Victor Carlhian
1875-1959
Victor
CARLHIAN naît en 1875 dans le Briançonnais (sa famille est du Queyras).
Après
des études secondaires à Lyon, il obtient une licence de mathématiques à
l’Université de Paris et prépare une thèse.
Il
revient à Lyon pour prendre la direction de l’entreprise familiale de soierie
et dorure.
Il
cofonde avec Alfred VANDERPOL un groupe lyonnais du Sillon auquel il a adhéré lorsqu’il étudiait à Paris. Il se soumet
à la condamnation du mouvement par le pape Pie X en 1910.
En
1912 il se marie avec Marie de MIJOLLA.
Il
entre à La Chronique Sociale :
il rédige des articles, devient membre du comité directeur.
Il
participe au Groupe lyonnais d’études médicales animé par le docteur BIOT.
Il
commence à organiser une mission laïque dans le quartier du Transvaal (Lyon 7ème)
avec de petites équipes cherchant à témoigner de l’Evangile par leur action
sociale et éducative, leur communauté de prière, célibataires et familles
formant une sorte de Tiers-Ordre, où chacun exerce une profession ou s’occupe
de son foyer. C’est le Père Jean REMILLEUX qui est leur aumônier. Après la mort
de celui-ci en 1915, c’est son frère Laurent qui prend le relais et oriente la
mission vers l’action paroissiale ordinaire (catéchisme, culte…) dans un esprit
novateur (messe face au peuple, par exemple).
En
1920 il organise le « Groupe de
travail en commun » avec, entre autres, Jacques CHEVALLIER, Emmanuel
MOUNIER, qui en fut un temps secrétaire, Jean GUITTON, Jean LACROIX, André
LATREILLE.
En
1923 il fonde avec le Doyen CHABOT et quelques amis, comme Auguste VALENSIN, la
Société lyonnaise de philosophie qui
réunit des professeurs des universités d’Etat et de l’enseignement catholique,
des chrétiens et des non-chrétiens. Il en assure le fonctionnement matériel.
En
1921 il fonde la revue critique Le Van,
qui publie des recensions d’ouvrages de philosophie, théologie, économie,
sociologie, sciences… La revue cesse de paraître en 1940, il en écrit les
éditoriaux (117 au total). En 1932 il édite en plus Les Cahiers du Van, qui publient des textes comme La Vie morale de Jacques CHEVALIER ou le
Portrait de Monsieur Pouget de Jean
GUITTON.
Il
acquiert l’imprimerie La Source, dans
le 1er arrondissement de Lyon, dont la gérance est confiée à Eugène
PONS. Il peut propager des idées nouvelles en éditant divers auteurs comme
P.POUGET (L’Origine naturelle ou divine
de l’Eglise catholique, d’après l’histoire, L’Inspiration de la Bible, Le
Christ et le monde moral, etc.) ou en diffusant des polycopiés de textes de
P. TEILHARD de CHARDIN (Le Milieu Divin,
Comment je crois). Il soutient ce
dernier lorsque sa hiérarchie l’interdit de publications théologiques ; il fait
de même avec H. de LUBAC écarté de l’enseignement, ou J.COLOMB dont les
innovations catéchétiques sont critiquées.
En
1920 il rencontre le P.COUTURIER et l’éveille à l’œcuménisme. Il participe au Groupe des Dombes des premières sessions
en 1937 jusqu’en 1957. Il participe à la fondation avec le P.MICHALON en 1954
de l’association Unité chrétienne.
Il
meurt à Lyon le 13 septembre 1959, quelques mois après l’annonce du Concile
Vatican II par le pape JEAN XXIII. Ses funérailles sont présidées par Mgr
DUPUY, évêque auxiliaire de Lyon.
J.GUITTON
peut écrire de lui en 1966 :
Je suis sûr que, lorsque l’historien se penchera sur
notre époque, qu’il exhumera les figures de l’avenir de l’Eglise, il
rencontrera Saint-Alban et Victor Carlhian. Alors le
sublime entêté trouvera enfin sa place. Mais ce qui était hardi, presque
téméraire, il y a trente ans, tend à devenir la règle de nos efforts actuels.
C’est le lot du précurseur d’être ainsi dépassé par ce qui est issu de lui et
qui couvre uniformément la terre.
(p.757)
DOCUMENTS
- VILLAIN Maurice,
1965, Portrait d’un précurseur, Victor Carlhian (1875-1959)
- GUITTON Jean, 1966,
Œuvres complètes, Portraits. Portrait d’un laïc : Victor Carlhian, DDB, pp.727-775
- BOUDON
Jacques-Olivier, TELAMON Françoise (dir.), 2006, Les
Chrétiens dans la ville
- MALABRE Natalie,
2006, Le
Religieux dans la ville du premier vingtième siècle. La paroisse Notre-Dame Saint-Alban d’une guerre à l’autre, (1ère partie, 19-149, 2ème partie,
572sq), thèse de doctorat en histoire, Université Lyon 2
- FOUILLOUX Etienne,
2011, Une affaire
lyonnaise : la succession de l’abbé Couturier, Chrétiens et Sociétés, n°18, pp.105-135
- Le Van : quelques numéros de cette revue
disponibles aux Archives diocésaines de Lyon
g.decourt