LES BUREAUX D’ETUDES DIOCESAINS

 

 

 

Pour mener ses enquêtes, le chanoine BOULARD associait à ses équipes d’enquêteurs des chrétiens militants au sein d’une Commission diocésaine. Certaines de ces commissions devinrent, après les enquêtes, des Bureaux permanents d’études dans les diocèses qui le souhaitèrent.

 

 

C.R.E.S.R.

 

J.VERSCHEURE crée à Lille le Centre Régional d’Etudes Socio-Religieuses (C.R.E.S.R.) qui concerne les diocèses de Lille, Arras, Cambrai (L.A.C.). Ce centre, composé de sociologues professionnels, répond aux commandes des services et responsables du L.A.C. Dans le diocèse de Cambrai, une Commission de sociologie est chargée des relations avec le C.R.E.S.R. Elle définit les études à entreprendre et les enquêtes à réaliser : elle est composée de 14 prêtres et laïcs engagés dans la pastorale.

 

Les résultats de certaines enquêtes ne furent pas compris par ceux qui les avaient commandées et refusés par des agents pastoraux qui voyaient là une contestation de leur propre démarche. Par exemple, une enquête montrait l’attachement de certaines populations à des comportements religieux que des équipes pastorales voulaient changer. Le C.R.E.S.R. mesurait ainsi la résistance des mentalités au changement, alors que des agents pastoraux lisaient une approbation par les sociologues de ces comportements, contestant les méthodes sociologiques et attribuant aux sociologues des options pastorales.

 

Certains travaux n’étaient pas utilisés. Bientôt la charge financière du centre, dont les travaux diminuaient et devenaient inutiles, fut jugée trop lourde pour les diocèses et le centre cessa d’exister. En 1987 le centre est dissous.

 

 

OR.MA.VI.R.

 

Sous la responsabilité de F.CHARPIN, l’Observatoire Régional Marseillais de la Vie Religieuse (OR.MA.VI.R.)., constituée en association selon la loi 1901, comprend les diocèses catholiques de la région apostolique de Marseille, des districts consistoriaux d’Eglises issues de la Réforme, ainsi que des personnalités civiles et religieuses.

 

L’Observatoire collecte les informations civiles et religieuses, en examine l’évolution et en donne des interprétations. Il publie un bulletin trimestriel. Il procède ou fait procéder à toutes études dans le domaine des sciences humaines susceptibles soit de contribuer à la connaissance des comportements religieux soit d’être utiles aux organismes confessionnels. Il met éventuellement ses services à la disposition d’organismes non confessionnels s’intéressant au sens de l’homme dans la vie sociale.

 

L’Observatoire est organisé autour du Service Diocésain d’Etude Socio-religieuse de Marseille, chargé de la collecte d’informations et d’enquêtes ponctuelles.

 

La diversité des financeurs garantit une certaine stabilité à cette structure. Sa publication permet la confrontation des recherches avec le milieu sociologique et la sensibilisation de divers publics à ce type de travail.

 

 

Correspondants diocésains

 

Dans plusieurs diocèses (Nantes, Bordeaux, Lyon…), des personnes qui ont participé aux enquêtes Boulard, continuent de s’intéresser aux données statistiques. Elles sont par ailleurs chargées de la formation, de la chancellerie ou de cours en Institut Catholique (par exemple R.DAILLE à Lyon). Les administrations diocésaines font appel à elles pour dresser les statistiques a destination du Vatican et de la Préfecture.

 

 

La disparition de ces bureaux d’études sociologiques

 

Pour être fiables, les travaux de ces structures doivent répondre à un double intérêt : scientifique et pastoral.

 

L’intérêt scientifique est apprécié par les milieux sociologiques, avec lesquels ces structures doivent travailler (colloque, publication, enseignement, etc.).

 

L’intérêt pastoral suppose une commande précise et la possibilité d’utiliser les rapports fournis.

 

Ici se retrouve le problème que rencontre tout bureau d’études avec ses commanditaires : comment ajuster commande et utilisation des résultats ? En effet, s’il y a conformité entre les hypothèses sous-jacentes à la commande et les résultats produits, le travail sociologique a des chances d’être apprécié et poursuivi. S’il y a divergence, un risque d’incompréhension peut apparaître. L’intuition pastorale peut se heurter à des résultats contraires aux espérances et la recherche tourne court faute d’utilisation au moment précis où elle s’avère nécessaire. Elle est alors frappée d’inutilité pastorale.

 

La sociologie pastorale navigue donc entre deux écueils : la recherche théorique peu applicable à la pastorale et la justification des options pastorales sans prise de recul.

 

Les bureaux d’études diocésains ont été plus ou moins absorbés soit par l’institution universitaire soit par un mouvement apostolique. Ils n’ont pas réussi à garder leur indépendance. Les études de sociologie pastorale ont progressivement disparu pour ressurgir sous forme de mémoires, notes de recherche et thèses en sciences sociales (histoire, psychologie, sociologie, anthropologie…) dans des Universités d’Etat.

 

 

G.Decourt