Centre diocésain
6 avenue Adolphe Max Lyon
5ème
L’immeuble du Centre diocésain, au 6 avenue Adolphe Max Lyon 5e,
attire l’attention par son imposante architecture, qu’un heureux ravalement a
récemment mis en valeur.
Le terrain en était jadis occupé en partie par le « petit cloître»
(par opposition au « grand cloître » : le quartier canonial
ceint de remparts, autour de la cathédrale et de la place Saint-Jean))
reconstruit au XVè siècle : composé de trois galeries, il était fermé ou nord par la cathédrale.
Autour, des bâtiments de faible hauteur, qui comprenaient la manécanterie,
abritaient des boutiques au rez-de-chaussée, et à l'étage les clergeons et
leur maître. On y trouvait également l'auditoire de la justice du Comté, organe
judiciaire de la seigneurie du chapitre de la cathédrale, ainsi que les
archives et le trésor.
En bons esprits de l'âge classique, les chanoines du XVIIe siècle n'avaient
aucune considération pour ces vestiges des « siècles gothiques », et désiraient les remplacer par un édifice qui leur fît
honneur. Dès 1720, on
les voit s'en préoccuper. En 1743, l'architecte Jean-Baptiste Masson releva un plan des
lieux, précieux pour nous, et dressa un projet. Mais manquait le nerf de la
guerre. Enfin, après bien des consultations, le chapitre décida de lancer les
travaux et en confia la maîtrise à Marin Decrénice, bien connu à Lyon. Le temps de se procurer de la
pierre à Villebois et à Tournus, du bois en Bourgogne, et de
rassembler les fonds : le 1 er décembre 1767, la
démolition put commencer. La première pierre fut posée les 26 et 27 octobre 1768.
Faute de moyens, le projet ne fut pas réalisé intégralement. Quand les
travaux s'arrêtèrent, en 1778, restait
à construire toute l'aile
occidentale, dont les pierres d'attente sont toujours visibles : elle aurait dû
fermer une deuxième petite cour, bordée à l'Est
par l'actuelle façade sur la place, occuper l'alignement de la manécanterie qui
devait disparaître, et venir prendre au Sud l'alignement atteint par le
bâtiment construit. D'où le caractère insolite de ce fragment de la place
Saint-Jean. Outre l'aspect extérieur, il faut noter, à l'intérieur,
deux beaux morceaux d'architecture : au fond de la cour, l'escalier monumental,
dans lequel une porte ménageait un passage à la
cathédrale ; ou rez-de-chaussée, l'ancienne salle capitulaire, aujourd'hui
salle Cardinal Gerlier, remarquable par ses boiseries, sa voûte due à Jean-Antoine
Morand, architecte, et ses médaillons sculptés par Antoine Chassignole.
L'auditoire du Comté et
les clergeons retrouvèrent leur place (d'où, le nom de « nouvelle manécanterie»),
et l'on aménagea des logements pour quelques chanoines. Mais on ne voulait pas
en rester là. Comme dit l'historien Sachet, « un vent d'innovation»
soufflait alors, et les projets couraient dans les têtes, à commencer par celui
de l'achèvement prévu sur la place Saint-Jean. La Révolution, en supprimant les
chapitres et en confisquant leurs biens, y mit bon
ordre, sauvant, sans y penser la vieille manécanterie. Déclaré « bien national », l'ensemble
fut vendu aux enchères en
1796, et vécut dès lors l'histoire banale des immeubles de rapport, simplement
marquée par la longue présence, dans l'ancienne salle capitulaire, de la salle
d'adjudication de la Chambre des notaires.
L'installation des services diocésains est relativement récente. Ce fut
d'abord la Direction de l'enseignement libre, vers 1941, puis celle de
l'enseignement religieux, en novembre 1943, enfin la Direction des Œuvres,
transférée de la rue Mulet en avril 1960. Comme on le soit, l'expansion s'est
largement prolongée depuis.
Henri Hours
Eglise à Lyon, 2004, n°8