Marie Alain
Couturier
1897-1954
Marie Alain COUTURIER naît en 1897 à Montbrison.
Il étudie au Petit Séminaire de Montbrison.
Dès cette époque il peint, conseillé par un ami de ses parents.
Il est blessé à la guerre en 1917 ; il fréquente les Ateliers d’Arts sacrés de Maurice Denis
à Paris.
En 1925 il entre au noviciat des Dominicains et est ordonné prêtre en
1930.
En 1937 il est chargé de diriger avec un confrère dominicain, Pie Raymond
Régamey, la revue L’Art sacré fondée
deux ans plus tôt.
De 1940 à 1945 il vit en Amérique du Nord ; il enseigne à Montréal
puis à Baltimore, et rencontre des artistes exilés.
Il décède en 1954.
Il est l’auteur de peintures, aquarelles et dessins, de fresques
(chapelles de l’Institution Victor de Laprade) et de vitraux (chapelle des
Dominicaines à Vence, Notre-Dame de Paris).
Il combat l’académisme, le mimétisme en art, symbolisé pour lui par
l’architecture et la décoration de style « saint-sulpice » et
revendique l’appel aux artistes contemporains dans le domaine religieux,
quelles que soient leurs convictions philosophiques ou religieuses. Pour lui « tout art véritable est sacré. »
Il était (aussi) très sensible au fossé qui existait entre
le monde des artistes et l'Église. Il a souvent exprimé que l'Église avait une
grande part de responsabilité dans ce divorce. Il sentait ce divorce à
l'intérieur car lui-même était non seulement peintre mais, dans les Actes du
colloque, il est noté que la belle œuvre du P.Couturier fut la confection de la
revue Art sacré. Il comprend
d'autant moins ce divorce que pour lui « ce qui fait une œuvre d'art,
c'est un certain chant prodigieux que le cœur d'un homme et ses mains, ses
mains quelquefois maladroites, tirent la beauté du monde ou la joie du monde ou
du malheur du monde. Et ce chant prend alors un tel accent, que, peu à peu, les
hommes l'entendent et le suivent, des générations entières fascinées… »
(p. 29.) Ce divorce le touche d'autant plus profondément qu'il ne croit pas que
l'art mène à Dieu. Il faut donc aller vers les artistes et nouer avec eux des
liens d'amitié et de confiance pour que la soif spirituelle qui anime un
certain nombre d'entre eux puisse s'exprimer dans une commande d'Église comme
cela s'est vécu pour l'église du plateau de Passy, pour la chapelle de
Ronchamp, pour le couvent de la Tourette…
(POUSSEUR, 2005)
En effet, grâce à lui, l'église du Plateau d’Assy, construite par Novarina,
sera décorée par Fernand Léger, Jean Murçat, Germaine Richier, Jean Bazaine,
Georges Braque, Marc Chagall, Pierre Bonnard, Georges Rouault, Henri Matisse…
Sur son conseil, c’est LE CORBUSIER (architecte de l’église de Ronchamp) qui en
1952 est sollicité pour établir un projet de construction du Couvent dominicain
de La Tourette à Eveux.
Avec la revue L’Art sacré, il cherche
à donner aux séminaristes, fidèles et dirigeants de l’Eglise catholique, une
formation esthétique pour ne pas céder au conformisme ambiant, à la facilité et
au moralisme. Ainsi participe-t-il activement au débat autour de l’art
contemporain dans l’Eglise qui tournera vite à la querelle, symbolisée par les
critiques autour du Crucifix de
Germaine Richier à Assy, enlevé en 1950 puis remis en place vingt ans plus
tard :
« douloureux et grandiose,
dont les bras, démesurément ouverts, inspirent confiance et respect, et dont
l'expressionnisme pathétique se double d'une noble plasticité » pour les uns,
« image caricaturale qu'on veut faire passer
pour un crucifix, une insulte à la majesté de Dieu, un scandale pour la piété
des fidèles » inscrite dans un « plan
de destruction raisonnée de la civilisation à base chrétienne
méditerranéenne », pour les autres.
Une Instruction
du Saint Office, en date du 30 juin 1952, vient clore le débat en demandant que
l’on ne confie désormais toute création artistique dans l'Église « qu'à des hommes qui soient capables
d'exprimer une foi et une piété sincères » tout en reconnaissant que
« l'art sacré était vivant et qu'il
devait correspondre à l'esprit de son époque ».
BIBLIOGRAPHIE
1941, Art et
catholicisme (recueil d’articles)
1947, Chroniques
(recueil d’articles)
1950, Assy (coll.)
1951, Vence
(coll.)
1958, Art et liberté spirituelle (réunion des deux ouvrages Art et catholicisme et Chroniques)
1955, Discours de mariage
1956, Matisse,
Henri (1869-1954) (propos notés par…)
1962, Se garder libre
1965, Dieu et
l'Art dans une vie
1970, L'Evangile est à l'extrême
1984 La vérité, blessée
1954, Le
Père Couturier, L'Art sacré. n°9-10,
mai-juin
DOCUMENTS
- 1947, Art sacré contemporain. Catalogue de l’exposition du 13 septembre
au 20 octobre à la chapelle du lycée Ampère
-
Instruction du Saint-Office aux Ordinaires, 1952, De
Arte Sacra, 30 juin
- Hommage au Père
Couturier, forezhistoire
- Dom
Angelico SURCHAMP. Perspectives sur l’art roman, romanes.com
- LAVERGNE Sabine de, 1992, Art sacré et modernité. Les grandes années
de la revue l’Art sacré
- RINUY Paul, 2002, Le
Renouveau de l’art sacré dans les années 1945-1960 et la « querelle de
l’art sacré », eduscol, Ministère de l’éducation
-
La
revue Art sacré et l’Appel aux créateurs, croire.com, Maison Bayard
- DUFIEUX
Philippe, 2004, Le
Mythe de la primatie des Gaules : Pierre Bossan (1814-1888) et l’architecture
en Lyonnais au XIXe siècle
-
BLANCHY Laura, 2004, Les
Expositions d’art contemporain dans les
lieux de culte, google.books
- LYON Antoine (éd.), 2005, Marie-Alain Couturier. Un combat pour l’art
sacré. Actes du colloque de Nice 2004
recension R.POUSSEUR dans Esprit&Vie
- COTTIN Jérôme, 2008, Art
contemporain et christianisme, Evangile
et Liberté, n°17
- SAINT-MARTIN Isabelle, 2008, Du
spirituel dans l’art du XXème siècle, Archives
de Sciences Sociales des Religions, n°114, pp. 125-139
- SAINT-MARTIN Isabelle, 2010, Figures du religieux dans l'art
contemporain, www.enseignement-et-religions.org/
- CAUSSE Françoise, 2010, La revue « L’Art sacré »,
le débat en France sur l’art et la religion (1945-1954)
recension dans Narthex
recension dans Esprit&Vie
- Cercle lyonnais
des amis de Gleizes
- voir les notices sur René-Maria BURLET, Andrée LE COULTRE, Louis THOMAS, Camille NIOGRET, LE CORBUSIER…
g.decourt