MIEUX BAPTISER

 

 

Message du Cardinal DECOURTRAY

à l’Eglise catholique de Lyon

 

 

 

Voici qu'approchent les jours où les chrétiens vont célébrer les événements les plus décisifs de toute l'histoire humaine : le Jeudi-Saint, le Vendredi-­Saint, la veille et le jour de Pâques ! C'est ce temps de préparation à Pâques que nous avons choisi pour entreprendre une action d'envergure au sujet du baptême. Vous en avez entendu parler dans les medias et allez recevoir des dépliants. Mais je tiens à vous rappeler très brièvement le sens d'un tel effort. Il·s'agit en un mot de découvrir ou de redécouvrir la splendeur et le sérieux du baptême. Comme Jésus, à la femme de. Samarie, j'ai envie de dire à chacune et chacun de vous : « Si tu connaissais le don de Dieu ! ». Le baptême est en effet le sacrement de cette grâce extraordinaire ! Comment pourrions-nous le négliger?

 

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1. DON ET APPEL

 

Vous tenez au baptême. Toute l'Eglise y tient, depuis toujours. Elle ne cesse de remercier Dieu pour ce don qu'Il lui fait par le Christ dans cet Esprit-Saint qui la rajeunit sans cesse. Mais de cette action de grâces elle-même naît un appel, un appel pressant. Cherchons-nous assez à faire fructifier le don que nous avons reçu ? Ce don de la vie de Dieu, en percevons-nous la force· pour notre· existence de chaque jour ? Témoignons-nous par notre manière de vivre et par notre parole, de la formidable espérance qu'il nous ouvre? Prions-nous, seuls, en famille, en réunion ou en grande assemblée, comme des enfants de Dieu ?

 

Depuis quelques années, un fait, assez nouveau, provoque notre réflexion. Des enfants de nos catéchismes, des jeunes de nos aumôneries, des adultes aussi, demandent ce sacrement et s'y préparent assez longuement. Ils apprennent, pendant plus d'une année, rythmée par plusieurs étapes, « l'amitié avec Dieu », et la véritable fraternité à laquelle sont appelés ceux qui disent à Dieu : Notre Père. Ils découvrent comment la mort et la résurrection de Jésus changent leur existence. Un horizon tout nouveau s'ouvre devant eux. C'est en quelque sorte après avoir expérimenté un peu, grâce au Saint-Esprit qui ne cesse d'agir dans les cœurs, le sens et la responsabilité de la vie chrétienne qu'ils arrivent au jour de la célébration de leur baptême. Ils ont entrevu la splendeur du don et entendu l'appel de Dieu. Pour eux, rien n'est plus beau, rien n'est plus stimulant. Interrogez-les et vous verrez !

 

II. UN EFFORT S’IMPOSE

 

Il suffit que j'évoque ce renouveau pour que vous compreniez mon insistance. Nous devons tout mettre en œuvre pour que les tout-petits qui reçoivent baptême puissent aussi, dès que leur raison et leur liberté seront suffisamment éveillées, avoir cette chance dont je viens de parler.

L'Eglise tient au baptême des tout-petits. Rien ne manifeste mieux que Dieu aime ses enfants avant même qu'ils le sachent.

Si c'est déjà une chance de découvrir que nous avons été aimés dès notre naissance par nos parents, que dire lorsque cela s'applique à cet amour infini qui nous précède toujours ? Comment vous cacherais-je, à ce propos, mon souci lorsque je vois tant de frères catholiques, baptisés tout petits, vous en êtes peut-être ! - apparemment privés de la découverte de ce Jésus en qui ils ont été baptisés ? Tout se passe souvent comme si le Christ ne comptait pas beaucoup dans la vie quotidienne. C'est pourquoi je souhaite que nous nous efforcions ensemble de préparer et de célébrer de mieux en mieux le baptême et surtout d'assurer tellement bien son avenir que tout baptisé puisse toujours bénéficier de ce à quoi il a droit : des moyens pour vivre réellement ce sacrement une fois qu'il l'a reçu.

 

La famille et le milieu, humain et ecclésial, ont évidemment un rôle à jouer. La vie humaine du petit enfant dépend de ses parents et de son entourage. Toutes proportions gardées, il en va de même pour la  vie baptismale. Sa croissance dépend de l'Eglise représentée par ses parents, ses parrains et marraines, sa famille, tout un environnement vivant. En fait, c'est le rôle des parents qui la plupart du temps est ·primordial. Ce sont eux les premier qui, ayant dit « oui » à Dieu le jour du baptême de leur enfant, se sont engagés, par là-même, à prendre les moyens pour qu'un jour, le nouveau baptisé puisse ratifier personnellement ce « oui ».

 

Vous le comprenez certainement : c'est la préoccupation de respecter le sacrement du baptême et de lui faire porter tous ses fruits qui nous conduit à prendre les dispositions pratiques que présentent plus largement les orientations diocésaines et les dépliants que vous allez recevoir.

 

 

III. DISPOSITIONS PRATIQUES

 

Avant toutes choses, il est indispensable qu'il y ait une rencontre entre les parents et les responsables du baptême dans la paroisse. L'initiative en revient aux parents. Il est très souhaitable que dès la naissance, et même avant, ceux-ci prennent contact avec leur paroisse. Plus tôt ils le feront, mieux ce sera. En tout cas, il va de soi que la date de la fête familiale ne doit pas être fixée avant cette rencontre !

L'essentiel est que le dialogue soit vrai, confiant : il a pour but de permettre aux parents de clarifier pour eux-mêmes leurs convictions, ce qu'ils désirent vivre, ce à quoi ils peuvent s'engager.

 

Les responsables du baptême dans la paroisse verront avec eux ce qui correspond le mieux à ce qu'ils souhaitent, à ce à quoi ils sont prêts :

 

-     ou bien : une première cérémonie soit pour présenter et confier l'enfant à Dieu, soit pour le faire accueillir dans la grande famille des chrétiens. C’est une mise en route vers un baptême ultérieur que l'enfant demandera lui même après un temps suffisant de catéchèse.

 

-     ou bien : une cérémonie de baptême des tout-petits, qui prend appui sur la foi des parents et les engage à faire fructifier ce baptême. C'est une responsabilité importante qui nécessite souvent une préparation plus longue et approfondie que dans le cas précédent.

Comme il s'agit du baptême des tout-petits, cette cérémonie ne convient plus pour des enfants âgés de plus de deux ans : ceux-ci ne peuvent en effet être traités comme des bébés.

 

Vous le voyez, pour que le choix soit fait en toute clarté et la décision bien prise, la qualité du dialogue est essentielle et chacun doit la vouloir. Il est indispensable d'aboutir à un réel accord entre les parents et les responsables du baptême dans la paroisse. C'est une question de respect : respect de la croyance des parents, respect de l'avenir de l'enfant, respect du vrai sens du baptême.

 

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Je souhaite que vous compreniez et acceptiez les dispositions prises et l'effort qu'elles vous demandent. Il y va de notre foi en l'Amour magnifique et exigeant dont nous allons bientôt célébrer la manifestation par excellence : la Passion et la Résurrection du Seigneur. Le Christ a livré sa vie pour nous donner la Vie Nouvelle. Le baptême nous plonge dans cette vie pour toujours. Comment l'oublierions-nous pendant la Semaine Sainte et les fêtes pascales ?

 

11 février 1989

Fête de Notre Dame de Lourdes