François Boursier
1878-1944
François
BOURSIER naît en 1878.
Il étudie
au Petit Séminaire de la Côte-Saint-André puis au Grand Séminaire de Grenoble.
Il
est ordonné prêtre du diocèse de Grenoble en 1904.
Il
est nommé vicaire de la paroisse de Dolomieu.
Après
la guerre, il est nommé à la paroisse de la Nativité de Villeurbanne, qui fait
partie alors du diocèse de Grenoble.
Il est le curé
fondateur de la paroisse Sainte-Thérése, dans le nouveau centre ville, proche
des Gratte-ciels construits sous la première mandature de Lazare GOUJON.
L’église est consacrée le 17 mai 1931.
Le 22 octobre 1933
sont bénies les orgues et Louis VIERNE, titulaire de Notre Dame de Paris, les
inaugure le 25 novembre 1934. On y retrouve en 2007, lors de leur déplacement,
des documents de la Résistance.
Dès
la signature de l’armistice en 1940
F.BOURSIER critique ouvertement le régime de Vichy et participe à diverses
actions de la Résistance : mise à disposition d’un local paroissial pour
imprimer le Bulletin de la France Combattante, accueil d’agents et de parachutages, etc.
Il est arrêté par les Allemands le
16 juin 1944, interné au Fort Montluc à Lyon et torturé. Le cardinal GERLIER intervient auprès du commandant
allemand KNAP
Ce dernier tente ce chantage : certains prisonniers
seraient relâchés si son Eminence me remettait une déclaration condamnant le
communisme… Le cardinal répond : quoique plus éloigné du communisme que
l’autorité allemande, jamais je ne consentirai à remettre une déclaration qui
pourrait être utilisée contre d’autres français prisonniers »
Le 20 août au matin il est extrait du Fort Montluc
et emmené au Fort de Cote Lorette à Saint-Genis-Laval. Il est fusillé avec plus de cent
autres prisonniers.
Le cardinal Gerlier écrit au Commandant allemand de
Lyon, KNAP, chef de la Gestapo, le 22 août 1944 :
… J’arrive de St
Genis-Laval et j’ai le pénible devoir de vous apporter avec l’expression de
l’indignation que j’aie éprouvée devant le spectacle que les mots ne peuvent
traduire, ma protestation solennelle contre l’abominable cruauté de l’exécution
faite là bas le 20 aout et qui fait suite, hélas, à beaucoup d’autres non moins
douloureuses. Quelle désolation de songer à la semence de haine que répandent les
faits comme ceux là, à l’heure où le monde aspire pathétiquement à retrouver la
fraternité et la paix. J’ai 64 ans, Mr le Commandeur, j’ai fait la guerre de
1914 et vu, au cours de ma vie qui m’a mêlé à beaucoup de choses, bien des
spectacles horribles. Je n’ai jamais vu aucun qui m’ait révolté autant que
celui que j’ai contemplé il y a un instant. Même si l’on pouvait affirmer que
tous les morts exécutés avant-hier étaient des malfaiteurs, et personne n’osera
le soutenir, j’affirmerais encore qu’il était indigne d’une civilisation
chrétienne ou simplement humaine de les avoir mis à mort de cette manière là.
Que dire alors si aucun grief ne pouvait être relevé contre eux ! Si ces
mots vous paraissent excessifs, Mr le Commandeur, veuillez aller personnellement
vous rendre compte de ce qui s’est passé. Je ne puis croire que votre cœur
d’homme n’en frémira pas comme a frémi le mien et celui de tous les témoins de
ces horreurs. Je suis convaincu que vous avez ignoré tous les raffinements de
sauvagerie qui ont marqué ces exécutions atroces. Mais je n’hésite pas à
déclarer que ceux qui en portent la responsabilité sont à jamais déshonorés aux
yeux de l’humanité. Dieu daigne leur pardonner. Veuillez agréer Mr le
Commandeur l’expression très attristée de ma grande considération.
Pierre Marie Cardinal Gerlier, archevêque
de Lyon.
Le cardinal GERLIER prononce ces mots au cours de la
messe célébrée en l’église Sainte-Thérése de Villeurbanne le 26 août 1944 :
…Que peuvent ajouter les
paroles à l’éloquence de ce spectacle dont nous sommes témoins, cette foule
immense, recueillie dans son émotion, sa prière, que je sens aussi vibrante et
nombreuse à l’extérieur qu’elle l’est dans cette église de l’abbé
Boursier….J’ai voulu apporter ici mon hommage à un prêtre qui restera l’honneur
de sa paroisse, de son diocèse, de cette cité vaillante de Villeurbanne, de sa
patrie vénérée et de l’Eglise. Légendaire déjà parmi ses compagnons de la
résistance comme parmi ses compagnons de Montluc ; un nom autour duquel se
crée sans difficulté le rassemblement unanime de tous les cœurs et de toutes
les âmes de croyants, de protestants, d’israélites, d’incroyants même ; il
n’y a pas d’hérétiques dans le culte de sa mémoire…
Voici ce qu’un gardien allemand a
rapporté : « il y avait dans la cour un convoi de ceux qu’on
appelait de l’horrible formule sans bagages. Alors par la lucarne d’une
fenêtre, le seul endroit par lequel pouvait pénétrer l’air et la lumière, on
vit se hisser l’abbé Boursier et à ses compagnons qui allaient partir pour la mort,
jeter avec son sourire d’ami sa suprême bénédiction de prêtre »…
L’abbé Boursier a eu un jour un mot admirable :
il eut été désastreux qu’il n’y eut pas de prêtre ici. Cher abbé Boursier,
j’ose dire ici, archevêque de la Sainte Eglise, que je souscris à vos
paroles…Incapable de céder aux sommations, l’Eglise répète comme elle l’a
toujours fait, regrettant peut être qu’un certain nombre parmi ses enfants ne
l’ait pas toujours compris, que les droits de la personne humaine sont sacrés.
Elle condamne une grande partie de l’organisation sociale actuelle, précisément
parce qu’elle n’en assure pas simplement la sauvegarde ; parce qu’il est
malheureusement trop vrai que ce souci du rendement prime parfois le souci de
tous ceux qui contribuent à l’assurer… et qu’il faut dans une société organisée
et qui veut vivre les principes de l’Evangile que l’argent soit au service de
l’homme et non l’homme au service de l’argent…Il a incarné tout cela l’abbé
Boursier, parmi vous…
Une place proche de « son » église porte son
nom.
DOCUMENTS
- Semaine religieuse du diocèse de Lyon, des 1 au 22
décembre 1944, n°41à44
- Site
familial DELPORTE-BOURSIER
-
Les orgues de
l’église Sainte-Thérèse de Villeurbanne
g.decourt