musée du diocèse de lyon

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La Chartreuse du Lys-Saint-Esprit

 

 

 

Le royaume de France compta près de quatre-vingt chartreuses, dont six dans le diocèse de Lyon ; quatre dans la partie qui relève aujourd'hui du diocèse de Belley, la chartreuse de Sainte-Croix en Jarez et celle de Lyon.

 

Depuis longtemps, les chartreux désiraient avoir à Lyon un point fixe, où auraient pu faire étape les représentants de l'ordre qui, chaque année, se rendaient au Chapitre général tenu à la Grande Chartreuse : de fait, qu'on vînt du Nord, de l'Ouest ou du Sud de la France, le passage par Lyon s'imposait ; de plus, dès le XIIe siècle, des liens étroits de soutien matériel et spirituel s'étaient formés entre l'ordre cartusien et le chapitre primatial. Mais les choses avaient traîné.

 

Les guerres de religion les réveillèrent, par l'insécurité endémique qu'elles entretinrent sur les routes. En 1580 même, le Chapitre général dut se tenir à Chambéry, chez le duc de Savoie, et décida de fonder à Lyon un monastère. L'occasion se présenta en 1584, lors d'un séjour à Lyon du roi Henri III, auquel le père général envoya deux religieux demander l'autorisation de fonder une nouvelle maison. Ils l'obtinrent, et en souvenir, elle s'appela « la chartreuse du Lys-Saint-Esprit » (pour rappeler l'ordre de chevalerie fondé six ans plus tôt).

 


 

Dès 1585, put être acquis le domaine de la Giroflée, en deçà des remparts de la Croix-Rousse mais hors la ville, et la première messe fut célébrée le 18 octobre, dans un bâtiment de fortune. La construction de l'église commença en 1590 et se poursuivit par à-coups sur près de trois siècles ; le cloître et les vingt-quatre « cellules » ou pavillons des religieux s'élevèrent dans la première moitié du XVIIe siècle.

 

Plus tard, vint l'hôtellerie, destinée à héberger les religieux de passage.

 

On peut penser que de nombreux voyageurs, et non seulement des chartreux, y logèrent. Si l'on ajoute à cela la proximité de la ville, qui amenait de nombreux visiteurs et permettait de remplir l'église lors des fêtes, il est sûr que les moines, en ce monastère, devaient se sentir peu isolés du monde.

 

Loti et vendu sous la Révolution, le domaine fut peu à peu occupé par la paroisse Saint-Bruno, les religieuses de Saint-Joseph et celles de l'Adoration perpétuelle du Sacré Cœur (le « Sacré Cœur des Chartreux »), les Missionnaires diocésains (les « Prêtres de Saint-Irénée », ou « des Chartreux »), le collège ou Institution des Chartreux, et quelques particuliers.

 

 

 

Henri Hours

Eglise à Lyon, 2003, n°5