Adresse du Conseil
Presbytéral
au Pape Jean-Paul
II
1986
LUNDI 6 OCTOBRE
Très
Saint-Père,
Vous
avez devant vous une cinquantaine de prêtres qui composent le Conseil du
Presbyterium. La moitié d’entre eux ont été élus par les 900 prêtres du
diocèse. Si vous étiez venu l’an dernier, nous n’aurions pas été là pour vous
accueillir. Car nous fêtons notre premier anniversaire.
Pendant
environ 10 ans, il semblait difficile de reconstituer un Conseil presbytéral.
Une première tentative avait échoué au sein des profondes perturbations qu’a
connues la société française aux alentours de 1968-1970.
Nous
avons vécu douloureusement la décision de ceux qui ont quitté le ministère
d’autant que, plus d’une fois, nous partagions les questions qu’ils portaient.
Dans
ce contexte nos différences d’orientation apostolique, notre diversité dans la
façon de concevoir la vie du prêtre nous semblaient surtout divergentes voire
contradictoires. Aujourd’hui nous voyons mieux que cette diversité doit d’abord
être une richesse ; et maintenant le nouveau Conseil Presbytéral a 11 mois
d’existence.
Nous
voulons rappeler en ce moment la journée où nous avions invité tous les prêtres
du diocèse. 260 ont pu venir. Certes la diversité dont nous venons de parler
s’est manifestée. Cependant ce qui a dominé le climat de cette journée c’était
la joie d’être ensemble avec notre archevêque. Nous avons vécu ce partage comme
le signe d’une collaboration et d’une communion vraies, en Eglise. Vous avez pu
constater tout cela à travers le dossier que, à notre demande, vous a remis le
28 mai notre Cardinal archevêque.
Dans
cette brève intervention nous ne reprenons pas la question de l’incroyance et
de l’indifférence religieuse, qui pourtant nous tiennent à cœur, puisque le
Conseil diocésain de Pastorale vous en parle. Nous reprenons seulement quelques
axes du dossier de mai.
Chrétiens
avec tous les baptisés, nous voulons être prêtres pour eux. L’histoire récente
nous a réappris cette conviction fondamentale que les prêtres ne doivent pas
attendre que les hommes viennent à eux, mais qu’il leur faut les rejoindre là
où ils sont.
Rejoindre
les hommes là ils sont pour mieux apprécier ce qui est vital pour eux.
Rejoindre
les hommes là où ils sont pour partager leurs espérances, leurs dynamismes,
mais aussi leurs souffrances et leurs interrogations.
Rejoindre
les hommes là où ils sont pour découvrir avec eux l’appel du Christ Sauveur à
vivre les Béatitudes et à prier le Père : c’est le sommet de
l’Eucharistie.
En
somme être avec les hommes, les rejoindre là où ils sont pour les évangéliser.
Pour
rejoindre les hommes là où ils sont et célébrer avec eux la foi à partir du
plus profond de leur vie, la diversité des ministères est une richesse à
préserver et à développer : prêtres auprès des malades dans les hôpitaux,
prêtres auprès des jeunes scolaires et étudiants, prêtres pour le peuple des paroisses,
prêtres au service des mouvements de laïcs, prêtres au travail : ouvrier,
enseignant, chercheur…
Nous
sommes envoyés dans un monde où la diversité sociale et ethnique est grande. Il
nous faut donc trouver un langage et une présence adaptés à chacun. Nous sommes
en général très sensibles à ce langage et soucieux de mettre notre ministère au
service des hommes de telle manière qu’avec la lumière du Christ eux avec nous
nous avec eux puissions arriver à dire les paroles qui conviennent au même message
dans la diversité des situations. N’avons-nous pas, en effet, à l’intérieur
même de l’Eglise, à favoriser la diversité des expressions où l’on reconnaît
l’unique et même message ?
Dernier
point, qui touche à la vocation de tous les baptisés. Ils ont à cœur de
réaliser la mission qui leur incombe dans l’Eglise, d’être des témoins de la
foi dans leur milieu de vie et dans leurs responsabilités familiales,
professionnelles, sociales et politiques. Ils ont à cœur, qu’ils soient laïcs
ou prêtres, de développer ensemble différentes responsabilités ans l’Eglise
pour qu’elle réponde à sa mission de service de l’homme et de l’annonce de la
foi.
Cette
coresponsabilité entre prêtres et laïcs est manifeste dans la rencontre de ce
soir ; elle est vécue dans de nombreux mouvements, aumôneries, paroisses
et services de notre diocèse. Elle nous réjouit et dynamise notre ministère de
prêtres, même si elle provoque ici ou là incompréhension ou peur.
Cette
coresponsabilité confirme l’importance du ministère presbytéral ; et sur
ce point nous nous sommes interrogés pour savoir si nous étions assez vigoureux
dans l’appel de jeunes au ministère. Par la documentation que vous a transmise
notre archevêque, le dossier dont nous avons déjà fait mention, vous avez pu
constater que cette expérience de coresponsabilité provoque aussi certaines à
reposer la question : à quelles personnes, dans quels états de vie
l’Eglise peut-elle confier des ministères, notamment des ministères
ordonnés ?
Nous
sommes heureux d’avoir pu partager avec vous quelques-unes de nos
préoccupations. N’est-ce pas votre rôle de « maintenir entre les Eglises l’unanimité dans la foi et la communion
dans la charité ? » (Groupe des Dombes, Le Ministère de communion dans l’Eglise universelle). Oui, ensemble
nous pouvons redire : « Il y a
diversité de dons, mais c’est le même Esprit, diversité de ministères, mais
c’est le même Seigneur » (1 Cor 12/4).
Au nom du Conseil
Presbytéral :
Antoine Girardin