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Auguste CHOLAT, L’Effort chrétien, n°1

Auguste CHOLAT, « Vers l’Eglise libre », n°6

Albert LECLÈRE, Examinons notre Conscience, n°20

● Marcel RIFAUX, Deux courants, n°24

● à propos des paroles de Pie X sur les associations cultuelles, Bulletin politique, n°43, 17 juillet 1906

à propos des paroles de Pie X sur la loi de séparation, Bulletin politique, n°65, 18 janvier 1907

présentation de l’enquête du Dr Marcel Rifaux, Les Conditions du retour au Catholicisme, n°72 08 mars 1907

Auguste CHOLAT, Enquête sur l’Enseignement Supérieur libre, n°34 à 52

 

 

 

 

 

Auguste CHOLAT, L’Effort chrétien, n°1

 

 

« Se rendre compte d’abord, bien voir où l’on en est et où l’on va, agir ensuite et lutter, voilà, aujourd’hui plus que jamais, le devoir des âmes viriles ». Tel est le programme que traçait, en 1876, le clairvoyant évêque d’Orléans, Mgr Dupanloup. Ceux qui on suivi avec quelque attention l’histoire de ces dernières années sont bien obligés d’avouer que si la France catholique traverse à l’heure actuelle une crise redoutable, c’est que ces conseils n’ont peut-être pas été suffisamment compris. On a agi beaucoup, on a créé des œuvres de toute sorte, on a lancé de grandes organisations politiques, des fédérations qui semblaient puissantes et bien outillées et le résultat de toute cette activité a été un échec. On avait oublié qu’il ne suffit pas d’avoir de la bonne volonté, d’ouvrir largement sa bourse et même de lutter avec courage ; pour que l’action soit féconde, il faut qu’elle soit précédée et contrôlée par la réflexion et l’observation, il faut qu’elle soit basée sur la critique.

 

Au lieu de se demander si toutes nos œuvres étaient également utiles, si l’on ne s’était pas occupé beaucoup moins de la qualité de l’enseignement moral et religieux que de sa diffusion, si nos méthodes étaiebt encoré fécondes, si même elles n’étaient pas parfois mauvaises en nous empêchant de comptendre les autres et d’en être compris, si enfin la cause du mal n’était pas en nous surtout, dans notre ignorance et notre égoïsme, on a préféré, sous prétexte qu’il fallait parer au plus pressé, fermer la bouche aux observateurs trop impartiaux, dont les malencontreuses critiques auraient pu troubler des habitudes et des intérêts. On a organisé contre ceux qui s’obstinaient à parler un système de calomnies savamment distillées, on les a dénoncés par des pamphlets retentissants à la haine aveugle de leurs frères. Il en est résulté que la critique est partout, non la critique loyale et franche, qui se fait au grand jour et profite à tous, mais cette critique pleine d’aigreur, qui se cache et qui, celle-là vraiment, est corrosive.

 

Il faut parer au plus pressé, c’est entendu. Mais à condition de se souvenir qu’à vouloir conduire des consciences comme un régiment, on risque d’anéantir toute initiative et toute vie, et que ce n’est pas dans les époques de tranquillité qu’on se renouvelle, mais dans les temps de luttes et d’épreuves.

 

Il est difficile de ne pas reconnaître quelles réserves de vie morale et d’énergie le catholicisme représente actuellement en France. S’il y a des catholiques pour qui la religion n’est autre chose qu’une couleur politique, il y en a encore beaucoup pour qui elle est vraiment une direction, un sens donné à la vie. Nombreux sont ceux qui n’ont pas hésité à briser un avenir plein de promesses pour obéir à leur conscience et rester fidèle à leurs convictions. Nombreuses sont les familles chrétiennes où se conservent jalousement d’anciennes traditions d’honneur, de dévouement et de bonté. Il n’en est que plus douloureux d’être obligé d’avouer que leur action publique ne correspond guère à leurs vertus privées. De ces organismes encore intacts devraient sortir des individualités influentes, fortes des traditions qu’elles représentent et merveilleusement adaptées pour faciliter l’évolution d’une société en transformation. Pourquoi faut-il qu’ils soient au contraire repliés sur eux-mêmes, inutiles censeurs ?

 

C’est sur les institutions, disent-ils, qu’il faut rejeter la responsabilité des événements, et il est certain qu’elles ne sont pas sans exercer une action très réelle sur les individus, mais elles ne les annihilent pas, et elles sont précisément bonnes ou mauvaises suivant ce que valent les individus eux-mêmes. Qu’on ne vienne donc pas nous dire qu’il suffit de changer les institutions pour transformer les hommes et les rendre meilleurs sans effort de leur part. Ce qui est vrai, c’est que ce sont les hommes qu’il faut changer en leur apprenant à se débarrasser des préjugés de tout ordre, à regarder en face la réalité et à comprendre qu’ils n’ont pas le droit de gaspiller leur vie.

 

Trop de chrétiens ont peut-être oublié que leur mission propre n’est pas de gouverner le monde, mais qu’il leur a été dit : « Vous êtes le sel de la terre : si le sel s’affadit, avec quoi le salera-t-on ? Il n’est plus bon qu’à être jeté dehors, pour être foulé aux pieds par les hommes ».

 

Rendre vivante en soi l’idée chrétienne pour la faire pénétrer partout, peut-il y avoir œuvre plus urgente, à une époque où les questions les plus graves et les plus vitales sont anxieusement discutées ? Peut-on différer, alors que l’avenir moral de l’humanité est en jeu ? Peut-on s’abstenir, quand l’abstention serait un aveu d’impuissance et une abdication ? C’est une question de vie ou de mort : ou la pensée chrétienne reprendra sa place à la tête de la civilisation et son influence bienfaisante sur les esprits, ou l’évolution de l’humanité se fera en dehors d’elle et contre elle.

 

Pour collaborer utilement à cette œuvre de régénération et de vie, pour être ce ferment dont a besoin la société moderne, il faut, aujourd’hui plus que jamais, travailler sans relâche. On a eu raison de dire que les sociétés démocratiques ont besoin de plus de vertu, plus d’énergie, plus d’initiative ; on peut ajouter que les progrès de la science exigent plus d’instruction, plus d’aptitude à renouveler ses méthodes. Il est donc souverainement important d’imprimer à l’effort une direction qui le rende fécond et pour cela, il faut observer et réfléchir, il faut connaître les besoins de son époque et en même temps rester largement ouvert à toutes les tentatives généreuses, à toutes les idées élevées, de quelque point de l’horizon qu’elles viennent.

 

Il est réconfortant de penser que de plus en plus nombreux sont ceux qui, parmi nous, comprennent la nécessité de cette effort d’intelligence et de sympathie. Au point de vue social aussi bien qu’au point de vue intellectuel, dans le clergé et parmi les laïques, il se produit depuis quelques années un renouveau de vitalité dont les conséquences peuvent être considérables. Les violences de la politique ont réussi momentanément à en détourner l’attention du public, mais les esprits avisés ne sauraient s’y tromper.

 

Par un singulier paradoxe, on a voulu, au nom de la liberté de penser, proscrire la liberté de croire ; une guerre à mort a été déclarée à la pensée chrétienne, et voici qu’elle vit d’une vie plus intense que jamais : stimulée par la lutte, elle prend une conscience plus nette d’elle-même, s’élève, se purifie de tout ce qui lui était étranger et reste encore le viatique de beaucoup.

 

Ce mouvement sera-t-il enrayé par les événements qui se préparent ? La séparation des Eglises et de l’Etat ouvrira-t-elle une période de guerre religieuse et de haine ? Ou bien l’Etat moderne comprendra-t-il que son rôle n’est pas plus de dogmatiser au nom d’une croyance que d’une négation, mais de gérer les intérêts de ses membres ? Et si l’Eglise, libre de toute compromission, devenait de moins en moins une puissance politique, de plus en plus une communion d’âmes étroitement unies par la même espérance, quels sont les chrétiens conscients, quels sont les libres-penseurs sincères qui pourraient le regretter ?

 

Le jour viendra-t-il où nous vivrons ce rêve ? Les générations qui grandissent comprendront-elles qu’au-dessus de toutes les opinions particulières peut s’établir une solidarité humaine faite de respect mutuel, de vraie tolérance et d’amour ? Pourra-t-on enfin abandonner les luttes fratricides pour coopérer vraiment au relèvement moral et matériel des déshérités de la vie ?

 

Que sera Demain ?

 

Angoissante question, et qui réclame de nous une réponse. Le présent est sombre et, sans doute, il serait insensé d’attendre un lendemain sans nuage, mais il nous appartient de contribuer, dans la mesure de nos forces, à le rendre meilleur.

 

Demain sera ce que nous le ferons.

 

 

 

 

 

Auguste CHOLAT, « Vers l’Eglise libre », n°6

 

 

C'est en ces mots que M. Julien de Narfon a résumé l'espoir des catholiques et des libéraux qui, loin de redouter la Séparation, la voient arriver avec joie, qui l'attendent comme un acte de loyauté, comme une délivrance. Combien sont-ils ceux-là ? Une poignée, ou bien une foule, ignorante de son nombre et de sa force; qui le dira ? Il semble qu'à l'heure actuelle le pays se désintéresse d'un événement qui sera peut-être, du siècle nouveau, le plus grave, le plus fécond.

 

Chacun sait que la loi sera votée bientôt, que désormais toutes les protestations  seront vaines ; pourquoi ferait-on au Sénat l'honneur de lire des discours déjà prononcés à la Chambre ; la Haute Assemblée n'a-t-elle pas son siège fait ?

 

Et puis, la Séparation attriste trop de gens. Les  prêtres voient avec peine arriver les difficultés matérielles et s'en aller l'ancienne routine qui leur fut si secourable : il leur faudra maintenant employer des méthodes nouvelles et les renouveler sans cesse, appuyer leur ministère sur des cadres neufs, ne plus compter enfin sur leur qualité de fonctionnaires, mais sur leur prédication morale et leur vie, pour justifier leur action sur les âmes.

 

Pour les protestants, l'approche de la rupture a  fait naître un état de profond malaise et d'anxiété, qui s'est fait jour au Synode général officieux de Reims et s'est traduit par les discussions de ces derniers mois. L'union avec l'Etat était, pour le protestantisme français, la seule manière de conserver l'unité entre les orthodoxes qui se rattachent aux Synodes officieux et veulent maintenir dans son intégrité la déclaration de foi de 1872, les libéraux, adversaires de toute confession doctrinale et le parti du centre, qui fit naître, au sein même de la droite, le Synode d'Anduze (1879). L'union rompue, les protestants seront laissés à la logique du libre examen : l'émiettement.

 

De leur côté, les républicains marchent sans enthousiasme vers une solution à laquelle ils se sont vus acculer et qui reste pour eux l'inconnu. Comment désormais persécuter une Eglise débarrassée d'entraves, sans aboutir à une lutte religieuse, à une guerre civile, dont il est difficile de prévoir l'issue; et certains rêvent déjà de nouvelles chaînes : quelque bon règlement d'administration publique, ou même quelque nouvelle loi habilement forgée. Certains autres, comme MM. Monis et Clemenceau, trouvent insuffisante la première étape que représente le projet de loi : ils voudraient supprimer toute période de transition et faire dès maintenant une séparation radicale et complète. L'article 4 surtout est leur cauchemar : ils ne peuvent admettre que, pour la dévolution des biens, l'Etat tienne compte de l'avis des évêques, ce qui leur semble une porte habilement ouverte à une entente officieuse avec l'Eglise. D'autres enfin pensent que la liberté fera naître ce parti clérical que le Concordat a toujours étouffé. Ils savent que depuis trente-cinq ans il y a parmi les catholiques français, non seulement pour les questions dogmatiques, mais pour les plus infimes minuties, une véritable surenchère de loyalisme romain, qui se traduira par une centralisation excessive et qui rendra peut-être inefficace la bienfaisante action des éléments libéraux. Leurs regards restent tournés vers cette glorieuse histoire de l'Eglise gallicane, qui est une partie inaliénable du patrimoine national ; volontiers, ils diraient avec M. Clemenceau : « Je ne veux pas d'associations cultuelles dont un Bossuet serait exclu. » Mais ils n'osent parler, car chez eux aussi il y a surenchère - surenchère d'anticléricalisme - et ils craignent de manquer le train. Ou bien s'ils parlent,  c'est trop tard, et il importe peu qu'ils se voilent la face et scindent leurs habits.

 

Pour recueillir cette impression de tristesse, il  faut lire la brochure que vient de publier un ancien  disciple et ami de M. Waldeck-Rousseau, un vieux-républicain s'il en fût, M. J.-B. Galley ; il faut  la lire parallèlement au livre de M. de Narfon, auquel elle semble faire écho : «Que, demain, l'Eglise soit plus forte, je dis que c'est l'évidence...

 

« Les catholiques ont toujours craint de susciter  une dissension dans l'Eglise et de donner au pouvoir civil une occasion d'intervenir et aux impies  une occasion de se réjouir. Et on pourrait espérer qu'il va s'éveiller demain quelque sentiment d'individualisme local, de personnalité religieuse, que  l'épiscopat devra ménager ? C'est bien plutôt le contraire qui se manifestera... »

 

« ...Les congrégations romaines auront désormais, dans la main, les évêchés de France, comme le ministre de l'Intérieur ses préfectures. Dans cette hiérarchie catholique personne ne parlera plus des bureaux de la rue Bellechasse. C'est à Rome que sera la toute puissante direction » (p. 78).

 

Combien de républicains pensent tout bas ce que M. Galley vient de dire tout haut. Faire une Séparation libérale, comme on est en train de la faire, c'est enlever à l'Etat toutes ses garanties, lui donnant l'unique et ridicule compensation de la suppression du budget des cultes. Mais, d'autre part, ne pas la faire libérale, c'est trahir l'idéal républicain lui-même, en trahissant la liberté !

 

C'est le dilemme, l'inéluctable dilemme. Vers l'Eglise libre !... Parmi les murmures des intérêts et des craintes, c'est le cri de la confiance en l'avenir que jette ce titre. Pusillanimes, pourquoi donc craignez-vous ? Que petite est votre foi : vous, en l'Eglise, et vous, en la liberté ? Catholiques, vous vous étonnez d'être libres, vous vous lamentez de n'être plus enchaînés, vous vous demandez de quoi seront vêtus vos prêtres, de quoi ils se nourriront, lorsqu'ils ne seront plus salariés par vos ennemis ; ne savez-vous pas quelle puissante génératrice d'énergie est la pauvreté ? La prière et l'amour n'ont pas besoin de vos  somptueuses basiliques. Oubliez-vous qu'il n'est pas au pouvoir de l'homme de lier la parole de Dieu ? Ouvrez les yeux et voyez dans quelle direction marche l'humanité : la liberté est désormais votre seule sauvegarde ; recevez-la avec joie, comme la charte commune, intangible, de l'avenir, acceptez  en toutes les conséquences, aimez-la avec passion.

 

On vous dira que nous ne sommes pas prêts à cette séparation, que nous manquons d'initiative, que nous sommes gent moutonnière. Vous répondrez en faisant effort pour acquérir les mœurs des hommes libres. On vous dira « qu'un peuple ne va pas impunément à l'encontre de ses traditions historiques » et vous répondrez : Un peuple ne se raidit pas impunément contre le sens de son évolution. Le sens de notre évolution à nous, le sens de l'évolution qui peu à peu entraînera l'humanité tout entière, c'est la séparation de plus en plus complète et radicale des choses de la religion et de celles de la politique. Certes, il est préférable que cette évolution soit lente et progressive, mais de quelque façon que les étapes en soient franchies, ce serait folie que de vouloir revenir en arrière.

 

Quant aux républicains, d'où pourraient venir leurs appréhensions ? Craindraient-ils que l'Eglise ne redevienne toute-puissante et ne refuse ensuite aux autres cette liberté qui aurait fait sa force ? Crainte vaine : le temps n'est plus où, par l'action politique, l'Eglise pourrait retrouver l'influence qu'elle a perdue ; de plus en plus elle comprend la nécessité de ne pas compromettre son action propre dans les combinaisons de la politique. Si l'influence du catholicisme doit augmenter, ce ne sera que par ses renouvellements intellectuels et moraux, garants d'une mentalité nouvelle : essentiellement progressive, et dont la liberté n'aura rien à redouter. Combien y a-t-il encore de catholiques pour défendre l'inquisition ? Combien, après le voyage du roi d'Italie à Bologne, pour revendiquer encore le pouvoir temporel ? Peut-être le temps n'est-il pas éloigné où, chez nous, comme en Amérique, personne ne doutera de la sincérité des catholiques lorsqu'ils se placeront sous l'égide de la liberté.

 

Certes, ce sera toujours l'honneur de l'Eglise du Christ d'avoir affirmé constamment la supériorité du domaine spirituel sur le domaine temporel, mais cette vérité a pu avoir dans un état social différent du nôtre des applications désormais périmées : le droit qu'en ont voulu tirer certains papes de déposer les souverains, n'a plus pour nous qu'un intérêt historique. Nous sommes sur ce point de l'avis de Fénelon écrivant pour le duc de Bourgogne : « Le .prince est laïque et soumis aux pasteurs pour le spirituel comme le dernier laïque, s'il veut être chrétien. Les pasteurs sont soumis aux princes pour le temporel, comme les derniers sujets : ils doivent l'exemple. » N'est-ce pas là la paraphrase du précepte : « Rendez à César ce qui est à César » ? Et quel sens peut donc avoir pour nous cette affirmation de la supériorité du spirituel sur le temporel sinon que rien ne prévaut contre la loi de la conscience ? Comprendre et prêcher ainsi la dignité souveraine de la conscience humaine, n'est-ce pas prêcher le respect non seulement de sa conscience propre, mais de toutes les consciences sincères, n'est-ce pas travailler à cette grande fraternité des âmes, source de la vraie tolérance et de la vraie liberté ?

 

Un savant catholique, dont la loyauté et la modération sont connues de tous, M. Alfred Baudrillart, conclut ainsi son plaidoyer pour le Concordat : « Il en sera de la loi sur la Séparation comme de la loi sur les associations religieuses ; tous ceux qui ont cru à un degré quelconque à la bonne foi du gouvernement en ont été les dupes et les victimes ; si les catholiques peuvent passer à travers les mailles de la loi, on resserrera les mailles et voilà tout. Nous savons comment fonctionne la machine législative et quelles garanties peuvent présenter des lois que l'on modifie chaque jour au gré des passions de la majorité. Donc ce sera la persécution et la guerre. »

 

A ces paroles, certains républicains de gauche, dont je parlais tout à l'heure, semblent bien vouloir donner raison ; s'ils désirent voir voter au plus tôt le projet relativement libéral adopté par la Chambre des députés, c'est avec l'arrière-pensée qu'il sera dans la suite aggravé. M. Henry Bérenger, par exemple, ne se lasse pas de nous avertir que ce projet n'est qu'une première étape et que « la bataille ne fait que commencer ». La majorité qui sera bientôt envoyée au Parlement suivra-t-elle ces violents ? C'est possible : les violents ont souvent raison des timides. Mais M. Baudrillart croit-il qu'il ne serait pas aussi facile à une majorité sectaire de molester les catholiques sous le régime concordataire ?

 

Ce qui est vrai, c'est que la manière dont seront traités les catholiques dépendra, pour une bonne part, de leur conduite après la Séparation. S'ils renoncent une bonne fois à la chimère d'un parti politique confessionnel, s'ils font ce qui est en eux pour introduire dans l'esprit public la distinction des intérêts temporels et de la religion, s'ils comprennent les exemples de simplicité chrétienne et de bonté d'un Pape, qui n'est peut-être ni un profond politique, ni un grand savant, mais dont l'ambition est d'être le serviteur de ses frères les plus humbles, s'ils se consacrent de plus en plus au soulagement de ceux qui souffrent, ils auront vite fait de gagner la sympathie de tous les esprits libéraux et, peu à peu, une détente se produira dans ce pays trop longtemps divisé par la haine. L'Eglise pourra reprendre auprès de tous son action bienfaisante ; les petits redeviendront son point d'appui ; elle ne rêvera plus d'occuper une place officielle, ni de haranguer des ministres : elle sera pauvre, mais libre.

 

 

 

 

 

Albert LECLÈRE, professeur à l'Université de Berne, Examinons notre Conscience, n°20

 

 

Le sentiment qui me pousse à envoyer à Demain ce court article, c'est l'étonnement où je suis de ne voir presque jamais indiquée, ou de .voir reléguée au second plan par ceux qui l'indiquent, la cause principale de tous les malheurs dont souffre actuellement l'Eglise catholique.

 

On accuse la paresse d'esprit de ceux qui s'attachent à outrance à tout ce qui n'est pas indispensable à l'orthodoxie, à ce qui peut faire croire la foi hostile à la raison ; on n'a pas tort en ceci, mais ce mal n'est pas le plus grave.

 

On accuse encore l'orgueil et la fantaisie de ceux qui modernisent en théologie ; on n'a pas toujours tort, mais ce mal est assez léger, car il n'est guère de novateurs dangereux. Beaucoup de ceux qui semblent tels sont plutôt mal compris.

 

On accuse surtout la haine des ennemis de l'Eglise, du christianisme, de toutes religions. Certes, cette haine existe, souvent brutale, féroce même, autant qu'absurde. Mais ce mal, plus réel que les deux premiers, n'est pas encore le plus effrayant.

 

Le plus effrayant, le voici. Dussé-je faire sourire, et bien que n'ayant aucun titre à prêcher les autres, je ne crains pas de l'affirmer : nous souffrons par dessus tout de la diminution du nombre des saints. C'est cela que notre Religion a pour raison suprême de produire, et il y en a moins que jadis.

 

Est-il juste de reprocher si amèrement à nos adversaires la conduite qu'ils tiennent à notre égard ? D'abord, souffrons-nous bien profondément de la situation qui nous est faite ? Je vois en nous beaucoup de colère, mais la colère n'est pas l'indignation. Je vois en nous beaucoup de haine et une grande disposition à la violence ; c'est comme si, de l'Evangile, nous avions retenu surtout le passage où on lit que Jésus chassa les vendeurs du Temple et oublié à peu près le reste, à commencer par le crucifiement. Notre unique raison d'être, dans ce monde, est pourtant d'y vivre autrement que les autres. Leur empruntons-nous, à ces autres, ces manières de parler et d'agir que notre religion condamne plus sévèrement encore que ne fait la raison ? C'est en vain, dès lors, que nous revendiquons notre droit à exister. Car valons-nous la peine que nous prendrions pour nous défendre, si nous sommes devenus semblables à ceux que nous blâmons, si nous nous défendons comme ils attaquent ? Ceux d'entre nous qui, en ce moment même, ne perdent aucune occasion de s'amuser, ont-ils une douleur sincère des souffrances de l'Eglise ? Comment la sauver, disent-ils ? C'est très simple. On sera capable et digne de la sauver quand, convaincu qu'elle souffre parce qu'on a trop peu fait soi-même pour elle et parce qu'on a perdu, ou à peu près, le sens chrétien, on sentira le désir violent, effectif, d'une vraie conversion. C'est se moquer que de dire: « Je veux que l'Eglise vive », et de se refuser à faire vivre d'abord le christianisme dans son âme propre. La première condition du triomphe de la foi dans le monde, en grand, c'est le triomphe de cette foi dans les individus qui la prétendent posséder. Qu'il est inepte et lâche d'attendre ce triomphe de l'appui des gouvernements, qui ont d'ailleurs des fins toutes différentes et dont tout l'effort ne pourrait produire de la véritable foi gros comme un grain de sénevé ! Si l'on est à tel point désemparé quand manque cet appui extérieur et factice, c'est vraisemblablement que l'on voudrait voir la foi victorieuse sans sérieusement combattre soi-même pour elle. Et pourquoi veut-on cependant sa victoire ? Serait-ce, ô honte ! afin surtout qu'elle contribuât à conserver un ordre social dont on se trouve assez bien ? A l'origine de tous les grands mouvements de rénovation religieuse ou nationale, que voit-on ? Des épidémies d'héroïsme.

 

Et  l'on voudrait le maintien, la diffusion de la religion du sacrifice par des moyens autres que l'héroïsme ? Modifier quelques élections, organiser quelques bagarres, c'est trop peu pour sauver l'Eglise du Christ, en vérité ! Il est étrange aussi que l'on oublie à tel point que la persécution promise aux chrétiens comme une épreuve et comme une grâce et que les premiers triomphes de leur foi eurent précisément pour cause les défaites qui les décimaient ? Ce n'est pas pour travailler à son propre salut et à celui du christianisme dans la satisfaction béate d'une vie confortable que nous existons ; c'est pour travailler à ces deux fins dans la  souffrance. Si nous voulons y travailler autrement,  notre christianisme est un non-sens.

 

Certes, il est inexact que la vertu donne toujours la lumière et donne toute lumière ; il faut qu'elle s'appelle vertu intellectuelle, pour mener à la solution des problèmes qui touchent à la morale et à la religion elles-mêmes. Mais la vertu intellectuelle suppose cependant des vertus morales. Si nous combattons en nous l'orgueil, la paresse et la sensualité, ne serons-nous pas plus disposés à examiner sans préjugés toutes les nouveautés, à creuser notre propre pensée jusqu'à mettre à nu, en elle, les affirmations qui sont essentielles à la raison même, à rejeter toutes solutions des problèmes moraux et sociaux que nous n'admettons que par intérêt ?

 

Bref, la seule manière efficace de nous imposer au monde, c'est d'être tels que l'on nous envie, c'est d'être les chrétiens qu'en général nous ne sommes pas. On s'explique assez bien que nous soyons peu séduisants quand on remarque combien peu nous réalisons notre idéal.

 

Quel sera, dans l'avenir prochain, l'état du monde ? Quelles difficultés naîtront ? Quels problèmes se poseront ? On ne le peut dire exactement. Mais une chose est certaine, en dépit de l'universelle relativité : c'est que la sainteté, je ne dis pas seulement la sainteté individuelle, mais aussi la sainteté du saint social, sera la seule puissance capable de promouvoir la transformation du monde à laquelle on aspirera. Du renoncement, de l'héroïsme, des âmes sachant se vaincre et chercher le vrai et le bien avec une sincérité absolue, avec une entière bonne volonté : voilà ce qu'il faudra au monde pour marcher vers l'étoile, quelle qu'elle sera, à laquelle, pour reprendre une expression d'Emerson, l'humanité voudra accrocher son char. Nous savons notre Evangile assez riche pour qu'on y retrouve toujours le meilleur des idéaux inédits que l'on pourra prêcher ; ne nous laissons donc pas prévenir par d'autres inventeurs, évitons avec d'autant plus de soin de laisser faire à d'autres ce que nous pouvons faire nous-mêmes, que seul l'enthousiasme religieux peut opérer la grande rénovation dont tous sentent le besoin.  Pourquoi ce culte de l'Humanité dont on fait si grand bruit depuis  Auguste  Comte ? Parce que si la morale ne devient point une religion, c'en est fait d'elle ; nos adversaires en conviennent volontiers. Mais sont-ils propres à jouer ce rôle de prophètes et de prêtres qu'ils affectent parfois ? Où puiseront-ils la foi sans hésitation, la charité parfaite, le courage sans mesure qui sont nécessaires pour l'œuvre qu'ils rêvent ? Les faits le prouvent : sans une religion positive, sans cette inspiration à nulle autre pareille que l'on rencontre dans le christianisme, on ne possède pas ce qui est requis pour une telle œuvre. Combien vite toute religion naturelle se dissout en pure philosophie ? Donc, en définitive, le monde a besoin de nous ; nous sommes ceux dont le zèle peut être précisément celui qu'il faut avoir pour réaliser le bien qu'entrevoit la raison naturelle, mais que l'homme livré à lui-même ne peut faire descendre de l'idéalité dans les faits. Ne commettons pas le crime de refuser d'être le sel de la terre ? Ayons conscience, enfin, de notre responsabilité, qui est si engagée dans les événements que nous déplorons ; ou bien, alors, si nous sommes prêts à prendre notre parti de manquer au monde qui a besoin de notre force, à l'Eglise qui ne sera que ce que nous serons, au Christ qui ne veut point de sépulcres blanchis, à Dieu qui vomit les tièdes de sa bouche, eh ! bien, cessons donc de nous dire chrétiens et catholiques, ce sera plus franc. « Sois toi-même », a dit un philosophe; que chacun de nous médite cette parole.

 

La persécution qui, d'ailleurs, nous est annoncée, promise par l'Evangile, est un excellent réactif de la valeur des âmes ; elle fait connaître l'état des cœurs par la manière même dont ils l'accueillent. Or, puisque nous sommes étonnés par la persécution qui, pourtant, fait partie intégrante de nos destinées, et qui convient éminemment à notre qualité de fidèles d'une religion où l'élément moral est prépondérant, - car être moral, c'est accepter d'être plus souvent vaincu que vainqueur dans la lutte pour la vie, - c'est donc que nous sommes insuffisamment chrétiens, insuffisamment moraux ?

 

Un autre signe de notre infirmité, c'est l'indiscipline qui règne parmi nous, l'indépendance tapageuse que les soi-disant leaders de notre cause affichent à l'égard des pasteurs, et les incohérences de conduite de plusieurs parmi ceux-ci. Où donc avez-vous vu dans l'Encyclique que le pape approuvât les bagarres où vous vous plaisez ? « Soyez en paix, nous répond-on, les hérésies ne sont plus guère possibles ». Je le crois, car notre foi n'est plus amie des discussions théologiques, et les débats théologico-philosophiques qui nous plaisent, ne mènent pas à l'hérésie ; ils confirment dans la foi ou jettent dans l'incrédulité. Mais le schisme, le schisme stupide qui peut tenter les esprits bornés et têtus, il est à nos portes. Oh ! vainquons-le, écartons-le de nous avec d'autant plus de vigueur qu'il serait sans aucune excuse. La large liberté de pensée que l'Eglise laisse à ses fidèles rendrait absurde toute tentative pour briser la hiérarchie.

 

Si seulement les catholiques de France savaient avec quelle sévérité leur manière de résister est jugée à l'étranger.  Et quelles panacées bizarres ils inventent pour sauver l'Eglise.  Je n'ai pu lire sans stupeur, par exemple, le manifeste de l'Institut d'Action française. D'abord, l'outrecuidance avec laquelle il y est parlé de l'Université est révoltante. Alors, Messieurs, vous pensez qu'on n'a pas su travailler à l'avancement des sciences dans l'Université française ? Que tout l'immense labeur de ses mathématiciens, de ses physiciens, de ses biologistes, de ses philologues et de ses philosophes est sans valeur aucune ? Vous êtes difficiles. Et vous avez une bien haute idée de vous-mêmes, une idée que je voudrais vous voir justifier, pour vous croire capables de faire mieux qu'on n'a fait depuis cent ans dans cette Université. Vous jetez aussi l'anathème, sans vergogne, sur Londres, Genève et Berlin, auxquelles cités vous joignez Jérusalem !

 

C'est de l'inconscience, tout simplement. Et pourquoi toutes ces condamnations ? Pour entonner ensuite un cantique en l'honneur d'Auguste Comte, dont le meilleur de la doctrine vous est inconnu à presque tous, je le jurerais, et dont vous ne louez que les rêves politiques, qui sont un défi jeté au bon sens. De grâce, renoncez donc à ce projet de constituer un Conseil de l'instruction publique nouveau modèle. Il en est parmi vous qui sont riches : qu'ils dotent les associations cultuelles pauvres.

 

Vous appartenez tous à la classe des gens bien élevés qui tend à s'éteindre : perpétuez les précieuses traditions de bonne compagnie qui faisaient jadis l'honneur de notre pays et empêchez, dans la mesure de vos forces, notre démocratie de s'encanailler comme elle ne tend que trop à le faire. Quelques-uns de ceux dont je lis le nom ont fait leurs preuves d'écrivains : qu'ils cultivent de leur mieux le domaine où ils ont réussi. Que chacun reste dans sa spécialité et accorde son zèle avec ses compétences. 

 

Voyez, votre projet est la condamnation implicite des Universités catholiques elles-mêmes ; on dirait qu'elles vous sont suspectes, suspectes pour ce que l'on y fait de vraie science. Elles aussi protesteraient très justement. Je ne suppose pas que vous ayez inventé une nouvelle espèce de vérité ; votre révélation viendrait un peu tard. Collaborez, si vous le pouvez, avec les vrais savants ; vous le ferez sans crainte si, ayant vraiment la foi, vous croyez en conséquence que toute vérité peut rapprocher de Dieu.

 

Ah! la foi réelle, celle qui produit des œuvres qui en manifestent la sublimité, combien il est à craindre qu'elle ne soit trop rare. La manière dont nous saurons nous conduire au milieu de difficultés qui n'ont pas empêché le catholicisme de prospérer en d'autres pays, montrera ce que vaut, ce qu'est, au fond, notre catholicisme français. Examinons notre conscience : c'est l'heure de le faire ou jamais ; nous n'aurons de bonnes raisons de croire possible l'espérance que si notre conscience est encore assez droite pour nous faire entendre que le mal vient en grande partie de nous-mêmes et que le mal qui est dans le monde y est surtout parce que nous n'avons pas assez transformé le monde ainsi que notre devoir était de le faire. Et pourquoi n'avons-nous pas transformé le monde ? Parce que nous n'avons pas travaillé à notre propre conversion. Encore une fois, nous souffrons surtout de ce qu'il n'y a pas assez de saints parmi nous.

 

 

 

 

 

Docteur Marcel RIFAUX, Deux Courants, n°24, 06 avril 1906

 

 

« Il est inutile de se dissimuler, écrivait récemment l'Université catholique, que dans la vie présente du catholicisme français, deux courants opposés se dessinent: le courant progressiste et le courant conservateur.»   Sans offenser la vérité, on pourrait ajouter que le courant progressiste se dessine et s'accentue, non seulement en France, mais encore dans tous les pays où la raison, fécondée par l'effort mutuel des esprits en travail, commence à prendre plus nettement conscience de ses droits et de ses responsabilités. En Angleterre, en Italie, en Allemagne, en Belgique, en Espagne même, partout dans la vieille Europe, des catholiques, mus par l'ardent désir de conquérir chaque jour une part plus grande de vérité, se mettent au travail. Partis des points les plus divers de l'horizon intellectuel, sans se concerter, sans se connaître même le plus souvent, ils sont arrivés à des conclusions identiques.

 

Cette convergence d'aspirations et de pensées est singulièrement significative. On ne résiste pas, du reste, aux séductions de la vérité. Tôt ou tard elle réunit par des liens incorruptibles ceux qui demeurent ses fidèles serviteurs. L'union qu'elle cimente jaillit des sentiments les plus désintéressés et les plus universels, et c'est là le secret de sa force, fatalement conquérante. On s'explique ainsi l'influence prépondérante que l'élément progressiste ne peut manquer de prendre sous peu dans la direction de l'Eglise. Chaque jour, en effet, nous nous réjouissons de recrues nouvelles. Et j'ai l'intime conviction que si tous ceux qui pensent ainsi rompaient le silence et pouvaient se compter, nous serions surpris de nous sentir si forts et si nombreux.

 

Aussi comprenons-nous à merveille l'émotion de certains. Loyalement campés sur le terrain conservateur, les regards tournés vers le passé, ils n'ont garde de sacrifier à la science: « Entendez, disent ils, aux sciences physiques et naturelles, surtout médicales, à l'hypercritique et à une vague démocratie que ses admirateurs n'ont pas encore su définir. » Convaincus du danger que nous faisons courir à l'Eglise, ils se font un devoir de prévenir les esprits contre les tendances nouvelles des catholiques progressistes. Nous n'aurons garde de nous plaindre de leur zèle. II faut toujours soutenir les idées que l'on croit bonnes et combattre celles qui nous semblent mauvaises. A condition de fermer son âme aux sentiments d'hostilité et d'aigreur, il ne peut être que salutaire d'entrer en lice pour défendre son patrimoine. Et comment deux chrétiens pourraient-ils controverser ensemble sans évoquer au préalable leur commune origine ?

 

II est inutile de faire ici une profession de foi. Ceux qui nous combattent avec le plus d'âpreté n'ont jamais mis en doute la loyauté de nos sentiments religieux, celui qui oserait même insinuer que nous tramons dans l'ombre je ne sais quel complot hérétique ou schismatique sombrerait sous le ridicule. Le catholicisme étant pour nous non seulement la vérité vivante, mais encore la vérité vécue donc ratifiée par notre conscience et notre expérience personnelles, nous ne voyons pas bien vers quel autre ciel pourrait tendre l'idéal de nos âmes. Sans doute, à certaines heures troublées de la vie, nous nous sentons parfois comme tout être qui réfléchit, envahir par un sentiment de défiance à l'égard de nous-même. En présence de l'infinie complexité du problème de notre origine et de notre destinée.

 

Tout être doué de raison a bien le droit de se demander en frémissant, s'il appartient jamais à nos pauvres petites forces humaines d'en esquisser la solution. Il faut admirer la superbe et naïve confiance de ceux qui ne doutent de rien. Comme l'enfant de la légende, ils se croiraient volontiers en mesure d'épuiser la mer avec un coquillage. Ceux qui travaillent et réfléchissent, connaissent, au contraire, toute leur faiblesse et toute leur infirmité. Avides d'absolu, ils se sentent néanmoins incapables de l'atteindre. Il serait illégitime d'en conclure qu'ils mettent en doute la valeur de leur foi. Et sur ce point tout malentendu doit disparaître. Nous disons simplement que, n'étant pas des esprits purs, nous appréhendons la matière de notre foi par des instruments humains, c'est-à-dire essentiellement imparfaits. Convaincus que la raison est susceptible de progrès, nous ne craignons pas de dire qu'elle est capable de conquérir chaque jour une part plus grande de vérité. Sans obéir aux suggestions de l'orgueil, nous avons le droit de soutenir que nous pouvons tirer des données de notre foi des conclusions dont nos aïeux ne pouvaient soupçonner ni l'ampleur, ni la profondeur.

 

Et nous ne leur reprochons pas de n'avoir point compris ce que nous comprenons, comme nos fils n'auront pas à nous faire grief des lumières que nous n'aurons pas entrevues. Nous bénéficions, en effet, de nombreux siècles d'efforts, de méditations, de réflexions. Les philosophes ont apporté dans leur langue des précisions nécessaires et banni de leur domaine des conceptions stériles. Les historiens ont filtré les vieilles légendes de l'humanité et n'en ont retenu que les parcelles utiles à la vérité. Les savants, à force d'observer et d'aimer la nature, l'ont obligée à nous livrer une partie de ses secrets. La compréhension, bien rudimentaire cependant, que nous avons acquise de l'univers, jetterait dans l'admiration ceux de nos frères qui vivaient au Xè siècle. La conscience elle-même, grâce au lent travail des saints et des psychologues, s'est perfectionnée. Devenue plus sensible et plus délicate, elle perçoit des nuances autrefois insoupçonnées. Les idées d'humanité, de justice, de solidarité, de personnalité, de liberté, de responsabilité, de devoir, éveillent en elle des échos nouveaux.

 

Si tout cela est vrai, et qui pourrait en douter, comment la pensée religieuse elle-même ne bénéficierait-elle pas de l'effort des générations passées ? C'est se faire une piètre idée de la raison que de supposer qu'elle puisse progresser sur un seul point. Elle ne se laisse pas diviser en compartiments artificiels. La théorie des facultés séparées de l'âme est depuis longtemps périmée. Nous n'avons pas et une intelligence, et une volonté, et une sensibilité; nous avons une seule raison que nous envisageons tantôt sous l'aspect de l'intelligence, tantôt sous l'aspect de la volonté. Nous comprenons ainsi pourquoi toutes les vérités sont solidaires. La morale elle-même est intéressée au progrès de la science, d'où, pour elle, le précieux concours de la sociologie.

 

Jugées ainsi de haut, la plupart de nos difficultés s'évanouissent. Si la connaissance que nous avons de la vérité est nécessairement imparfaite et indéfiniment perfectible, nous avons toujours le droit et le devoir d'en promouvoir le progrès. Sous peine de ruiner les fondements mêmes de la raison, nous ne pouvons admettre que deux vérités, dûment authentiques, puissent s'exclure. Pour des raisons que nous croyons sans appel, nous sommes irrévocablement fixé sur les légitimes fondements de notre foi. Nulle vérité certaine de science ne peut aller à l'encontre de notre vérité religieuse. Si, en fait cependant, le conflit surgit, nous ne devons incriminer ni la science, ni la foi, sans un examen  loyal, patient, minutieux. Mais, si après mûre réflexion, il appert que la vérité de science n'usurpe pas ses titres de créance à la vérité, nous l'accueillerons en toute conscience et en toute sérénité d'esprit. Mais convaincu, de par ailleurs, que le catholicisme est également valable pour nous, nous rechercherons si l'erreur que nous croyons découvrir en lui ne gît pas dans la formule humaine qui avait la prétention de l'épouser étroitement, et ainsi non seulement nous rétablirons l'harmonie, mais encore nous gagnerons un surcroît de vérité. Il ne faut pas se lasser de répéter que l'on n'accède à la vérité qu'au prix de laborieux efforts.

 

Tel est notre état d'esprit. Loin de ruiner les fondements de notre foi, il nous permet, au contraire, d'en découvrir toutes les harmonies et d'en pressentir toutes les profondeurs. Entièrement soumis aux exigences de nos dogmes, nous croyons faire œuvre pieuse en demandant qu'on ne les enserre pas dans des formules rigides susceptibles de mettre obstacle à l'expansion de leur vie. Et nous savons, au surplus, que toutes les générations futures, malgré leur bonne volonté, n'arriveront pas à en épuiser le contenu. Toute formule saisissable par l'entendement humain comporte des éléments humains sans lesquels nous ne saurions la saisir. Toutes ces explications sont fort simples. Elles ne peuvent troubler que ceux qui ne veulent point se donner la peine de comprendre. Un enfant même n'y verrait point de difficultés. Aussi souffrons-nous jusqu'au fond de l'âme de nous savoir si mal compris. Il est pénible, en effet, de se voir traiter de frères dangereux par ceux que nous aimons le plus tendrement. Il est plus douloureux encore de constater que des frères bien intentionnés, mais mal avertis, s'obstinent à compromettre la cause commune par leur inconsciente improbité intellectuelle, leur indéracinable routine et parfois, hélas !, leur intempestive violence !

 

« Mais, diront les conservateurs, n'êtes-vous pas injuste envers nous ? Vous n'avez pas le privilège de la raison. Notre conscience est aussi délicate et aussi susceptible que la vôtre. Nous n'avons jamais repoussé aucun progrès et notre enseignement est au-dessus de tout reproche. Nous avons derrière nous un passé d'honneur, de vertu, de science, qu'il n'appartient à personne de nous ravir. Toutes vos critiques sont inspirées par un amour malsain de l'esprit du siècle. Votre complaisance vous aveugle."

 

L'examen loyal des faits ne saurait justifier une telle défense. Il n'est que trop facile, hélas !, de le démontrer. C'est un lieu commun, par exemple, d'affirmer que l'enseignement ecclésiastique offense très souvent la vérité historique, lorsque toutes nos histoires saintes, mêmes celles approuvées par l'autorité supérieure, enseignent des faits manifestement faux. Les professeurs les plus distingués d'Ecriture Sainte le savent, beaucoup le disent à voix basse, et personne n'ose prendre les mesures nécessaires. Il n'est peut-être pas un membre de la Commission biblique qui n'admettrait, dans une discussion sérieuse, qu'une notable partie des récits de la Bible ne doit pas être pris à la lettre. Pourquoi, le sachant, ne réforme-t-on pas d'urgence l'histoire sainte ? Pourquoi peupler le cerveau de nos enfants d'images dont ils auront peine à se débarrasser plus tard et qui seront pour eux, à l'âge mûr, une source de trouble et de scandale ? Il serait si facile de les présenter comme de merveilleux symboles d'un contenu religieux et moral infiniment précieux. En témoignant tant d'indulgence pour une erreur démontrée, nous soulignons publiquement de nos scrupules intellectuels. Un savant peu consciencieux qui n'éliminerait pas de ses calculs des erreurs reconnues de tous, perdrait tout crédit scientifique. Et ce discrédit s'attacherait à toutes ses conclusions futures. Lorsqu'un écrivain rationaliste se permet d'altérer la doctrine catholique et de lui imputer des choses fausses, nous le tenons pour un malhonnête homme s'il le fait sciemment et volontairement. Et nous avons raison. Pèche-t-il par simple ignorance, nous lui reprochons de parler de choses qu'il ne connaît point. Et nous avons encore raison. Mais nous avons tort quand nous justifions les catholiques de tels procédés.

 

Il y a quelques mois, invité par une illustre Université catholique de l'étranger et devant un auditoire d'élite, un prélat distingué eut la sincérité de dire ouvertement, au cours de sa conférence, que certains catéchismes contenaient eux-mêmes « des faussetés ». Ces paroles n'ont provoqué, que je sache, aucune discussion ni aucun démenti. Et si nous voulions rechercher tous les faits de ce genre, un volume ne suffirait pas à les recueillir. Nos vies de saints, nos dévotions sont pétries de légendes et de puérilités. Et tout cela subsiste, croît, se multiplie sous l'œil indifférent de l'autorité ecclésiastique. Notre routine est donc évidente, notre attitude intellectuelle sujette à caution. Ayons le courage de le reconnaître.

 

Toutes ces misères disparaîtront lorsque les hautes études seront favorisées et honorées par les supérieurs hiérarchiques. Sans doute, les Facultés catholiques ont produit de vigoureux esprits, qui sont, à l'heure actuelle, l'honneur de l'Eglise: on ne saurait le méconnaître sans injustice. Il faut néanmoins un certain courage aux jeunes clercs pour affronter la préparation de leurs grades universitaires. On tolère encore la licence de grammaire, la licence ès-sciences mathématiques. Mais il est couramment admis que la philosophie universitaire est une occasion de perdition. La préparation à la licence et à l'agrégation de philosophie suffit, en général, pour éveiller dans l'âme des maîtres quelques soupçons et quelques craintes.

 

Kant exerce, paraît-il, une telle séduction qu'il crée à tout jamais dans l'âme de celui qui s'en nourrit des habitudes vicieuses de pensée dont il ne pourra plus se débarrasser. Aussi l'autorité ecclésiastique se fait-elle un devoir de se priver du concours de ceux qui ont conquis leurs grades. En dépit du bon sens, dans beaucoup de grands et de petits séminaires, les cours de philosophie sont confiés à des professeurs qui, le plus souvent, méconnaissent complètement les méthodes de critique contemporaine. Et ces professeurs, qui n'ont peut-être jamais lu ni Kant, ni Lachelier, ni Boutroux, ni Blondel, ni Bergson, ou qui, en tout cas, sont incapables de les comprendre, faute de culture suffisante, ont mission, devant leurs élèves, de les juger et de les condamner sans appel. Et pour ne pas mettre en déroute cette lumineuse logique, les quelques philosophes authentiques de chaque diocèse sont désignés pour évangéliser trois ou quatre cents cultivateurs perdus dans la montagne. Pour signaler et regretter de tels procédés, il suffit de faire appel à la raison.

 

Sans doute, la science ne joue qu'un rôle assez restreint dans la formation des clercs. Elle ne saurait, en aucune façon, remplacer la piété sans porter atteinte à l'éminente dignité sacerdotale. Un homme qui passe sa vie à faire le bien, à aimer ses semblables, vaut cent fois le savant le plus illustre dont le cœur serait gonflé d'égoïsme.

 

 

 

 

 

Bulletin politique, n°43, 17 juillet 1906

 

 

Pie X vient enfin de parler. Il repousse d'une manière absolue la constitution des associations cultuelles, pour aussi longtemps du moins que des garanties plus formelles de l'autorité épiscopale ne seront pas introduites dans la loi de séparation. Il est peu probable qu'en insinuant ainsi une acceptation possible de cette loi, modifiée et allégée de l'article 8, le Pape se soit fait illusion sur le succès de ses avances. La majorité radicale que le pays vient de renvoyer à la Chambre ne prendra sans doute ni cette voie ni celle qui consisterait à faire une séparation radicale et complète, comme la demandait cependant, au nom de la logique, M. Clemenceau. Elle préférera la lutte et, avec M. Ranc, remerciera bruyamment le Pape d'avoir fait son jeu. La solution n'est donc pas celle que nous espérions ; c'est la guerre religieuse. Si nous avons redouté cette solution, c'est que nous la jugions de nature à donner aux partis extrêmes le regain de vitalité qu'ils en attendent et exaspérer encore la lutte implacable des deux France qui épuise notre pays. Nous n'avons jamais, d'ailleurs, considéré la loi votée par le Parlement français comme une loi de tous points libérale et nous avons-nous-mêmes exposé très nettement et loyalement nos critiques. Mais nous pensions, avec un grand nombre d'évêques et de catholiques français, que les garanties insérées à l'article 4 rendaient la loi « relativement libérale » et pratiquement acceptable. Après des hésitations dont la longueur même montre que l'opinion de l'essai loyal était loin d'être sans force, le Pape se rallie à l'opinion contraire, au nom de la discipline catholique dont il est le gardien. Il ne nous appartient pas de juger cet acte et nous nous inclinons devant la parole du Pasteur suprême dans le domaine religieux. Mais ce qu'il ne faut pas oublier, c'est que la question de la Séparation n'est qu'une des phases du problème qui angoisse à l'heure actuelle tant d'âmes catholiques. Tous ceux qui croient que le catholicisme n'est pas une chose morte, mais qu'il est toujours fécond et qu'il peut être encore la grande école d'énergie, d'esprit chrétien, de progrès moral, doivent le comprendre et le faire comprendre autour d'eux. C'est le devoir de l'heure présente. Quel que soit dans la suite le régime légal du culte extérieur, quel que soit l'intérêt que nous porterons aux questions de réorganisation, notre œuvre à nous est de faire effort sur tous les terrains, dans un esprit de sereine confiance et de foi, pour dissiper les malentendus qui séparent des besoins modernes la pensée et la vie chrétiennes. Que cette œuvre soit plus difficile encore dans la situation nouvelle que vient de créer l'Encyclique, c'est possible. Ce n'est pas une raison pour se laisser aller au découragement. Entre les excès et les violences de droite et de gauche s'appelant et se provoquant mutuellement, les âmes de bonne volonté chercheront humblement, par un effort persévérant et viril, l'avènement de ces deux vertus chrétiennes: la tolérance et la paix. (…)

 

 

 

 

 

Bulletin politique, n°65, 18 janvier 1907

 

 

La nouvelle Encyclique maintient, sans aucun changement, la ligne de conduite adoptée par le Pape dans la question de la séparation. Elle pose, de nouveau, à l'acceptation par l'Eglise d'une législation religieuse, les trois conditions suivantes : le respect de sa hiérarchie, l'inviolabilité de ses biens, la liberté. Le ton de ce document est empreint d'une grande élévation : le Pape se défend de vouloir humilier le Gouvernement de la République, il proteste seulement contre sa prétention d'imposer à l'Eglise une organisation religieuse qu'elle considère comme contraire à ses principes. Ce n'est pas à lire d'ailleurs qu'un esprit indépendant ne puisse trouver parfois matière à réserves. L'encyclique affirme, par exemple, que l'Eglise de France ne fait que subir depuis vingt-cinq ans une guerre qu'elle n'a rien fait ni pour amener, ni pour entretenir ; il est peu probable que ce jugement devienne purement et simplement celui de l'Histoire. On pourrait également rappeler que si l'Eglise a été souvent persécutée, elle a malheureusement aussi trop souvent été persécutrice, et que c'est un lourd passé d'oppression qu'elle rachète par ses souffrances actuelles. Mais comment ne pas enregistrer avec  les belles paroles par lesquelles Pie X proclame hautement que l'Eglise est une messagère de paix et qu'il ne pourrait vouloir la guerre religieuse qu'en répudiant sa mission sublime et en y mentant aux yeux de tous. Elle ne souhaite pas non plus la persécution, elle ne peut pas la souhaiter, même en vue du bien qu'on en pourrait attendre, car la persécution c'est l'injustice et c'est le mal. On ne pouvait désavouer plus formellement la théorie antichrétienne du pire, que, depuis quelque temps, nous voyons renaître dans certains journaux catholiques et jusque sous la plume de religieux. Quant à l'organisation du culte, le Pape la laisse, en fait, aux évêques, après avoir condamné la loi du 2 janvier 1907 comme spoliatrice et organisant le régime du bon plaisir, et, - il convient de le remarquer - sans préjuger la question de la loi de 1901. Il est bien certain que le jour où les édifices religieux seraient réellement et à perpétuité assurés au culte catholique à l'exclusion de tout autre, l'Eglise ne perdrait pas son temps à réclamer le reste de ses biens et ne tarderait pas à s'organiser, suivant ses propres règles, dans la liberté.

 

 

 

 

 

Les Conditions du retour au Catholicisme, n°72 08 mars 1907

 

 

Sous ce titre, notre ami, M. le Dr Marcel Rifaux publiera dans quelques jours chez Plon un ouvrage que nous avons déjà annoncé et auquel ont collaboré une élite d'écrivains catholiques. Il a bien voulu détacher pour Demain quelques pages de sa conclusion. Les voici:

 

Ce serait véritablement faire injure à ceux qui, dans le catholicisme, sont aussi instruits et aussi modernes que personne, que de supposer un seul instant qu'ils engageraient leur vie à la légère et donneraient leur assentiment à une doctrine dont ils n'auraient pas contrôlé les fondements. Ils ne sont pas de ceux qui refusent d'exposer et de défendre publiquement leur foi.

 

Et, de ces raisons de fait qui témoignent en faveur du catholicisme, l'abbé Loisy en démontrait récemment, et à sa manière, toute la valeur et toute là portée.

 

On comprend donc pourquoi tous nos correspondants sont unanimes à déclarer que la crise dont souffre en ce moment le catholicisme n'est pas une crise d'épuisement.

 

Une doctrine qui peut encore centupler les énergies de l'homme, diriger ses aspirations vers le parfait, étancher sa soif d'absolu, embraser son âme d'amour pour le prochain, n'est pas une doctrine épuisée. A l'heure où les volontés sont affadies, les âmes découragées, les esprits stérilisés par le scepticisme ou l'agnosticisme, le cœur desséché par l'égoïsme, elle apparaît, au contraire, comme la suprême ressource des individus et des sociétés.

 

Une doctrine qui ajoute à la religion naturelle et à la métaphysique des lumières complémentaires, qui, au point de vue psychologique, satisfait notre instinct religieux et nous permet, en outre, de nous enrichir de toutes les acquisitions des sciences, n'est pas une doctrine que doit repousser la raison.

 

La doctrine n'est en rien responsable des griefs que l'on formule contre elle. Seuls doivent en répondre les hommes qui l'interprètent et la transmettent.

 

Jamais un catholique n'a été obligé, en conscience, de repousser une conclusion certaine de science. L'autorité ecclésiastique qui l'exigerait outrepasserait, en principe, son droit, et sa sentence ne serait point ratifiée par la justice divine. Toutes les décisions des papes et des théologiens, toutes les condamnations et tous les décrets qui ne sont pas revêtus du caractère de l'infaillibilité n'engagent pas sans retour la doctrine. Or, chacun sait combien sont rares les décisions infaillibles. L'infaillibilité de l'Eglise ne s'exerce que dans des conditions très précises et « s'applique aux définitions dogmatiques, non aux considérants qui les ont motivées, quand même ces considérants seraient exprimés dans les déclarations officielles des conciles et des papes ».

 

 

 

Librairie PLON-NOURRIT

8 rue Garancière, Paris VIè

 

Dr Marcel RIFAUX

Les Conditions

Du

Retour au Catholicisme

Enquête philosophique et religieuse

 

Ont collaboré à l’enquête :

le vicomte R.D’ADHEMAR, le vicomte G. D’AVENEL,

R.BEUDANT, l’Abbe J.BRUGERETTE, P.BUREAU, C.C.CHARAUX,

Maurice DESLANDRES, Georges DUMESNIL,

Charles DUNAN, Georges FONSEGRIVE, l’Abbé GIRODON,

Maurice HAURIOU, le comte D’HAUSSONVILLE,

l’Abbé FELIX KLEIN, l’Abbé LABERTHONIERE, le Dr G.LANCRY,

A. de LAPPARENT, Albert LECLERE,

l’Abbé Octave LEMARIE, Edouard LE ROY, LE P.MAUNUS,

le Dr P.MAZEL, Henri MAZEL, l’Abbé NAUDET, Charles NICAIRE,

l’Abbé Claude PIAT, R.SALEILLE,

Joseph SERRE, le P.SERTILLANGE, un Prêtre Romain

 

 

 

 

 

 

Auguste CHOLAT, Enquête : L’Enseignement Supérieur libre

 

 

Auguste CHOLAT : Du Rôle actuel de l’Enseignement supérieur libre en France (35)

 

1° Lettres

un professeur de l’enseignement supérieur libre (J.CALVET) (34)

J.CALVET (35)

Charles BOUCAUD (36)

Mgr PECHENARD (37)

Mgr BATTIFOL (37)

J.CALVET (37)

un professeur de Faculté libre (37)

Mgr PECHENARD (38)

Ch.ARNAUD (40)

J.CALVET (40)

J. du PLESSIS (40)

un ancien élève de l’Institut catholique de Paris (40)

un renseigné (42)

X. (42)

Jacques ZEILLER (43)

Jérôme LABOURT (44)

SPECTATOR (46)

Joseph TIRMEL (47)

X.Z. (47)

D. (48)

Edouard LE ROY (49)

Ernest DIMNET (50)

Albert LAMY (50)

A.CAUCHIE (51)

 

2° Documents

 

Article du Journal des Débats (M.ALBERT-PETIT), 18 juin (36)

Lettre de Mgr PECHENARD aux Débats (36)

Lettre de Mgr GERMAIN, archevêque de Toulouse (38)

Article de Mgr PECHENARD dans la Croix (extrait) (40)

Interview de Mgr PECHENARD dans le Figaro (extrait) (40)

Lettre de Mgr BATTIFOL et du cardinal MATTHIEU à M. de NARFON (40)

Article de Mgr BAUNARD (extraits) (40)

Note de la Semaine Religieuse de Lyon (40)

Article de M. François LAURENTIE, dans le Peuple Français (extrait) (40)

Articles de M. Raoul ALLIER, dans le Siècle (extraits) (40, 42, 44, 49)

Lettre de Mgr PASQUIER à M. de NARFON (42)

Lettre de Mgr GERMAIN à M. de NAFRON (42)

Opinion de Mgr LATTY (42)

Article de M. l’Abbé NAUDET, dans la Justice Sociale (extraits) (49)

Déclaration d’un canoniste au sujet des garanties accordées aux professeurs des Instituts catholiques (50)

Article de M. Clodius PIAT, dans le Correspondant, du 15 mai 1905 (extrait) (52)