assurances sociales
diocésaines
1928
PARTIE
OFFICIELLE
A
PROPOS DES ASSURANCES SOCIALES
(Quelques
précisions)
En vue
de l'application de la loi sur les assurances sociales, nous avons annoncé la
création dans le diocèse de deux grandes société de secours mutuels familiales
— l'une pour le Rhône, l'autre pour la Loire — et nous avons promis d'apporter
à ce sujet des précisions et éclaircissements.
La
loi du 5 avril 1928 rend les assurances sociales obligatoires pour tous les
salariés dont les revenus annuels ne sont pas supérieurs à 15.000 francs quand
ils n'ont pas d'enfant à leur charge. Le chiffre-limite est porté à 18.000
francs s'ils ont un enfant de moins de seize ans avec augmentation de 2.000
francs pour chacun des autres enfants à leur charge. Ainsi, pour un salarié,
père de quatre enfants de moins de seize ans, le chiffre-limite sera de 24.000
francs.
Les
ressources des assurances sociales seront constituées par un versement égal à
10% du montant global des salaires ; 5% sont à la charge du salarié et 5%
à la charge de l'employeur. La cotisation du salaire sera retenue par
l'employeur au moins une fois par mois.
Les
non salariés, s'ils se trouvent dans les mêmes conditions que les salariés, au
double point de vue des gains annuels et des charges de famille, peuvent
s'assurer, mais n'y sont pas tenus.
Les
sociétés que nous fondons comprendront deux grandes catégories de membres
participants — les salariés et les non salariés.
Lors
de la mise en application de la loi, les patrons et employeurs seront pour les
salariés comme des membres honoraires obligatoires, tenus de payer la moitié de
la cotisation légale.
Il
n'en est pas de même des non salariés. S'ils veulent s'assurer, ils devront
faire eux-mêmes tout l'effort à moins que des membres honoraires bénévoles ne
leur viennent en aide. Pour faciliter aux catholiques de notre diocèse qui
jouissent d'une certaine aisance l'accomplissement du grand devoir de la
charité chrétienne et, en même temps, de celui de la solidarité fraternelle et
sociale, nous les exhortons vivement à s'enrôler comme membres honoraires dans
l’une de nos Sociétés diocésaines. Une part de leur cotisation, par exemple, le
quart, assurera des avantages généraux à tous les membres participants salariés
ou non salariés — mais la plus grosse part — et c'est justice — sera affectée à
compléter les versements des non salariés dont la situation pourra ainsi, au
point de vue des assurances sociales, ne pas être trop inférieure à celle des
ouvriers qui travaillent pour le compte d'un patron.
En
fondant nos deux Sociétés de secours mutuels, nous n'avons aucunement la
prétention de chercher à nous arroger comme une sorte de monopole et nous ne
voulons en rien nuire aux sociétés existantes. Nous sommes même disposé, autant
que cela peut dépendre de nous, à nous entendre avec elles ou avec des
organisations professionnelles en vue de la création d'une grande caisse
autonome pour servir l'assurance vieillesse et invalidité, la loi exigeant dans
ce cas le chiffre élevé de cent mille adhérents.
Il
nous paraît, d'autre part, tout naturel que, partout où cela se peut, la profession
s'organise elle-même au moyen d'une entente entre patrons et ouvriers. Nous
demandons seulement à ceux qui ne profiteront pas de ces vastes organisations
professionnelles, nous demandons aux serviteurs, aux ouvriers et employés de la
petite industrie et du commerce de venir à nous en toute confiance. Ils y ont
un véritable intérêt. En effet, grâce à l'appoint des membres honoraires et à
la réduction au strict minimum des frais de gestion, nous sommes convaincu que
leur part de prestations s'en trouvera notablement augmentée.
C'est
surtout en améliorant la condition des assurés facultatifs et en nous efforçant
de recruter, en grand nombre, des membres honoraires que nous espérons pouvoir
utilement travailler à la paix sociale et puissamment aider nos chers
diocésains à s'assurer contre les risques de la vie. Nous prouverons ainsi une
fois de plus que l'Église, restant malgré le défiances et les entraves, fidèle
à ce qu'elle regarde comme sa mission secondaire et à ce qui a fait une partie
de sa gloire au cours des siècles, s'applique aujourd'hui comme hier à rendre
meilleur le sort de tous ceux qui sont obligés de demander au travail le pain
de chaque jour et aussi, grâce à une sage prévoyante, la sécurité pour
l'avenir.
Nous
sommes sûr de pouvoir compter, pour la réalisation de ce projet, sur l'efficace
concours de nos prêtres bien-aimés et dévoués. Ils sont pauvres : ils resteront
pauvres ; mais ils savent que, sans y être tenu par la loi, poussé uniquement
par le sentiment de notre paternité spirituelle, nous nous efforçons, à l'aide
de la Mutuelle Rhône et Loire, de leur appliquer, dans toute la mesure du
possible, le bienfait des assurances sociales.
Caractéristiques de
nos deux Sociétés.
Créées,
comme nous l'avons dit, en vue de la future application de la loi sur les
assurances sociales, nos Sociétés seront départementales. Devenues caisses
primaires de répartition, ces Sociétés fonctionneront dans le cadre
départemental, l'une dans le Rhône ; l'autre dans la Loire. Voilà pourquoi, il
est bon de les adapter dès aujourd'hui à ce cadre, afin qu'elles puissent
connaître leurs effectifs et afin d'être préparées, au mieux, à leur rôle futur
de caisses primaires, au moment de l'application de la loi sur les assurances
sociales.
La
Société de secours mutuels du Rhône pourrait se nommer : « Le foyer
lyonnais » ; celle de la Loire : « Le foyer stéphanois et
forézien ».
La
Société de secours mutuels du Rhône aura son siège social à Lyon, rue Mulet, 5
; celle de la Loire, à Saint-Etienne, rue Mi-Carême. 4.
Ces
Sociétés seront à base familiale. Les prestations viseront à encourager la
famille. En outre, des dégrèvements proportionnels au nombre des adhérents dans
une même famille sont prévus dans leur organisation financière.
Nos
Sociétés présenteront des avantages sérieux à tous leurs membres adhérents. De
plus, elles accepteront des adhésions modestes qui recevront des prestations
proportionnées. Nous aimons à le redire. Tout sen mis en œuvre pour que les
adhérents aient toutes les satisfactions possibles et que la prospérité
financière soit assurée.
Les
statuts, soumis à un examen approfondi, donneront les autres précisions
désirables.
SOURCE : Semaine religieuse du diocèse de Lyon, 26 octobre 1928