session
de formation des Jeunes Prêtres (JP) Région apostolique Centre-Est
1975
Dans le document préparatoire à la session de 1975
des « Jeunes Prêtres » (ordonnés depuis moins de 10 ans) de la Région
apostolique Centre-Est, il est fait allusion à l’inquiétude ressentie à cette
époque par les gens, dont les réactions se partagent entre :
-
ceux qui cherchent
le salut dans l’irrationnel ou le mystique pur, avec le yoga, la
parapsychologie, la drogue, la « prière
en langues », la secte, la violence…,
-
ceux qui préfèrent
l’action concrète, politique ou sociale, le militantisme, les responsabilités professionnelles…,
-
ceux qui
recherchent un refuge dans une vie à la campagne, des études, une petite
communauté, une équipe de vie, une activité tranquille….
Se
situant parmi ceux qui « préfèrent
l’action concrète », ces JP s’interrogent : « les
expériences de libération que nous vivons ; l'expression de cette libération et
de la Foi ; comment sommes-nous des éveilleurs de la Foi au cœur de ces luttes
? »
Dans l’Eglise, le terme de « libération » est employé dans des acceptions assez larges. Il
désigne des luttes politiques menées par des chrétiens contre des dictatures
militaires ou des régimes soviétiques, des luttes de mouvements catholiques
d’étudiants ou d’ouvriers dans des pays démocratiques, des luttes contre des
idéologies religieuses, etc. Les questions posées dans ces différents cas
demeurent :
-
d’une part, celle des relations
entre l’action et la foi, entre l’action sociale, politique ou syndicale et la
prière ou la spiritualité,
-
d’autre part, celle des relations
entre personne et communauté, entre liberté individuelle et libertés publiques,
entre citoyen et Etat.
Selon les réponses données à ces interrogations, des
chrétiens participeront à des actions violentes pour libérer leur pays et en
chasser les maîtres, justifieront le recours des autres à cette violence,
opposeront le caractère sacré de la personne aux politiques ou aux raisons
d’Etat, parleront de lutte contre les « péchés du
monde » que sont l’oppression, l’exploitation, la misère,
l’égoïsme des peuples, etc.
Pour beaucoup l’Eglise est « la
voix des sans-voix ». L’épiscopat français
édite des notes de « rappel à l’ordre évangélique ». Dom Helder Camara, « le
libérateur des pauvres », est souvent invité à venir
en Europe donner des conférences pour expliquer sa pensée et son action.
Des théologiens intègrent la dimension pratique, l’action
sociale au sens large, dans leur réflexion sur les notions de salut et de
rédemption, en reprenant à leur compte, de manière plus ou moins radicale, par
exemple les apports de l’Action Catholique (c’est la « théologie
pastorale ») ou des communautés de base
sud-américaines (c’est la « théologie
politique »). On réédite des
ouvrages du Père Thivolier, parus vers 1950, sur Jésus « Le Libérateur » ; Gustavo Guttierez, soutient sa
thèse sur « la théologie de
la libération » à la Faculté
de théologie de Lyon.
Les chrétiens « critiques », « révolutionnaires », « marxistes »
ou « socialistes », discutent beaucoup entre eux
pour se distinguer les uns des autres, mais leurs débats concernent moins la
théorie, par exemple le rapport entre marxisme et christianisme, la distinction
entre marxisme et communisme, comme au temps de « Jeunesse d’Eglise » avec M.Montuclard ou de H.Desroches,
que le mode d’action politique, par exemple la pertinence d’une alliance entre
le Parti Socialiste et le Parti Communiste de la désobéissance civique, d’une
union des démocrates, etc.
DOCUMENTS
-
DECOURT Georges, 2008, « Ils gagnèrent le large », pp.55-59
g.decourt