quête pour les ouvriers sans travail
1865
Lyon, le 7 avril 1865.
Nos chers coopérateurs,
La charité nous presse de remplir, à l'égard
des pauvres ouvriers de notre diocèse, un devoir dont les fidèles attendent de
nous l'accomplissement.
Des circonstances diverses ont ralenti
l'activité du travail dans nos villes ; elles l'ont fait même entièrement
cesser dans certaines branches d'industries : de là une détresse dans la classe
ouvrière, qui s'aggrave tous les jours, sans qu'on puisse en prévoir le terme.
Beaucoup de familles sont dans la plus profonde misère. Elles n'avaient pas
l'habitude de réclamer les secours de la bienfaisance ; mais aujourd'hui,
surmontant la honte qui les retenait, elles frappent à la porte du riche, et
implorent pour elles et pour leurs enfants la pitié de ceux que la Providence a
comblés de ses dons.
Nous savons bien que les œuvres de
charité se multiplient sous toutes les formes dans notre diocèse ; mais il est
des jours de pénurie où il faut faire taire toutes autres considérations, pour
n'écouter que son cœur et faire un effort suprême pour secourir ceux qui sont
nos frères, et dont les souffrances doivent être nos souffrances, leurs
privations nos privations.
Ce sont là, nos chers coopérateurs, vos
sentiments : aussi nous n'avons pas besoin de faire un long appel à votre
commisération en faveur des pauvres que vous respectez, que vous aimez et que
tous les jours vous soulagez. Vous n'avez d'ailleurs qu'à jeter un regard
autour de vous pour comprendre ce que vous devez faire pour secourir la misère.
En conséquence, il sera fait dans
toutes les paroisses du diocèse, le dimanche de Quasimodo, à toutes les messes
et à vêpres, une quête pour les ouvriers victimes de la crise industrielle.
Vous enverrez sans délai à notre Secrétariat le produit des quêtes, sans en
rien distraire pour quelque œuvre que ce soit.
Pour la répartition des sommes qui nous
seront envoyées, nous formerons à Lyon une commission composée de cinq curés de
la ville, à laquelle nous prierons MM. les maires des cinq arrondissements de
vouloir bien s'adjoindre. Nous présiderons cette commission.
Nous
porterons à la connaissance de M. le Sénateur le chiffre des sommes que nous
aurons recueillies.
Cette
lettre sera lue en chaire dans toutes les églises de notre diocèse, le jour de
Pâques, avant le sermon de vêpres, ou le matin avant la grand'messe, si MM. les
curés le préfèrent.
Agréez,
nos chers coopérateurs, l'assurance de notre sincère attachement.
† L.-J. card. DE
BONALD,
Arch. de Lyon.
SOURCE :
- La
Semaine religieuse de Lyon, d’Autun et de la Province, 22 avril 1865