Barthélemy Aneau
1505-1561
Barthélemy ANEAU naît
à Bourges en 1505.
Il se forme au
Collège puis à l’Université de cette ville où il obtient son doctorat en droit.
Il vient alors, à
Lyon, en 1529 ou 1533, comme professeur de rhétorique, « régent », au
Collège de la Trinité, administré par les échevins de la ville.
En 1540 le Collège
est en proie à des actes d’incivilité, d’indiscipline, de violence (un
professeur a été assassiné). Les échevins demandent à ANEAU de redresser la
maison et après avoir entendu ses intentions
(Formulaires et Institutions du
Collège de la Trinité de Lyon, document
daté du 5 mai 1540) le nomment Principal. Il refuse une répression qui
ferait du Collège une « geôle de
jeunesse captive » et propose une pédagogie moins scolaire. Il va choisir à Paris de nouveaux
professeurs, met en place un enseignement progressif qui respecte les capacités
des enfants selon leur âge, promeut l’enseignement du français pour les plus
petits et ensuite seulement l’enseignement des langues mortes, le grec en
premier, favorise l’expression par des représentations théâtrales de fin
d’année en français, éveille les jeunes à la musique, encourage le jeu et
l’exercice physique : il se situe ainsi dans la ligne des Humanistes du
siècle. Il n’y a pas d’enseignement religieux proprement dit, sinon par l’étude
des textes anciens.
Par ailleurs il est
correcteur à l’imprimerie Sébastien GRYPHE où il côtoie les auteurs édités à
Lyon.
En 1551 il quitte
Lyon pour Bourges, mais revient bientôt et travaille sur des traductions et
écrit des œuvres poétiques.
En 1558 on lui
demande à nouveau de reprendre les rênes du Collège de la Trinité avec le titre
de « principal-recteur ». Dans son contrat il est précisé qu’il est
interdit d’enseigner des doctrines censurées par l’Eglise, allusion aux idées
des Réformés, nombreux à Lyon.
Les milieux catholiques,
et les jésuites en particulier, lui reprochent ses idées modernes, dangereuses
pour la foi catholique, en particulier son approche néoplatonicienne et
syncrétique liée à la Prisca Theologia.
Suite à la tentative de réformés de se saisir de la ville dans la nuit du 4 au
5 septembre 1560, l’archevêque, le cardinal de TOURNON, demande aux échevins de
remplacer ANEAU par un jésuite, mais ceux-ci, et parmi eux des protestants,
refusent, considérant Barthélemy ANEAU comme « homme de bien, de bonnes lettres, savoir et expérience, religieux et
catholique ».
En 1561, à l’occasion
du geste d’un jeune profanateur, immédiatement jugé et exécuté, la foule s’en
prend à Barthélemy ANEAU et le lynche.
Considéré comme
réformé par certains catholiques et trop catholique par les réformés,
Barthélemy Aneau se veut un trait d’union (il joue sur son nom anulus) au sein des milieux
intellectuels lyonnais du milieu du XVIème siècle, où se croisent
des « humanistes » hommes de loi, poètes, artistes, imprimeurs,
ecclésiastiques… En effet dans la première moitié du XVIè siècle
séjourne à Lyon depuis 1523 l’imprimeur Sébastien GRYPHE qui fait travailler
comme correcteurs et édite RABELAIS arrivé à Lyon en 1532, Etienne DOLET et
Bonaventure DES PERIERS arrivés en 1534, Clément MAROT en 1536 ; vivent
aussi à Lyon depuis 1498 Symphorien CHAMPIER, médecin écrivain, Pierre TOLET,
autre médecin, depuis 1539, les poètes Guillaume GUEROULT depuis 1549 et
Charles FONTAINE que ANEAU a fait venir de Paris en 1540 ; sans oublier les
natifs de Lyon comme l’imprimeur Jean De TOURNES (1504), le peintre
illustrateur Bernard SALOMON (1505), et les poètes Maurice SCEVE (1500) ou
Louise LABE (1520). Lyon, proche de Genève comme de l’Italie, se trouve alors à
la confluence de modes et de courants d’expressions nouveaux. Ici « la Renaissance met en équation la
technique, la richesse et la pensée » (Marc LAMBRON, in Lyon humaniste, p.7).
Aneau, en exposant
les thèses de la Prisca
Theologia, prend place aux côtés
d’Erasme, de Budé, de Rabelais et de tant d’autres humanistes, qui ont tous
affirmé la présence d’une aspiration naturelle de l’homme vers Dieu, et décelé
dans chaque religion une manifestation de cet élan vers le divin. Tous ces hommes
ont été des esprits religieux, soucieux de paix et de tolérance, mais
indépendants et adogmatiques.
(BIOT, 1996, p.438)
ŒUVRES
(sélection parmi ses
12 œuvres propres, 9 traductions, 4 préfaces et 7 petits poèmes)
- traductions
o
Les Métamorphoses d’Ovide, 1545, avec
commentaires
o
Lettre à Valérian, de l’évêque saint
Eucher, 1552, mise en vers et dédiée au cardinal de Tournon
o
Emblèmes de Alciat, 1549,
avec commentaires
- rhétorique
o
Le Quintil horacien sur la Défense et illustration de la langue française de Joachim du
Bellay, publiée sous anonymat en 1550, puis édité sous son nom après sa mort
o
la
préface de la traduction de La République
d’Utopie de Thomas More, 1559
o
Les Métamorphoses d’Ovide, 1545,
o
Emblèmes de Alciat, 1549
- poésie
o
Les Décades de la
description, forme et vertu naturelle des animaux tant raisonnable que bruts, 1549
o
Juris Prudentia, 1551, poème en
latin
o
Picta Poesis, 1552, texte en
latin traduit en français sous le titre L’Imagination
poétique, 1552
o
Alector,
histoire fabuleuse, 1560, fable à connotation néoplatonicienne d’une
composition proche des écrits de Rabelais
- théâtre
o
Mystère de la
Nativité par personnages, 1539
o
Lyon
marchant. Satyre française sur la comparaison de Paris, Rohan, Lyon,
Orléans et sur les choses mémorables depuis l’an mille cinq cent vingt-quatre
sous Allégories et Enigmes, 1542, pièce jouée au Collège en 1541
o
Chant natal, 1539, théâtre
chanté avec sept chants de Noël
DOCUMENTS
-
COLLOMBET François Zénon, 1838, Un livre de Barthélemy Aneau, Revue du Lyonnais, pp.346-348 (à
propos de la Lettre d’Eucher à Valérian)
- BRASART-de GROËR
Georgette, 1957, Le Collège,
agent d’infiltration de la Réforme. Barthélemy Aneau au Collège de la Trinité,
in Aspects de la propagande religieuse,
pp.167-175
- MEERHOFF Kees, 1992, Rhétorique
néo-latine et culture vernaculaire. Les analyses textuelles de Barthélemy Aneau,
Etudes littéraires, 24/3, pp.63-85
- BIOT Brigitte, 1993, Barthélemy
Aneau, régent de la Renaissance lyonnaise, Bulletin de l’Association d’étude sur l’humanisme, la réforme et la
renaissance, n°36, pp.60-65
- SERVET Pierre, 1993, Barthélemy
Aneau lecteur de Rabelais ?, Etudes
rabelaisiennes, XXIX, pp.63-81
- BIOT Brigitte, 1996, Barthélemy Aneau, régent de la Renaissance lyonnaise
- Barthélemy Aneau et
le milieu intellectuel lyonnais au début du XVIè siècle, 1998, Bulletin de l’Association d’étude sur l’humanisme,
la réforme et la renaissance, n°47, actes de la journée d’étude du 8
novembre 1997, Université Lumière Lyon 2
- LAVOCAT Françoise, 2010, Mimesis, fiction, paradoxes, Méthodes, savoir, texte, n°10
- 2004, Lyon, l’humaniste. Depuis toujours, ville de
foi et de révoltes.
g.decourt