La Bibliothèque
épiscopale
VIIIème
s.
Depuis
sa fondation Lyon connaît une activité intellectuelle en tant que le lieu
d’échanges permanents avec Rome, la Grèce, la Septimanie..., puis avec
l’arrivée du christianisme, ce sont livres liturgiques puis théologiques qui
sont échangés...
Se
constitue progressivement une bibliothèque liée à la cathédrale, grâce aux
évêques (la bibliothèque est dite « épiscopale »), au chapitre (la
bibliothécaire est dite « capitulaire »), avec un atelier de copie
(un scriptorium) très actif et utile
pour la diffusion de ces textes. De nombreux manuscrits anciens sont ainsi
gardés et copiés, comme par exemple un exemplaire de la Loi romaine des Wisigoths aujourd’hui conservée à Berlin.
L’Admonitio generalis du
23 mars 789 encourage l’essor des écoles, des études, des copies, etc., dans
tout l’empire de Charlemagne. Leidrade, à la fin du
VIIIème siècle, va reconstituer cette bibliothèque, capitulaire ou
épiscopale, un peu assoupie depuis quelques décennies. Il donne cinq ouvrages
de sa propre bibliothèque comme un Organon
d’Aristote ; aujourd’hui en existent encore quatre qui portent son ex dono
autographe.
C’est
grâce au travail de FLORUS, en particulier, que cette institution jusqu’à
devenir une référence en Europe. Pour les besoins du gouvernement de l’Eglise,
celui-ci emprunte des manuscrits à d’autres bibliothèques comme celles de
monastères (l’Ile-Barbe, Saint-Oyand, Saint-Gall,
Fleury, Corbie…) ou d’écoles cathédrales (Auxerre, Autun, Laon, Metz…) et les
fait copier, souvent en plusieurs exemplaires. Aux manuscrits anciens
(mérovingiens) s’ajoutent de nombreux manuscrits (carolingiens) jusqu’à
approcher le nombre de 600. A partir des
ouvrages cités par FLORUS dans ses compilations, il est possible de
reconstituer cette bibliothèque qui devait comprendre, selon HOLTZ
(2002) :
- plusieurs exemplaires de l’Ancien
et du Nouveau Testament, des manuscrits grec/latin des Psaumes, du Nouveau
Testament,
et, en particulier,
- le Codex Clarmontanus
conservé à Berlin,
- le Codex Bezae
conservé à Cambridge,
- les œuvres authentifiées d’Augustin,
- les œuvres de Cyprien de Carthage, Jérôme, Hilaire de
Poitiers, Ambroise, Pacien de Barcelone et Léon le
Grand,
- plusieurs ouvrages d’Origène (traduction latine de Rufin
d’Aquilée), de Grégoire de Naziance (traduction
latine), de Cyrille d’Alexandrie et d’Ephrem,
- la traduction latine d’œuvres d’Irénée,
- les ouvrages d’Eucher et
d’Avit de Vienne,
- un manuscrit de Tertullien donné par Agobard,
- des œuvres de Platon, Virgile, d’Ausone, de Donat,
- des œuvres de poètes païens et chrétiens,
- des ouvrages de droit comme le Code théodosien, les
décrets des Conciles de Gaule, etc.
Ces
manuscrits sont recopiés sur place ou dans les monastères des environs, avec la
calligraphie de l’époque (la caroline). Pour ces activités la
cité épiscopale abrite de nombreux clercs.
Lyon
devient ainsi un centre intellectuel par l’activité de conservation et de
diffusion de documents de référence, et, à partir d’eux, par l’activité de
compilation, de discussion, et d’enseignement.
L’existence de cette bibliothèque a été capitale pour la
transmission de ces textes durant le Moyen Age et jusqu’à nous, puisque tant
les Clunisiens que les Cisterciens ont, en fait, largement constitué à partir
d’elle le fonds le plus ancien de leurs bibliothèques.
(HOLTZ, p.34)
Mais,
faute de documents et d’études, il est difficile de décrire très précisément
l’influence de la bibliothèque et du scriptorium
de Lyon dans la diffusion du savoir en Europe, dont elle fut la deuxième bibliothèque par son importance après celle de
Vérone.
Lyon disposa d'un unique trésor de textes anciens qui attira
les lettrés à une époque où les livres étaient d'une grande rareté. Nos
connaissances de ce trésor sont encore partielles. Ses richesses ne sont
connues qu'en partie, c'est-à-dire presque uniquement par le biais des
manuscrits encore conservés à Lyon. Le travail d'identification des sources
lyonnaises pour des textes anciens et des personnes impliquées dans cette
transmission reste en grande partie encore à faire. Ces études permettront
également de comprendre les motifs et le chemin des échanges entre Lyon et les
autres centres.
(Von BUREN, MEYERS, 1999), p.64-65
C’est à la fin du Moyen Age et lors des
guerres de religion du XVIème siècle que la bibliothèque est
dispersée. Une
centaine de ces manuscrits est toujours conservée en Europe : Bibliothèque Nationale de France,
bibliothèques du Vatican, de Berlin, de Cambridge, de Leyde (Pays-Bas)...
De son côté la Bibliothèque
Municipale de Lyon détient 55 manuscrits :
Parmi les 55 manuscrits conservés
à Lyon, 2 datent du Ve
siècle, 6 du VIe siècle, 5 du VIIe siècle, 7 du VIIIe siècle, 33 du IXe siècle
et 2 du Xe siècle. Ils ont tous écrits sur parchemin, en latin. Les manuscrits
bibliques et patristiques sont les plus nombreux. Les plus anciens (fin du Ve
siècle) sont un Psautier (Ms
425) et le Traité sur les Psaumes d’Hilaire
de Poitiers (Ms 452). Deux manuscrits (Ms 403 et Ms 1964) forment le célèbre Heptateuque
du VIe siècle, une des versions latines antérieures à la traduction de Saint
Jérôme. Les Pères de l’Eglise sont très bien représentés avec 36 manuscrits, de
nombreux textes de Saint Jérôme, Bède, Origène, Grégoire de Nazianze
et surtout Saint Augustin. Florus compose lui-même la Compilation augustinienne sur les épîtres de Paul (Ms 484),
partiellement autographe.
La collection comprend également
le Timée de Platon traduit en
latin par Chalcidius et des textes juridiques comme
la Lex Romana Wisigothorum (Ms
375) ou grammaticaux comme le Commentaire de l’Art majeur de Donat par Murethach. La
plupart des livres sont des manuscrits de travail, soigneusement écrits mais le
plus souvent dépourvus d’illustration. Quelques exceptions notables sont à
noter cependant avec un Evangéliaire du IXe siècle (Ms 431) et le De Laudibus Sanctae Crucis de Raban
Maur (Ms 597).
(Bibliothèque Municipale de Lyon, fonds ancien)
Ce fonds ancien est
numérisé, accessible sur internet et porte le nom de FLORUS, « diacre de Lyon, directeur de la Bibliothèque
épiscopale à la fin du IXème siècle » : http://florus.bm-lyon.fr/
DOCUMENTS
- LAUER Philippe, 1925, Observations
sur le Scriptorium de Lyon, Bibliothèque
de l’Ecole des Chartes, vol.86, pp. 380-387
- Von BUREN Veronica, MEYERS Jean,
1999, Quelques
poèmes inédits de Sedulius Scottus
dans le Codex
Vaticanus Latinus 4493 ?,
ALMA (Archivum Latinitatis Medii Aevi), vol.57
- Bibliothèque
Municipale de Lyon, 2002, Manuscrits
médiévaux : de l’usage au trésor (catalogue de l’exposition de 65
manuscrits, avec 14 notices détaillées)
- HOLTZ Louis,
2002, L’évêque, le diacre et le manuscrit. Un grand moment de l’histoire du
livre à Lyon : la bibliothèque épiscopale au IXè
siècle, Gryphe,
n°5, pp.28-34
- HOLTZ Louis, De
l’Antiquité à l’époque carolingienne : la Bibliothèque de Florus de Lyon,
in Bibliothèque Municipale de Lyon, 2002, Manuscrits
médiévaux : de l’usage au trésor, pp.17-27
-
Bibliothèque Municipale de Lyon, Guichet du savoir, 2005, Scriptorium
de Lyon
-
LAURANSON-ROSAZ Christian, 2006, L’enseignement du droit à Lyon
au Moyen Âge, in FULCHIRON H. (dir.), La Faculté de droit de Lyon. 130 ans d’histoire, pp. 16-20.
- SEICHEPINE François, 2010,
La renaissance de
la bibliothèque capitulaire de la Primatiale Saint-Jean de Lyon au XVIIIe
siècle, Chrétiens
& Sociétés, pp.103-149
-
Bibliothèque Nationale de France, 2007, Trésors carolingiens
- Bibliothèque Municipale de Lyon, Bibliothèque
épiscopale de Lyon
- Bibliothèque Municipale de Lyon, catalogue du fonds ancien numérisé Florus
- voir les notices sur LEIDRADE, sur AGOBARD, sur FLORUS
g.decourt