musée du diocèse de lyon

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Joseph Brugerette

1863-1943

 

 

 

 

 

 

Joseph BRUGERETTE naît à Ambert (Puy-de-Dôme) en 1863.

 

Il est ordonné prêtre du diocèse de Clermont après avoir obtenu à Paris des licences d’histoire et de philosophie.

 

Il est nommé professeur, écrit dans des publications républicaines et fonde des publications d’orientation « démocratique » dans son diocèse.

 

Il vient à Lyon enseigner dans des institutions catholiques lyonnaises en 1897 qu’il doit quitter pour ses prises de position. Il publie plusieurs cours d’histoire.

 

Il est membre du Comité Catholique pour la Défense du Droit, qui soutient Dreyfus.

 

Il est aussi membre de la Ligue des droits de l’Homme.

 

En raison de ses idées il est privé de tout emploi ecclésiastique à partir de 1904 ; il donne alors des conférences et écrit des ouvrages d’histoire ; il recourt parfois au pseudonyme de Jehan de Bonnefoy (Le Catholicisme de demain) ou de Henri de Saint-Poli (Dreyfus et la mentalité catholique).

 

Ainsi le 22 novembre 1904 donne-t-il une conférence sur « la pensée religieuse à Lyon » à la salle philharmonique de Lyon devant un public où se mêlent croyants et non croyants. Il parle de deux ouvrages parus dans l’année qu’il juge représentatifs d’une pensée religieuse « éclairée » :

-      Léon CHAINE, 1904, Les Catholiques français et les difficultés actuelles

-      Jules AESCHIMANN, 1904, Une grande figure du prêtre social, l’abbé Rambaud (1822-1902).

 

J.AESCHIMANN est pasteur et fait l’éloge d’un prêtre catholique. L.CHAINE est un avoué lyonnais qui ne craint pas de publier ses opinions à propos de la crise que traverse le catholicisme français et participe à la revue Demain, où le député Edouard AYNARD, financeur de la publication, propose précisément Camille RAMBAUD comme figure du prêtre à venir (voir la notice sur Demain, sommaires)

 

J.BRUGERETTE cite l’une ou l’autre des personnes qui deviendront collaborateurs de cette revue lyonnaise, dont il sera très proche. Il emprunte la notion d’ « esprit large » à Joseph SERRE, pour définir la religion qu’il souhaite :

 

une religion d’esprit large, c’est-à-dire de caractère universel, puisqu’elle permet à tous le croyants d’âme haute de se tendre la main par-dessus les barrières confessionnelles pour réaliser ensemble la plus grande somme possible de bonté, de justice et de charité. (1905, p.33)

 

 

Après l’encyclique Pascendi il écrit sous le pseudonyme de Jehan de Bonnefoy deux ouvrages qui font le bilan de la gestion de la crise moderniste française. Vers l’unité de croyance (1907), Le Catholicisme de demain (1908).

 

Il fut sans doute facile de deviner l’auteur, puisque à la page de garde du second, sont indiquées trois autres publications «  du même auteur », dont Les Orientations actuelles de la pensée religieuse à Lyon et Les Leçons d’une défaite ou la fin d’un catholicisme, parus sous son nom propre.

 

 

Le Catholicisme de demain (1908)

 

Ce livre est présenté comme la suite de Vers l’unité de croyance. Il s’agit de dialogues ou de correspondances entre personnages fictifs, qu’il est facile, par les citations, de reconnaître comme proches de la revue Demain. On parle de différents types de catholiques : progressistes, libéraux, d’étiquette, de surface, « charbonniers »… Est dépeint l’échange entre le Pape Pie X et l’un de ces « modernistes » français, que l’ouverture d’esprit du Pape semble convaincre de la justesse de sa prochaine condamnation des thèses de ses amis. Leur sectarisme est contraire au catholicisme, qui est la religion de l’esprit large. Et de conclure : « l’orthodoxie pontificale n’était plus pour moi que « l’exclusion de l’exclusion » (p.174). La conclusion de l’ouvrage s’étonne du silence soumis des modernistes en France après l’encyclique Pascendi, contrastant avec les remous qu’elle a suscités dans d’autres pays européens. « A tout considérer, le conflit ne paraît donc qu’ajourné entre la Rome de Pie X et la France moderniste » (p.199). Ce n’est qu’« une veillée d’armes ».

 

J.BRUGERETTE après cela retourne dans son diocèse pour s’occuper de la paroisse Saint-Jean du Passet à Thiers jusqu’à sa mort.

 

Il poursuit ses activités intellectuelles dans le seul domaine de l’histoire. Il publie entre autres une histoire du clergé français de 2000 pages en trois tomes.

 

Il meurt à Thiers en 1943.

 

 

 

OUVRAGES (entre autres)

 

 

-      1901, La Déclaration des Droits de l’Homme et la doctrine catholique (plusieurs fois réédité)

 

-      1903, Si toutes les religions se valent ?

 

-      1904, Les créations religieuses de la révolution; le culte de la raison, le culte de l'être suprême

 

-      1904, L'Affaire Dreyfus et la mentalité catholique en France

 

-      1905, Les Orientations actuelles de la pensée religieuse à Lyon (conférence du 22 novembre 1904)

 

-      1907, Les Leçons d’une défaite ou la fin d’un catholicisme

 

-      1907, Vers l’unité de croyance (sous pseudonyme Jehan de Bonnefoy)

 

-      1908, Le Catholicisme de demain (sous pseudonyme Jehan de Bonnefoy)

 

-      1922-1938, Le Prêtre français et la société contemporaine (1815-1936)

tome 1, 1933, La restauration catholique (1815-1871)

tome 2, 1935, Vers la Séparation de l'Église et de l'État (1871-1908)

tome 3, 1938, Sous le régime de la Séparation. La reconstitution catholique ( 1908-1936)

 

 

 

DOCUMENTS

 

 

 

-      POULAT Emile, 1969, « Modernisme » et « Intégrisme ». Du concept polémique à l'irénisme critique, Archives des sciences sociales des religions, 27, pp. 1-28

 

-      MAYEUR Jean-Marie, 1972, Catholicisme intransigeant, catholicisme social, démocratie chrétienne, Annales, Économies, Sociétés, Civilisations, 27/2, pp. 483-499

 

-      COMTE Bernard, 1974, Un rassemblement de catholiques libéraux : la naissance à Lyon de la revue « Demain », Les Catholiques libéraux au XIXème siècle, pp.239-280

 

-      WEILL Georges, 1979, Le Catholicisme libéral en France (1828-1908) (texte intégral)

 

-      FOUILLOUX Etienne, 1997, « Intellectuels catholiques » ? Réflexions sur une naissance différée, Vingtième Siècle. Revue d'histoire, 53, pp. 13-24

 

-      PIERRARD Pierre, 1998, Les Chrétiens et l’affaire Dreyfus, p.184sq (texte intégral)

 

-      SORREL Christian, 2003, Libéralisme et modernisme Mgr Lacroix (1855-1922). Enquête sur un suspect

recensions par : Chauvin Charles, Esprit & Vie 2003/95 ; Perrin Luc, Archives des Sciences Sociales des Religions 2004/128 ; Laplanche François, Revue de l’Histoire des Religions 2005/2

 

-      SORREL Christian, 2006, 1905–2005. La séparation des Églises et de l’État en France entre mémoire et histoire, Université Lyon II.

 

-      SARDELLA Louis Pierre, 2012, L’abbé Brugerette, du publiciste à l’historien. Parcours d’un moderniste repenti ou d’un réaliste pragmatique ?, in De BECKER A., GUGELOT F., PELLETIER D., VIET-DEPAULE N. (dir.), Ecrire l'histoire du christianisme contemporain. Autour de l'oeuvre d’Etienne Fouilloux, pp.77-88

 

 

 

g.decourt