Œuvre du Christ
dans la banlieue
1927-1957
Comme dans beaucoup de diocèses existe à Lyon depuis
1837 une « Association en faveur
des églises pauvres », placée sous le patronage de l’archevêque ;
elle siège 2 rue Sala et a pour but de « procurer aux églises pauvres des campagnes les secours dont elles ont
besoin, en leur fournissant en nature les vases sacrés, ornements, garnitures
d’autel, linge et autres objets nécessaires à la décence du culte » (Annuaire départemental, 1846).
A la
fin du XIXème siècle et au début du XXème, des chefs
d’entreprise, pensant au bien-être de leurs ouvriers, prennent en charge la
construction d’églises nouvelles dans les nouveaux quartiers de
l’agglomération. Ainsi :
- l’industriel
François Gillet, pour l’église Saint-Charles-de-Serin, avec le Cercle
catholique des Patrons de Vaise (vers 1870),
- la famille Choppet-Rodet, pour la paroisse de Saint-Antoine à Gerland (1934),
- la famille Brosset-Heckel, pour le terrain de l’église Saint-Jacques
des Etats-Unis (1936),
- l’industriel Marius
Berliet, pour l’église Sainte-Jeanne-d’Arc de Parilly à Vénissieux.
1927
En
1927 est fondée par des membres de la bourgeoisie lyonnaise, avec
l’autorisation du cardinal MAURIN, l’Œuvre
du Christ dans la banlieue, qui a
pour objet de « venir en aide aux
autorités diocésaines pour toutes les démarches et les questions matérielles
que suppose la création d’une nouvelle paroisse en banlieue ou dans les
faubourgs de nos grandes cités industrielles ».
C’est
une association loi 1901, interdiocésaine, qui concerne les paroisses de Lyon
et de sa périphérie, l’Est faisant alors partie du diocèse de Grenoble et le
Nord-Est du diocèse de Belley. Elle a plusieurs fonctions : conseiller
l’archevêché, assurer le contact avec les collectivités territoriales,
collecter les dons, souscrire des emprunts. Elle acquiert ainsi des terrains en
vue de prochaines constructions paroissiales (salles d’œuvres, églises,
presbytères…).
Chaque
année une quête recommandée par l’archevêque est organisée aux sorties des
messes et sur la voie publique. C’est l’occasion d’informer les fidèles de
l’avancée des projets.
Il est à peine besoin de rappeler
que les ressources recueillies par cette œuvre sont destinées à aider les
prêtres chargés de créer de nouvelles paroisses, et à leur permettre d'acquérir
en temps utile, c’est-à-dire parfois bien avant l'heure où la future paroisse
pourra s'organiser, les terrains nécessaires à la construction des églises et
des locaux indispensables à la vie d'une paroisse moderne.
(Semaine religieuse du diocèse de Lyon, 25 avril 1954).
L’Œuvre participe à la création des paroisses de
Saint-Antoine de Gerland à Lyon, Sainte-Jeanne d’Arc
à Lyon, Saint-Jacques des Etats-Unis à Lyon, Notre-Dame de la paix à Vassieux, Sainte-Bernadette à Montessuy,
Saint-Viateur à Oullins, Sainte-Elisabeth à la Croix
Rousse de Lyon, Sainte-Thérèse à La Plaine sur Lyon et Sainte-Foy-les-Lyon,
Notre-Dame de Lourdes à Gorge-de-Loup à Lyon, le Curé d’Ars à Belleroche sur Villefranche, Sainte-Marie de la Guillotière à Lyon, Notre-Dame-de-l’Espérance
à Villeurbanne, un terrain dans le quartier des Poulettes à Villeurbanne
(diocèse de Grenoble)…
Elle s’inspire de l’Œuvre
du Christ dans la banlieue fondée
par le jésuite Pierre LHANDE à Paris à la suite de ses enquêtes sur la
condition ouvrière dans les banlieues parisiennes. Ses articles parus depuis
1925 dans la revue Etudes sont réunis et publiés en 1927 sous le titre Le Christ dans la banlieue. Enquête sur la
vie religieuse dans les milieux ouvriers de la banlieue de Paris. Le Père
LHANDE donne à Lyon deux conférences : en 1927 à la paroisse Saint-Pothin,
en 1930 à celle de Saint-Nizier. L’« Oeuvre des Chantiers
du Cardinal » (cardinal Verdier) naît en 1931 pour la construction de
paroisses avec une publication appelée précisément Christ dans la banlieue,
revue de l’Urbanisme religieux du diocèse de Paris.
L’action
de l’Oeuvre
lyonnaise s’inscrit plus largement dans une série d’actions en direction des
populations des nouveaux quartiers suburbains, qui visent un « encadrement moral et spirituel de
la banlieue » avec des patronages, des cours du soir, des
dispensaires, des centres sociaux, etc., les édifices pour le culte étant un
des éléments de cette conquête. Il est à noter que « cette conquête se
fait au coup par coup, à l’initiative de notables ou de l’Œuvre du Christ dans
la banlieue, et non selon des plans préalablement établis par l’Archevêché,
coordonnés et financés par lui » (CHATELAN).
1936
A l’Exposition catholique organisée en 1936, au
stand de l’Oeuvre sont rappelés :
- son but : « promouvoir les initiatives, rechercher les
réalisations, encourager les fondations, pour faire connaître et mieux aimer la
religion catholique et moraliser la population de chaque quartier » ;
- ses moyens : « fonder un dispensaire, ouvrir un
patronage, créer une école, entretenir un cercle, bâtir une église, partout où
se crée une agglomération importante » ;
- les créations de paroisses au XIXème siècle: nombreuses
paroisses entre 1820 et 1875, seule la paroisse de Bellecombe
entre 1875 et 1907, nombreuses après 1907.
Les nouvelles paroisses ont leurs stands :
-
Saint-Nom de Jésus, Notre-Dame-Saint-Alban, Bellecombe,
La
Sainte-Famille, Sainte-Thérèse de l’Enfant-Jésus, Saint-Michel, Saint-Antoine
de Gerland, et celles des Charpennes
et de l’Assomption qualifiées de « pauvres
paroisses »,
- les paroisses en formation :
Saint-Jacques des Etats-Unis, Sainte-Thérèse d’Avila à La Plaine, le Saint-Curé d’Ars à Cyprian, Notre-Dame de la paix à Vassieux, Sainte-Jeanne d’Arc à Montchat,
les Clochettes à Saint-Fons, celles de l’Arsenal de Roanne et des Arboras, et
les constructions et fondations à Saint-Etienne, Saint-Chamond, la Valette,
Roche-la-Molière, le Bessat, Saint-Genest-Lerpt,
Saint-Genest-Malifaux, Saint-Galmier, Bonson et
Beaulieu.
1957
Le
diocèse, après la seconde guerre mondiale, veut « planifier » son
expansion dans ces nouveaux territoires, et crée en 1956 une commission d’art
sacré pour l’aménagement des églises en vue du culte, puis en octobre 1957 l’Office diocésain des paroisses nouvelles
(O.D.P.N.) avec pour mission « d’organiser
et de conduire au mieux l’opération « églises nouvelles » sur
l’ensemble du diocèse ». A l’initiative des notables lyonnais
avec l’Œuvre du Christ dans la
banlieue succède l’initiative épiscopale avec l’O.D.P.N.
Lorsque
de nouveaux et nombreux projets de nouvelles paroisses se sont imposés à notre
attention, il a semblé que cette œuvre ne suffirait pas à faire face, seule, à
ces problèmes plus amples. C’est pourquoi l’Office diocésain a été créé et
l’Œuvre du Christ dans la Banlieue est devenue simple organisme de propagande
et de publicité.
(Mgr DUPUY, évêque
auxiliaire de Lyon)
L’Œuvre
devient alors l’une des six sections de l’Office,
la « section de propagande »,
et s’appelle désormais « section du Christ dans la banlieue au
sein de l’ODPN » ; elle se consacre aux
relations avec les pouvoirs publics et à l’édition d’affiches et de tracts.
Parmi ses actions, deux opérations publiques :
- le rassemblement à la cathédrale Saint-Jean pour le Bimillénaire de
Lyon en mai 1958, occasion pour le cardinal Gerlier de tracer l’histoire de
l’évangélisation de la ville,
- l’exposition au Palais de la Bourse puis au Palais de la Foire pour le
Congrès eucharistique de juillet 1959.
Puis cette section devient la
« commission de l’information » de l’Office, chargée du journal Paroisses
nouvelles (1961) avec la participation de « curés-bâtisseurs ».
DOCUMENTS
- LHANDE Pierre,
1927, Le Christ dans la banlieue, Enquête sur la vie religieuse dans les
milieux ouvriers de la banlieue de Paris
(voir en
« sociologie pastorale » la notice sur Pierre LHANDE)
- Semaine
religieuse du diocèse de Lyon, 1936, pp.58-59
- CHALABI Mary
Annick, 2009, Les
églises paroissiales construites dans la seconde moitié du XXe siècle et leur
devenir : l’exemple de Lyon, In Situ,
n°11, revue du ministère de la culture
- CHATELAN Olivier,
2009, Les
Catholiques et la croissance urbaine dans l’agglomération lyonnaise pendant les
Trente Glorieuses (1945-1975), en particulier chapitre
introductif, II/A/2
- Voir paroisse de Eglise de la Sainte-Famille de Villeurbanne