élection
d’Amédée de Talaru
1415
Vu que l’évêque métropolitain doit être institué et ordonné
par ses suffragants, et d’après ce que nous avons fait, un décret peut être
produit en ces termes :
Aux révérendissimes pères et seigneurs évêques d’Autun,
Langres, Châlons-sur-Saône, Macon,
le Chapitre métropolitain de Lyon.
Pères, vous savez que, depuis le moment où, à la suite
de divers événements accidentels, notre sainte Eglise métropolitaine est
devenue veuve de son pasteur et privée de chef par le décès de seigneur
Philippe, dernier archevêque, de bonne mémoire, il est reconnu que c’est là une
perte non seulement pour nous mais aussi pour vous et tous ces diocèses, du
fait que la province métropolitaine est un souci commun.
C’est pourquoi, les convocations ayant été envoyées en
bonne et due forme suivant l’antique et louable coutume de notre Eglise
observée depuis bien longtemps, un accord ayant été trouvé aussitôt, sans
besoin de débat, de manière soudaine et immédiate, et sans opposition car nous
étions inspirés par le Saint-Esprit, nous le croyons fermement, nous avons
choisi seigneur A. de Thalaru, un homme vénérable et remarquable, éminent
docteur en dogmes, doyen de notre Eglise, membre de l’ordre sacré, très bien
connu de nous, de naissances légitimes, de nobles mœurs, pénétré de la
discipline apostolique et chrétienne, de foi catholique, de nature réfléchie,
ouvert, calme, de mœurs tempérées, d’une vie chaste, sobre, humble, affable,
miséricordieux, lettré, éduqué dans la loi de Dieu, prudent dans
l’interprétation des Ecritures, versé dans les dogmes ecclésiastiques,
comprenant avec bon sens la voie des Ecritures et de la Tradition, les règles
ecclésiastiques orthodoxes, les canons et décrets du siège apostolique et les
constitutions des évêques, enseignant et observant de saines recommandations,
accueillant avec empressement celui qui est fidèle à la doctrine enseignée,
secouant avec modération ceux qui s’immobilisent, l’emportant sur tous à
confondre et arrêter qui s’opposerait à la saine doctrine, hospitalier,
habitant une demeure discrète, disposé au bien, non néophyte, ayant reçu un bon
témoignage à chaque stade de son parcours, administrant selon la tradition
ecclésiastique, toujours prêt à faire de bonnes actions et à satisfaire qui lui
demande de rendre compte de ce qui l’anime.
Aussi donc, votre métropolitain étant décédé, pour
l’installation du futur métropolitain en cette cité métropole, selon les
décrets des saints pontifes et les décisions des conciles généraux, Vos
Révérendes Paternités doivent se rassembler ici-même pour l’établir à leur tête
et l’ordonner, et qu’ainsi s’accomplisse la justice chrétienne selon laquelle
le plus grand soit établi par les plus petits, ce qui n’est pas négligeable
puisque le Christ a été baptisé par Jean et présenté au temple à Syméon, et que
sans le ministère des plus petits le centre des Eglises, l’Eglise de Rome,
aurait été privée du glorieux passage à sa tête de Pierre.
C’est pourquoi tous ensemble nous demandons, cherchons,
prions que celui que nous avons choisi soit institué, promu, approuvé et
ordonné pontife, pour que, selon la règle, à la demande de Dieu, il s’établisse
à votre tête et à votre service, et que, nous, nous puissions sous sa direction
et dans de bonnes conditions combattre pour Dieu, parce que l’intégrité des
responsables c’est le salut des subordonnés, et, où est gardée l’obéissance, là
est gardée la saine doctrine.
Aussi, pour que vous reconnaissiez ce que nous avons
tous voulu dans cette élection et que chacun de vous nommément vous manifestiez
votre accord avec ce que nous avons tous voulu, et pour vous montrer que nous
sommes unanimes dans cette demande, ce décret canonique, d’une volonté claire
et unanime, est mis en forme officielle par seigneur Jean Pererii, un homme
distingué, chapelain perpétuel, notre secrétaire, notaire public par l’autorité
apostolique et impériale, sous sa signature et son écriture, selon les usages,
et nous le certifions par l’apposition du sceau de notre Eglise, apposition
unique.
Donné et acté en notre Chapitre, réuni au son de la cloche
à l’heure habituelle et coutumière, lors des vigiles du glorieux apôtre
bienheureux André, le vendredi 29 du mois de novembre, en l’année du Seigneur
1415, la 9ème année de l’indiction, le siège apostolique étant
vacant.
A ce Chapitre
étions présents, nous, Bartholomée de Bochalia, chamarier, Jean de l’Aubépin,
prévot de Fourvière en cette Eglise de Lyon, Giletus d’Albon, maître de chœur,
Geoffroy de Theliz, Henri d’Albon, Humbert de Varas, Hugon de Propières, Renaud
d’Albon, Antoine d’Ars, Ysuardus de Bron et Pierre de Trezetis, chanoines de
cette Eglise, membres siégeant du chapitre.
Etaient
présents les vénérables seigneurs Pierre Chivalerii, custode, Jean de Genas,
gardien du trésor, Guillaume Raerii et André Pererii, chapelains perpétuels de
notre Eglise, convoqués comme témoins de ce qui est écrit ci-dessus.
Moi Jean
Pererii déjà cité, etc.
NOTES
Indicione
IXa : l’indiction étant une période 15 ans
depuis 312, 1415 est la 9ème année de la 73ème indiction qui
commence en 1407 (=312 + (15x73))
DOCUMENTS
- Texte latin
o
GAUTHIER
Jules, 1888, Le
Missel et Pontifical d'Amédée de Talaru, archevêque de Lyon, Bibliothèque de l'Ecole des chartes,
n°49, pp. 350-367, pièce justificative n°1 avec ce titre en français :
Procès-verbal
de l’élection d’archevêque de Lyon faite par le chapitre métropolitain en
faveur du doyen Amédée de Talaru, 29 novembre 1415