les congres
diocésains
de 1907 à 1912
La politique de ralliement à la République, recommandée par Léon XIII
aux catholiques français, avait fait long feu : le moment n'était pas venu.
Prenant acte de la situation, Pie X préconisa une nouvelle ligne, dite de
« concentration religieuse » : au lieu de s'épuiser en de vains
combats politiques, l'action catholique, comme
on commençait de dire, tout en défendant les institutions essentielles, au premier
rang desquelles l'enseignement, devait
concentrer ses efforts sur l'organisation des fidèles en œuvres et institutions
capables d'augmenter et de répandre la foi, de mettre en pratique la justice et
la charité dans la vie sociale. Dans toute la France les associations se
multiplièrent, que des congrès diocésains réunirent pour informer, encourager,
orienter.
A Lyon, l'initiative vint de Saint-Etienne où, dès 1901, s'était constitué
autour d'Auguste Prénat un « Comité de défense
sociale et religieuse du département de la Loire ». Par ses soins se tint
du 4 au 7 avril 1907 un « Premier congrès général des catholiques de la
Loire », bien entendu sous la présidence du cardinal Coullié.
Enseignement libre, éducation de la piété,
œuvre sociales et syndicales constituaient les trois grands thèmes entre
lesquels se répartissaient les cinquante interventions. L'ensemble était assez
foisonnant : on avait voulu toucher au plus grand nombre possible de questions, pour donner une
idée des ressources existantes et des actions possibles. Associations de pères
de familles, œuvre des projections lumineuses, retraites agricoles, œuvre des
catéchismes, syndicats féminins : l'éventail était grand ouvert. On avait fait
venir des personnages connus, comme J.Zirnheld, les
abbés Desgrange et Tellier de Poncheville.
Il y avait là de nombreux prêtres stéphanois et des laïcs, notables : Auguste Prénat, bien entendu, mais aussi MM. Tézenas
du Montcel, Poncetton, de Jerphanion, de Gatellier. De Lyon
étaient venus M.Gonin, A.Crétinon,
J.Touret, Mlle Rochebillard,
qui accentuèrent encore la teinte catholique-sociale de la réunion.
Aiguillonné, le cardinal créa dans l'année une
DIRECTION DIOCESAINE DES ŒUVRES, qu'il confia le 15 juillet à l'abbé Marnas, avec mission de
prendre en mains les congrès. Du 10 au 12 mars 1908, se tint donc à Lyon le premier congrès
diocésain des œuvres, consacré à l'organisation
des catholiques : informations sur les réalisations en France et à l'étranger, examen des
projets pour le diocèse, avec un regard particulier sur la diffusion de la
presse. Parmi les orateurs, quelques noms connus à Lyon: J.Lucien-Brun, L.Neyrand, A.Poidebard.
Sans qu'on puisse dire, certes, que l'inspiration catholique sociale eût été
abandonnée (les sujets traités ne se prêtaient pas à ce genre de commentaire),
prise en mains et recentrement étaient visibles.
Le congrès suivant se réunit encore à Lyon, du 22 au 24 février
1910, et aborda l'examen des œuvres eucharistiques, d'enseignement et
d'éducation, de charité. Plusieurs vœux et rapports concernaient l'œuvre des
cercles. On entendit le P.Leroy, venu de l'Action Populaire de Reims. De
Gabriel Perrin à A.Prénat, de Mme Lestra et
de la Comtesse Desvernay à E.Fougère, de J.Lucien-Brun
à A.Crétinon, les tendances les
plus diverses étaient représentées, avec toutefois une prédominance légère,
mais visible, des éléments conservateurs.
En 1912, du 27 au 29 février, de telles
questions ne se posaient plus guère. D'une part, tenu à Saint-Etienne, le congrès
rétablissait un juste équilibre géographique au profit des Stéphanois, un peu
laissés au second plan dans les deux sessions précédentes. D'autre part, les
noms « marqués » disparaissaient de la liste des intervenants, ne
laissant en vedette que ceux qui étaient attachés à la défense strictement
religieuse, comme A.Prénat (le seul à être présent depuis le début), Ch.Jacquier,
L.Neyrand. Les rapports, moins nombreux, portèrent sur l'organisation de
l'action catholique, l'instruction religieuse et l'éducation de la foi,
l'enseignement libre.
Cette fois, on était bien sur la ligne que
désirait Pie X, mais on ne savait pas qu'il n'y aurait pas d'autre congrès, la guerre allait
tout arrêter.
Henri
HOURS
Eglise à Lyon, 1991, n°21