ORGANISATION DE L’EGLISE DIOCESAINE

 

Intervention à la journée de formation de la Presse Catholique,

organisée à Paris le 20 octobre 2005,

par la Fédération Française de la Presse Catholique

 

 

 

Je vais essayer de décrire de deux manières la vie d’une Eglise diocésaine :

-         d’une part en rappelant ce qui est prescrit (le droit écrit) : qui doit faire quoi.

-         d’autre part en décrivant ce qui est pratiqué (les usages) : ce qui se fait .

 

Et je le ferai en abordant 6 domaines :

  1. l’organisation selon les trois pouvoirs structurant tout groupe social,
  2. l’organisation des Conseils qui entourent l’Evêque,
  3. l’organisation de l’administration diocésaine,
  4. l’organisation territoriale,
  5. l’organisation selon d’autres modes de fonctionnements ecclésiaux que celui d’un diocèse,
  6. l’organisation locale :

-         d’une part, l’adaptation de la loi ecclésiale à la situation française,

-         d’autre part, les procédures diocésaines, qui constituent le Droit diocésain.

 

Le Droit canon de 1983 définit le diocèse comme « la portion du peuple de Dieu confiée à un Evêque, pour qu’il en soit, avec la coopération du presbyterium, le pasteur ».

-         Il n’y a pas de dimension territoriale dans cette définition.

-         Il est exprimé un lien fort de l’Evêque avec les prêtres.

-         Il y a une définition du diocèse par rapport à l’Evêque.

 

 

1.     Les pouvoirs de l’Evêque diocésain

 

 

1.1. Pouvoir législatif

 

Seul l’Evêque diocésain prend des décisions dans l’Eglise particulière qu’est son diocèse :

-         il promulgue pour son diocèse les décisions de l’Eglise universelle (comme la réforme liturgique de Vatican II),

-         il rédige des décrets (synodaux, épiscopaux).

 

 

1.2. Pouvoir exécutif

 

L’Evêque diocésain fait appliquer ses décisions par lui-même ou par ses Vicaires qui possèdent, à cet effet, l’autorité de l’Evêque, « ne font qu’un avec lui ».

 

L’Exécutif se nomme l’Ordinaire, il est composé de l’Evêque, de son Vicaire général et des Vicaires épiscopaux. Ces Vicaires n’ont de pouvoir que par la volonté de l’Evêque siégeant. Ce sont des prêtres.

 

On appelle Curie diocésaine l’ensemble des personnes qui aident l’Evêque à gouverner : dans la direction de l’action pastorale (sanctifier le Peuple de Dieu & annoncer la Parole de Dieu), l’administration des actes (sacramentels, prédicatifs, etc.) et l’exercice du pouvoir judiciaire.

 

Vicaire général

Il est obligatoire.

Il a autorité dans tout le diocèse.

Dans les grands diocèses il peut y en avoir plusieurs.

 

Vicaire épiscopal

Il est facultatif.

Il a autorité dans le domaine qui lui est confié par l’Evêque :

-         Territoire : archidiaconé, zone…,

-         Secteur d’activités : vie consacrée, liturgie, formation,…

 

 

1.3. Pouvoir judiciaire

 

L’Evêque diocésain juge de la bonne application des actes (sacrements, gouvernement…)

-         par lui-même,

-         ou, plus généralement, par son Vicaire judiciaire.

 

Vicaire judiciaire ou Official

Il juge au nom de l’Evêque,

Il est assisté de juges,

Il dirige l’organisation judiciaire, appelée Officialité, aujourd’hui inter-diocésaine.

 

Conseil de médiation

Il est composé de prêtres (et de laïcs).

Il règle les conflits entre les personnes et la Curie diocésaine, avant d’aller en justice ecclésiastique ou civile.

 

 

2. Les Conseils de l’Evêque

 

 

Seul à décider, l’Evêque n’est pas seul dans sa décision.

L’Evêque est entouré de conseils (obligatoires) et s’entoure de conseils (facultatifs)

 

2.1. Conseil presbytéral

 

Il est obligatoire.

Il est composé de prêtres, les uns élus par les prêtres et d’autres désignés par l’Evêque.

Il constitue « comme le sénat de l’évêque ».

Il ne peut pas se réunir lors de la vacance du siège épiscopal.

Son avis est requis (consultatif) en certains domaines (comme le changement de structures paroissiales, la fixation de taxes diocésaines).

 

2.2. Collège des consulteurs

 

Il est obligatoire.

Il est composé de membres du Conseil presbytéral, donc de prêtres, choisis par l’Evêque.

Son accord est requis pour des aliénations de biens ecclésiastiques de plus de 140 000 euros (l’accord de Rome est requis pour plus de 1 400 000 euros). Ces chiffres sont réactualisés régulièrement.

Son avis est requis pour la gestion ordinaire.

Il nomme l’Administrateur diocésain lors de la vacance du siège épiscopal.

 

2.3. Conseil Diocésain des Affaires économiques

 

Il est obligatoire.

Il est composé d’experts en droit et économie, prêtres ou laïcs, choisis par l’Evêque.

Son accord requis pour des aliénations de biens de plus de 140 000 euros.

Son avis est requis pour la gestion ordinaire.

Il a deux fonctions principales selon le Droit Canon :

-         établir le budget diocésain,

-         donner des instructions à l’Econome diocésain.

 

 

2.4. Conseil épiscopal

 

Il est facultatif.

Il est composé souvent des Vicaires exécutifs et d’autres personnes désignées par l’Evêque.

Le Conseil épiscopal, par la fréquence, souvent hebdomadaire, de ses réunions, et par sa composition, est, de fait, l’instance de conseil la plus proche de l’évêque.

Il est le lieu d’élaboration de la décision épiscopale, et, selon les personnalités en présence, il est un lieu de confrontation, de consensus, de proposition, d’information…

Il est souvent considéré comme le lieu de pouvoir par ceux qui n’en sont pas membres.

 

2.5. Conseil diocésain de pastorale

 

Il est facultatif.

Il représente les forces vives d’un diocèse

Son organisation (composition, convocation…) dépend de l’Evêque.

 

2.6. Autres conseils diocésains

 

Selon les diocèses il peut exister d’autres conseils : Diaconat, Vie consacrée, Mission ouvrière, etc.

 

 

Deux problèmes :

 

1.      La représentativité dans l’Eglise catholique

 

Du fait que la loi ecclésiale désigne les prêtres comme les collaborateurs de l’Evêque, et que les prêtres (dans l’Eglise « latine ») ne sont que des hommes célibataires, on a cherché à élargir le champ des collaborateurs de l’Evêque en nommant des laïcs, femmes ou hommes mariés, à des instances de conseil comme le Conseil épiscopal, ou à d’autres types de conseils, qui dès lors prennent une importance plus grande aux yeux des gens que le Conseil presbytéral lui-même, qui est pourtant « comme le sénat de l’évêque ». En effet, le Conseil presbytéral n’apparaît pas comme représentatif de la portion du Peuple de Dieu qu’est un diocèse. Aussi a-t-on imaginé des conseils représentatifs.

 

 

2. La notion de conseil dans l’Eglise

 

Avant le Concile Vatican II, l’Exécutif diocésain était assez puissant et le recours des curés contre une décision épiscopale qu’ils estimaient arbitraire plus fréquent qu’aujourd’hui dans certains diocèses.

Avec le Concile de Vatican II on a vu des évêques débattre entre eux puis voter. Ce type de fonctionnement dit « démocratique » est monté en puissance.

En France, les évêques ont écrit au début des années 70 un texte intitulé « Tous responsables ». Le fonctionnement des paroisses, avec un Conseil pastoral, s’inscrit dans cette ligne.

Le Conseil épiscopal est apparu souvent comme le lieu de délibération (débat suivi de décision).

Or, conseiller ce n’est pas décider.

 

 

3. Administration diocésaine

 

 

Chancelier

Il est obligatoire.

Il rédige les actes de la Curie, les expédie, les archive.

Il contre-signe les actes à portée juridique pour asseoir leur validité.

Il est assisté de « notaires ».

Il reste en place durant la vacance du siège épiscopal pour assurer la continuité des actes administratifs.

 

 

Econome diocésain

Il est obligatoire.

Il administre les biens diocésains par délégation de l’Evêque diocésain.

Il reste en place durant la vacance du siège épiscopal pour assurer la continuité des actes économiques.

Il exécute le budget diocésain établi par le Conseil des affaires économiques.

Il reçoit ses instructions de ce même Conseil.

 

 

Services pastoraux

 

Ce sont les services pour l’enseignement, la liturgie, le catéchuménat, la mission universelle, les artistes, l’information, etc.

Certains de ces services sont dirigés par des Délégués, épiscopaux ou diocésains, qui sont prêtres, diacres ou laïcs.

Leur organisation montre l’action pastorale d’un diocèse et relève du droit diocésain, en relation avec l’organisation de la Conférence des Evêques de France et des Dicastères romains.

 

 

Délégué diocésain au diaconat

Il est facultatif.

Il assure le lien entre l’Evêque et les diacres.

 

Délégué diocésain à la vie consacrée

Il est facultatif.

Il assure le lien entre l’Evêque et les congrégations religieuses.

 

Délégué diocésain à l’apostolat des laïcs

Il est facultatif.

Il assure le lien entre l’Evêque et les mouvements, les associations de fidèles, etc., entre autres par la proposition d’aumôniers.

 

Commissions

Il peut exister diverses commissions : pour les nominations, les animateurs laïcs en pastorale, etc.

 

 

 

4. Organisation territoriale

 

 

Paroisse

 

C’est une « communauté de fidèles… stable… confiée au curé comme à son pasteur propre ».

-         Ce n’est pas une définition territoriale.

-         Elle lie la paroisse à son curé.

-         Elle ressemble à la définition d’un diocèse.

La paroisse a une personnalité juridique canonique.

Depuis le Concile de Vatican II, la paroisse n’est plus considérée comme « Eglise particulière » : c’est désormais le diocèse.

 

Curé

Il a charge d’âmes (« cura animarum »).

Il est assisté ou non de vicaires.

Il est aidé par :

·        un Conseil paroissial des affaires économiques, qui est obligatoire,

·        un Conseil paroissial de pastorale, qui est facultatif,

·        une Equipe d’animation paroissiale, qui est facultative.

Il peut être nommé in solidum :

Le curé jusqu’en 1983 était inamovible. Depuis, il reçoit une mission temporaire dont la durée est définie par le Droit diocésain.

 

Doyenné, archiprêtré, secteur…

 

Ces termes définissent des regroupements de paroisses.

Ces regroupements sont animés par un prêtre qui a une fonction de « Vicaire forain » : il assure les relations entre paroisses, organise les remplacements momentanés des prêtres, etc.).

 

Archidiaconé ou zone

 

Ces termes définissent des regroupements de doyennés, secteurs…

Ils sont placés sous la responsabilité d’un Vicaire exécutif.

 

 

 

 

Province ecclésiastique

 

C’est un regroupement de diocèses, qui, depuis juin 2003, suit en France le découpage des Régions administratives (en remplacement des anciennes Régions ecclésiastiques).

La Province est placée sous l’autorité d’un Archevêque métropolitain, qui est l’archevêque du siège de la Province depuis juin 2003 (il n’y a donc plus d’élection du responsable de Province).

 

Conférences des Evêques

 

Ce sont des organisations de concertation des Evêques au niveau d’une nation, d’un continent, promues par le Concile de Vatican II.

 

Problème

L’Eglise catholique n’a pas partout un caractère national.

Le caractère continental n’est pas évident partout.

La Conférence des Evêques du Pacifique, par exemple, regroupe des Evêques de France et d’autres nations.

Il existe des conférences selon les langues parlées.

Il peut exister aussi des synodes interdiocésains.

 

 

Cardinal

 

C’est une fonction personnelle, attachée à la personne du Pape, Evêque de Rome.

Un Cardinal a trois principales fonctions : il est l’un des conseillers du Pape, l’un des administrateurs de l’Eglise catholique lors de la vacance du siège de Rome, l’un des électeurs du Pape.

 

Problème

Les cardinaux conseillent le Pape ou l’élisent en tant qu’Evêque du diocèse de Rome. C’est pourquoi ils sont cardinaux « romains », titulaires de paroisses du diocèse de Rome, sans en être curé. C’est une fiction.

L’Evêque de Rome est le seul Evêque diocésain élu par ses pairs.

Comme il a une charge universelle, son élection concerne toutes les Eglises particulières. C’est pourquoi le Collège des cardinaux tend à devenir représentatif de la diversité de l’Eglise.

La représentativité du Collège des cardinaux est l’illustration de la tension entre le caractère universel de l’Eglise catholique et son caractère local, particulier, avec ce principe ecclésiologique majeur : Toute l’Eglise est dans l’Eglise locale. L’Eglise locale n’est pas toute l’Eglise.

 

 

5. Autres modes de fonctionnements ecclésiaux

 

 

Evêque auxiliaire

Il est facultatif.

Il est adjoint de l’Evêque diocésain.

 

Problème

Il y a davantage d’évêques qu’il n’y a de diocèses. En vertu du principe ecclésiologique « pas d’Eglise sans évêque, pas d’évêque sans Eglise », les évêques sans résidence (sans diocèse) sont titulaires d’un diocèse sans communauté catholique (Afrique du Nord, Asie mineure…).

 

Evêque coadjuteur

Il est facultatif.

Il est adjoint de l’Evêque diocésain et jouit du droit de succession de l’Evêque diocésain.

 

 

Synode diocésain

 

Il est facultatif et temporaire.

Il est convoqué par l’Evêque diocésain.

C’est comme un Conseil de pastorale exceptionnel avec une forte mobilisation de tous les diocésains.

 

Chapitre des Chanoines

 

Ce sont les prêtres  liés à l’office quotidien à la Cathédrale.

Le Chapitre a perdu la plupart de ses prérogatives depuis 1983 et l’instauration de Conseil presbytéral.

 

Congrégation religieuse

 

Dans les congrégations religieuses, il y a séparation des pouvoirs :

-         généralement le chapitre fait la loi (« on a voix au chapitre »),

-         le supérieur et ses assistants exécutent les décisions prises au chapitre,

-         le jugement sur la bonne application des décisions s’exerce au prochain chapitre (on renouvelle ou non leur mandat), sauf cas grave.

 

Association de fidèles

 

C’est une innovation du Droit Canon de 1983 qui rappelle le devoir de tout baptisé de témoigner de sa foi de manière individuelle ou collective.

Une fois reconnues ou admises par l’Evêque diocésain, ces associations ont une autonomie de fonctionnement, avec des élections, parfois un statut d’exception pour leurs fondateurs, etc.

S’il n’y a rien contre la foi et les moeurs, les communautés implantées dans un diocèse sont assez libres en interne.

Si elles ont une activité pastorale, elles relèvent pour cela de l’autorité diocésaine.

L’Evêque a vis-à-vis d’elles un pouvoir d’incitation, de conseil, mais pas directement de décision.

 

Mouvement apostolique

 

Une fois reconnus, avec ou sans mandat épiscopal comme pour l’Action Catholique, les Mouvements ont leur propre mode de fonctionnement, avec des aumôniers, prêtres ou pas, des conseillers spirituels ou pas, qu’ils choisissent ou qu’ils demandent à l’Evêque.

Si l’Evêque a des priorités pastorales, ils privilégient tel type de groupe.

S’il veut le pluralisme, il cherche à faire cohabiter des options parfois opposées.

S’il a une stratégie pastorale précise, il autorise certains et en écartent d’autres de son diocèse.

 

 

 

6. Loi ecclésiale et lois locales

 

6.1. Situation française

 

L’Eglise catholique obéit à deux types de législation :

-         la loi ecclésiale universelle (Droit Canon 1983),

-         la loi locale, différente selon chaque pays.

 

La situation française fait figure d’exception dans la mesure où depuis la loi de 1905 il y a séparation de l’Etat et des religions. Cette loi prévoyait l’instauration d’associations cultuelles pour gérer l’organisation des Eglises. L’Eglise Réformée adopta le principe d’une association cultuelle par paroisse. Les Evêques catholiques refusèrent l’application de cette loi. Une autre loi prévoyait l’organisation des congrégations religieuses.

 

 

Association diocésaine

 

Par un accord entre le Saint-Siège et l’Etat français, en 1923, il fut convenu d’une association cultuelle par diocèse, présidée par l’Evêque diocésain. Les premières associations diocésaines furent instaurées en 1924.

 

Problème

 Il  y  a  une seule association cultuelle par diocèse et non pas une par paroisse, alors même que la paroisse a une personnalité juridique selon la loi ecclésiale (Droit Canon). Ce sont donc des associations locales (civiles) qui sont propriétaires des biens paroissiaux la plupart du temps, ou, au mieux, des établissements locaux de l’association diocésaine.

En effet, on n’a pas inclus tous les biens ecclésiastiques (on entend par « bien ecclésiastique » tout bien qui concourt à la vie de l’Eglise) dans cette structure diocésaine pour deux raisons :

 

-         la crainte de voir tous les biens d’Eglise à nouveau spoliés par l’Etat,

-         la crainte des paroisses de voir l’Evêque diocésain et son administration utiliser les biens paroissiaux sans concertation.

 

 

Associations paroissiales

 

Ce sont des associations loi 1901 souvent, et non loi 1905 ou 1924, instaurées après 1905, qui continuent de gérer les biens ecclésiastiques locaux selon les règles des lois associatives : élection des administrateurs, etc.

 

Problème

Ces associations, il y a parfois aussi des sociétés immobilières, ne gèrent pas forcément selon les orientations épiscopales diocésaines. Ces biens ecclésiastiques échappent donc, de fait, à la juridiction canonique de l’Evêque.

Il y a là des risques de conflits locaux :

-         le curé, pasteur de la paroisse, est parfois convoqué par le président de l’association paroissiale, qui se considère comme le président laïc de la paroisse,

-         le curé avec son équipe pastorale et les membres de l’association peuvent diverger sur la mise en œuvre des moyens de la pastorale,

-         le curé peut parfois passer outre les règles  associatives pour administrer un bien de l’association paroissiale.

 

Conseil de fabrique

 

C’est une instance de gestion de la paroisse en France sous le régime concordataire, qui concerne les départements de l’Alsace et de la Lorraine.

 

 

Emplois d’Eglise

 

Prêtres

Les prêtres catholiques en France n’ont pas de statut civil. C’est une situation unique dans l’Union Européenne.

L’INSEE identifie le prêtre catholique comme entreprise individuelle, avec un numéro de SIRENE et le code APE des organisations religieuses, à revenu non commercial non professionnel. Il identifie la paroisse comme établissement sans but lucratif, à finalité philanthropique, de forme mutuelle.

 

Laïcs

Les laïcs sont des salariés, dont la gestion obéit au Code du travail français.

L’employeur peut être un organisme diocésain de forme associative (école, service…) ou l’association diocésaine.

Le salarié bénéficie de la protection sociale ordinaire et des recours individuels et collectifs prévus par le droit social.

Sa représentation auprès de l’employeur est organisée selon les lois du 4 août 1982.

 

Problème

La nomination de laïcs dépend de deux types d’autorité : le pasteur pour la mission, l’employeur pour le contrat de travail.

La mission est généralement confiée pour un temps déterminé (3 ou 6 ans), alors que le contrat de travail est à durée indéterminé.

Souvent il y a mauvaise coordination entre ces deux domaines et un double risque : paralyser l’action pastorale ou ignorer le droit social.

 

 

 

6.2. Procédures de gestion pastorale

 

 

Un certain nombre de diocèses ont des guides pratiques, des vademecum, des livrets synodaux, etc., qui constituent le Droit ecclésial diocésain et fixe quelques règles de conduite, des procédures en divers domaines.

 

Gestion du personnel

Des salariés ont pour employeur l’association diocésaine, ou une école, ou une paroisse, etc. Il existe une grande variété de statuts.

On ne sait pas toujours précisément le nombre de personnes salariées au service d’un diocèse, ni exactement le coût salarial global. La complexité institutionnelle (des modes de fonctionnement différents) rend la consolidation des budgets difficile.

D’où, un soupçon, ressenti parfois à l’extérieur, sur la rigueur de la gestion diocésaine, même si chaque structure est en soi bien gérée.

 

Gestion financière

Seule l’association diocésaine est habilitée par la loi de 1924 à revoir des dons et legs pour le culte. Or d’autres instances, associatives (loi 1901) ou sans existence légale (paroisse) reçoivent des dons (offrandes, quêtes…).

D’où, l’impression, perçue à l’extérieur, de ne pas savoir exactement les sommes en jeu, d’avoir un budget qui ne correspond pas aux réalités.

 

Gestion immobilière

Il y a des congrégations, des écoles, des associations, des paroisses, etc. Les liens entre ces structures et avec l’autorité diocésaine ne sont pas toujours des liens de coopération, car elles ont des modes de fonctionnement disparates.

D’où le sentiment, perçu l’extérieur, d’un certain désordre, en contraste avec les idées reçues sur l’uniformité et l’organisation pyramidale du catholicisme.

 

Gestion des informations

Un diocèse est un univers éclaté : les prêtres sont dans des lieux de travail très dispersés. Quelques unités sont concentrées : maison diocésaine, évêché…, où les informations sont censées circuler plus vite.

Les informations en fait passent plutôt par des réseaux constitués : groupes d’amis, repas, anciens de telle institution, personnes de la même mouvance, etc.

Selon la personnalité du responsable de l’information (prêtre diocésain ou non, prêtre ou laïc, un peu âgé ou très « branché ») l’information circule beaucoup ou est stockée.

D’où, toujours,  l’impression, perçue de l’extérieur, d’un milieu parcouru de rumeurs.

 

 

Gestion de la décision

Le circuit de la décision, dans un diocèse, est souvent lent et complexe, car l’Evêque s’entoure généralement de nombreux conseils, et a souvent une gestion prudentielle de l’activité pastorale.

Il y a parfois de la difficulté à percevoir où l’on en est dans ce processus de décision au sein d’un diocèse :

-         il n’existe pas de tracé du parcours à suivre, il y a peu de procédures écrites,

-         l’enregistrement de la décision épiscopale  n’est pas toujours très strict,

-         il existe peu de contrôle de l’application des décisions.

On n’a guère de tableaux de bord de suivi des actions. Les tableaux de bord financiers, quand ils existent, ne correspondent pas toujours à l’action pastorale réelle, et ne peuvent donc servir d’outil de gestion adapté à l’action pastorale.

D’où, l’impression,  ressentie à l’extérieur mais aussi vécue en interne aussi,  d’un grand flou et d’une certaine improvisation.

 

 

Des variables locales

 

L’organigramme prévu par la loi ecclésiale est généralement respecté, mais son fonctionnement dépend de plusieurs facteurs :

-         la géographie des diocèses (s’il est grand, petit, diversifié, unifié),

-         le nombre de prêtres (selon qu’il est élevé, réduit),

-         la composition du presbyterium (selon la part des religieux, des diocésains et des prêtres attachés à des associations de fidèles, selon la pyramide des âges…)

-         le profil des personnes (selon l’âge, la formation, etc.).

 

Il y a parfois des fonctions assurées par la même personne. Il peut arriver que certains cumuls :

-         soient difficiles à vivre, comme, par exemple, être conseiller l’Evêque dans sa décision et devoir appliquer les décisions de l’Evêque : en cas d’absence d’accord il y a soit crise intérieure à l’individu, soit paralysie de la décision épiscopale, soit emprise des personnes de l’exécutif sur la personne du décideur qu’est l’Evêque, etc.,

-         deviennent incompatibles, comme, par exemple, un membre du Conseil des affaires économiques, qui formulerait donc des instructions à l’Econome, et qui serait en même temps le proche collaborateur de l’Econome, ou un prêtre consulteur, qui serait aussi conseiller de l’Evêque ou son Vicaire exécutif et pourrait être amené à refuser une proposition de l’Evêque,

-         modifient la nature d’une fonction, comme, par exemple, un Econome diocésain qui serait Vicaire épiscopal, et amené donc à combiner directives de son Evêque et instructions du Conseil des affaires économiques.

 

 

Conclusions

 

Je devais essayer de décrire de deux manières la vie d’une Eglise diocésaine :

-         d’une part en rappelant ce qui est prescrit (le droit écrit) : qui doit faire quoi.

-         d’autre part en décrivant ce qui est pratiqué (les usages) : ce qui se fait .

 

Nous avons déjà noté quelques distorsions entre le Droit universel et la réalité ecclésiale concrète. Il existe aussi des problèmes de gestion spécifiques aux diocèses de France, dus à la situation juridique de l’Eglise catholique, d’une part, à la situation actuelle des communautés, d’autre part.

 

On le constate : il y a donc un écart entre le Prescrit, le droit écrit qui dit qui doit faire quoi, et le Vécu, les usages.

Cet écart ne dénote pas forcément un dysfonctionnement négatif.

Il est parfois le signe de la vitalité des communautés qui, pour vivre leur foi au Christ, cherchent des solutions en toutes circonstances et ne restent pas inertes.

Cela peut amener un jour l’autorité à faire des rappels à l’ordre, mais aussi à envisager des réformes. C’est l’objet des synodes, de vademecum dans plusieurs diocèses.

C’est l’illustration des principes ecclésiologiques déjà mentionnés : l’Eglise catholique est universelle et particulière.

Son organisation comme son fonctionnement essaient de mettre en œuvre ces deux caractéristiques avec plus ou moins de bonheur selon les époques, les lieux et les mentalités.