musée du diocèse de lyon

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le congrès marial de lyon 1900

 

 

Le premier congrès marial français se tint à Lyon du 5 au 8 septembre 1900. L'histoire en est curieuse. Les congrès eucharistiques, fondés en 1883, devenaient une institution régulière et, en 1893, l'abbé Dominique Sire, professeur au séminaire de Saint-Sulpice, suggéra au cardinal Langénieux, archevêque de Reims, d'organiser en sa cathédrale, symbole national, un congrès semblable en l'honneur de la Vierge. Il n'y eut pas de suite. Or, en Italie, d'autres avaient la même idée et, en 1895, un congrès marial se tint à Livourne, puis un autre à Florence en 1897, et à Turin en septembre 1898. Un peu déçu de voir son idée reprise ailleurs, l'abbé Sire revint à la charge, en octobre suivant, auprès du cardinal Langénieux qui ne s'y intéressa pas davantage. Mais, en novembre de la même année, le chanoine Pillet, doyen de la Faculté de théologie de Lille, qui avait assisté au congrès de Turin et ignorait les tentatives de Sire, profita du Congrès des Catholiques du Nord et du Pas-de-Calais pour lancer l'idée d'un congrès marial en France; quelques jours après, il récidiva au Congrès National Catholique de Paris.

 

Sire et Pillet s'entendirent alors pour travailler ensemble. Devant le silence obstiné de Reims, encore une fois sollicité en décembre, Sire se tourna vers Lyon. Le 28 janvier 1899, il écrivit au Cardinal Coullié pour lui demander d'organiser en l'église de Fourvière, solennellement consacrée en juin 1896, le premier "congrès marial international" en l'honneur de la Vierge, et lui proposa l'aide de comités de travail parisien et lillois.

 

Il semble qu'à l'archevêché de Lyon on fut surpris de la proposition et qu'on se sentit tout à la fois intéressé et favorable, mais aussi intimidé par l'ampleur de l'entreprise. Une correspondance en ce sens de Monseigneur Déchelette, évêque auxiliaire, puis du cardinal lui-même, occupa plusieurs mois. Enfin, le 14 juin, l'archevêque donna à l'abbé Sire son accord.

 

Sans difficulté, ce dernier obtint promesse d'assistance auprès des oblats de Marie Immaculée, des maristes, des dominicains, des jésuites cependant que, dans le clergé lyonnais, on commençait d'y penser. Pour consolider le projet et pour lui donner toute sa publicité et toute son étendue, en août 1899, au Congrès eucharistique de Lourdes, un oblat, le père Lemins, annonça la tenue d'un congrès marial à Lyon, l'année suivante, et un prêtre belge, l'abbé Schyrgens, fit approuver l'idée que ce devrait être un congrès « international » et même « mondial, c'est-à-dire catholique ».

 

La machine est lancée. En septembre, une réunion de travail assembla à l'archevêché, autour des trois vicaires généraux, les abbés Sire et Pillet, et le père Petitalot, provincial des maristes. Les grandes décisions furent prises : direction générale confiée à Monseigneur Vindry, vicaire général, création d'un comité réparti en trois sections, etc. C'est l'abbé Sire, encore, qui fit adopter l'idée de clore le congrès par le couronnement solennel de la statue de la Vierge, due au sculpteur Millefaut, qui devait être placée sous le ciborium de la basilique, le 8 décembre suivant.

 

Dès lors, tout le monde se mit au travail, et des articles, dans la Semaine religieuse, naturellement, mais aussi dans la presse catholique française, tinrent le public informé.

 

Le Congrès se tint donc du 5 au 8 septembre 1900. Sans avoir le titre officiel de congrès international (il n'y eut pas de légat), ni même national, il n'en réunit pas moins 23 archevêques et évêques français, 4 évêques étrangers, et 3 évêques missionnaires. Outre les discours d'usage, on entendit des communications sur la piété mariale dans 31 diocèses français et 10 pays étrangers, ainsi que 50 monographies sur le même sujet relatives à des ordres religieux. Le couronnement de la Vierge se fit, en clôture, le 8 septembre, avec bénédiction de la ville et illumination. Deux gros volumes de comptes-rendus gardent le souvenir du tout

 

Cette grande manifestation lyonnaise, due à des initiatives extérieures, marquait, dans son domaine, la place que la ville tenait en France sous beaucoup d'autres aspects.

 

Henri Hours

Eglise à Lyon, 2000, n°15