Le
Cercle d'études
de
Sainte-Madeleine à Tarare
L'extrême pauvreté des archives
diocésaines pour la période antérieure à l'arrivée de Monseigneur
GERLIER (1937) donne un prix d'autant plus grand aux documents
que des esprits avisés découvrent et sauvent de la destruction : ainsi,
le registre des comptes-rendus du Cercle d'Etudes de la paroisse
Sainte-Madeleine à Tarare,
entre 1929 et 1939. On peut, grâce à lui, se
faire une idée de la façon dont vécurent, sur le terrain, les nombreux cercles
qui fleurirent à partir des années 1890 et suivantes.
Celui-ci eut son origine dans
l'initiative d'un garçon de vingt-deux ans, Jean
BOGGIO, qui, en février 1895, fonda avec un vicaire de la paroisse, l'abbé
GIDON, un groupe de communion réparatrice : quarante-cinq jeunes gens se
retrouvaient ainsi à la
messe du 1er vendredi. Puis, ils s'occupèrent
de vendre les journaux catholiques et, en novembre, ils prirent contact avec
les groupes de diffusion de La Croix, que Victor BERNE et Marius GONIN
organisaient à Lyon
depuis 1891 : participant aux assemblées de la Fédération du Sud-Est, ils ne
constituaient pas encore explicitement l'un des ces « Groupes
d'Etudes » pour lesquels GONIN était en train de fonder la Chronique
sociale. De cette première période, ne reste aucune trace d'une activité de
cercle d'études : on entretenait avec Lyon d'étroites relations, on invitait des
conférenciers, par exemple le lyonnais TOURRET, un « chroniquard »,
ou le célèbre « abbé démocrate » GAYRAUD, député du Finistère.
En novembre 1907, Marius GONIN
vint donner une conférence sur la situation religieuse et sociale, et sur la
nécessité de puiser dans les principes chrétiens une doctrine pour l'action. Ce fut
l'occasion de réorganiser le cercle de Sainte-Madeleine qui, cette fois,
s'intégra pleinement à la
Fédération des Groupes d'Etudes. Chaque semaine, entre quinze et vingt jeunes
gens venaient prier ensemble, écouter et débattre sur des sujets dont les
programmes n'ont pas été conservés. Le rôle du vicaire Pierre COURT fut sans
doute très important, et le souvenir s'en conserva longtemps.
La guerre de 14-18 tua quinze
des membres.
A partir de 1919, la
résurrection fut rapide, plus qu'ailleurs semble t-il. Il est vraisemblable que
l'action de Léon JACQUET, président du Cercle jusqu'à la fin de 1936, y fut
pour beaucoup ; il n'eût rien pu faire sans la participation active et l'appui
constant des vicaires, et souvent du curé, citons les abbés Barthélemy GONON et
Claude GOBIER. Les réunions, qui groupaient le plus souvent entre vingt-cinq et
trente participants, étaient bâties sur le modèle général des Groupes d'Etudes
: au début, une prière, et le commentaire d'une page d'évangile ; puis l'on
entendait le conférencier du jour, un membre du Cercle désigné plusieurs
semaines à l'avance, sur un sujet, soit tiré du programme de la Fédération,
soit de culture générale : le salaire, la liberté d'enseigner, le devoir
social, l'autorité paternelle, l'Action catholique, la formation sociale dans
la famille, le cinéma, sainte-Thérèse, le cardinal LAVIGERIE, etc. De temps en
temps, des personnalités extérieures étaient invitées, comme le docteur VALLET,
chef du bureau médical de Lourdes, ou, plus souvent, des lyonnais de la
Chronique : R.BIOT, M.VITTET, M.GONIN. En 1930, la venue du P.ROULLET, sj,
aumônier de l'Action Catholique de la Jeunesse Française (ACJF) manifesta le
rapprochement qui s'esquissait entre l'Association et la Fédération et qui
parut au grand jour au congrès diocésain des Groupes d'Etudes en 1931, et plus
encore à celui de l'AC.J.F. tenu à Lyon en 1933 sur le thème de la conception
chrétienne de la paix, auxquels les tararois prirent part. Entre temps, le 10
juin 1932, le Cercle avait célébré son 25ème anniversaire dans une
grande « Journée sociale » organisée à Tarare par la direction
diocésaine des Œuvres et la Chronique sociale, présidée par le cardinal MAURIN,
en présence de Marius GONIN et de Régis MORTAMET, président de l'AC.J.F.
Mais le cercle s'essoufflait.
Le rythme des réunions faiblissait : aucune entre le 20 février et le 8
novembre 1935 ; de même en 1936. Le nombre des participants diminuait : une
dizaine. La transformation du Cercle en groupe de la J.I.C., selon les accords
conclus au niveau diocésain en octobre 1933, n'y changea rien. La dernière
réunion inscrite au registre fut celle du 27 septembre 1939. La guerre, à nouveau,
interrompit la vie du Cercle, cette fois définitivement.
Henri HOURS
Eglise à Lyon, 1996, n°20