possible, sans rachat possible dans un au-delà lointain » (p.89).

 

Si ce jugement n’est pas forcément partagé, en revanche les auteurs semblent s’accorder à penser que « personne, aucune église, aucune école philosophique, aucune religion n’a le monopole de la spiritualité. La spiritualité est universelle, elle appartient à l’homme, et fait partie de l’essence même de l’homme. Pour moi, la spiritualité est un humanisme. Par conséquent, tout le monde a vocation à s’emparer de ce mot (spiritualité), parce qu’il fait partie intégrante de notre moi profond » (p.93). 

 

Petit livre, de style oral, facile à lire, qui ouvre l’esprit et nous invite à nous interroger sur la qualité spirituelle de notre vie de foi chrétienne ecclésiale.

 

Georges Decourt, novembre 2008