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organisation du denier du clergé

1906

 

 

 

 

 

A la suite de la suppression du budget des cultes de l’Etat, l’archevêque de Lyon, le Cardinal COULLIE, fait un appel aux dons le 13 avril 1906, «  en attendant que l’on puisse établir, dans le diocèse de Lyon, une organisation régulière et pratique destinée à assurer les ressources nécessaires à l’entretien du clergé ».

 

Comme tous les diocèses de France, le diocèse de Lyon adopte un système de collecte de fonds appelé Denier du clergé. Ce système est calqué sur celui du Denier de Saint-Pierre.

 

Le Denier de Saint-Pierre est la contribution volontaire de catholiques, organisée en 1860 dans plusieurs diocèses du monde, pour subvenir aux besoins matériels du Saint-Siège, dont les ressources financières diminuent avec l’unification progressive de l’Italie par la Maison de Savoie. Avec la disparition des États pontificaux, il est institutionnalisé en 1871 par Pie IX dans son encyclique Sæpe venerabilis.

 

Trois documents diocésains :

 

A Organisation de l'Œuvre du Denier du Clergé (25 décembre 1906)

 

B Appel à la générosité des diocésains (25 janvier 1907)

 

C Rappel des devoirs des diocésains (15 mars 1907)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LETTRE PASTORALE

DE

SON EMINENCE LE CARDINAL ARCHEVÊQUE DE LYON

Relative à l'organisation de l'Œuvre du Denier du Clergé.

 

 

 

Nous, Pierre-Hector COULLIÉ, par la miséricorde de Dieu et l'autorité du Saint-Siège apostolique, cardinal-prêtre de la Sainte Eglise romaine, du titre de la Trinité-des-Monts, archevêque de Lyon et de Vienne, primat des Gaules.

 

Au Clergé et aux Fidèles de Notre Diocèse, salut et bénédiction en Notre-Seigneur Jésus-Christ.

 

 

NOS TRES CHERS FRERES,

 

 

Parmi les obligations nouvelles qui pèsent d'un si grand poids sur les évêques de France à l'heure présente, l'une des plus impérieuses est celle d'assurer aux prêtres de nos paroisses les moyens d'existence sans lesquels ils ne pourraient continuer leur mission. Déjà, au cours de l'année qui s'achève, Nous avons fait dans ce but un appel discret à la générosité de quelques-uns de nos diocésains ; grâce à ces premiers secours il a été pourvu aux nécessités les plus pressantes. Mais ce n'était là qu'une mesure provisoire, en attendant que l'heure vînt d'organiser partout et avec le concours de tous l'œuvre générale destinée à maintenir la vie religieuse de ce grand diocèse. Cette heure est venue. D'une part, pour le plus grand nombre de nos prêtres, le dénuement va être complet ; car, avant peu, il ne restera plus que quelques parcelles de cet étroit budget que la loi de 1905 avait prévu pour un temps très limité et dont la durée ne se sera même pas prolongée au-delà d'une année ; d'autre part, Nous savons que notre famille diocésaine, toujours prête aux élans généreux, se montre impatiente de recevoir de Nous le signal attendu pour établir l'Œuvre du clergé.

 

***

 

Si le temps nous pressait moins, Nous appellerions de nouveau votre attention sur l'injuste spoliation dont l'Eglise de France a été victime par la suppression de ce budget des cultes qui était pour la nation un engagement d'honneur et une dette sacrée. Mais tout n'a-t-il pas été dit sur ce point, et d'ailleurs pouvons-nous revenir sur ce sujet, quand ce premier attentat contre la justice est déjà lui-même dépassé par l'odieuse confiscation qui s'opère sous nos yeux ? Ce sont tous nos biens qui nous sont arrachés violemment, avec une tranquille assurance qui devrait taire passer le frisson dans toutes les âmes où règne encore le sentiment de la justice. Ah ! noble Eglise de France, voilà donc l'état d'absolue pauvreté dans lequel t'aura réduite au commencement du vingtième siècle l'ingratitude de quelques-uns de tes enfants, toi qui fus pendant tout le cours de ton histoire si libérale dans tes dons et si prodigue de tes bienfaits. Du moins cette étape douloureuse de ta vie n'aura-t-elle pas été sans gloire ! Car déjà de toutes parts on s'incline devant le spectacle plein de grandeur que tu donnes au monde, celui d'une Eglise qui renonce à toutes ses richesses plutôt que de laisser introduire dans sa vie intime un germe de dissolution et de mort.

 

***

 

Nous ne nous étendrons pas sur l'obligation de conscience où sont tous les fidèles de subvenir à l'entretien de leurs prêtres. Qui donc pourrait méconnaître un devoir dont le fondement est si certain ? Qui donc aurait le courage de s'y dérober ? L'apôtre saint Paul lui-même avertissait les premiers chrétiens que « le Seigneur a voulu que ceux qui prêchent l'Evangile vivent de l'Evangile ». (I Cor., IX, 14.) Et n'a-t-on pas vu constamment, dans tous les siècles, sans en excepter le nôtre, la sainte Eglise de Dieu vivre de ce régime, en maintes portions de son territoire ? Les catholiques de France vont y être soumis à leur tour, après avoir connu pendant longtemps des conditions différentes ; nul doute qu'ils ne soient prêts à accomplir généreusement leur devoir, ainsi qu'on l'accomplit ailleurs.

 

***

 

C'est donc à vous, Nos Très Chers Frères, qu'incombera désormais la très noble mission de procurer à ce diocèse les ressources qui le feront vivre. Nous disons à ce diocèse, et c'est à dessein. Car il importe d'établir ici la situation sous son vrai jour, et de réfuter certaines idées qu'on a essayé d'accréditer. Aux yeux de quelques-uns, les familles chrétiennes seraient en droit de limiter leurs aumônes à leur paroisse, et l'on devrait les tenir pour libérées de toute obligation le jour où, par leurs soins, il aurait été pourvu à ces nécessités locales. Qui ne voit combien est étroite et dangereuse une pareille conception de nos besoins spirituels ? Quel serait, avec un pareil système, le sort d'un très grand nombre de paroisses, de celles qui sont dans l'impossibilité de se suffire ? N'ont-elles pas le droit de s'attendre, au nom de la charité publique qui unit très étroitement la communauté des fidèles, à ce que les paroisses plus favorisées viennent à leur aide ? Et d'ailleurs, n'avons-nous pas pour nous éclairer sur ce point important, les principes mêmes de la divine constitution de l'Eglise ? C'est beaucoup moins par la paroisse que par le diocèse qu'un chrétien appartient à l'Eglise, qu'il y occupe sa place et entre en participation de tous les trésors de la vie surnaturelle. Le diocèse, c'est la sphère d'action de l'Evêque, et l'Evêque, c'est le vrai pasteur, celui dont la juridiction succède à celle des Apôtres, qui a l'autorité souveraine sur le troupeau et qui, de la plénitude de ses pouvoirs, communique aux prêtres la part d'autorité dont ils ont besoin pour régir les fidèles confiés à leurs soins. Une paroisse, c'est sans doute une famille spirituelle, mais une famille qui ne possède pas en elle-même tous les éléments de la vie ecclésiastique parfaite et qui ne les acquiert que par son incorporation au diocèse, lequel seul constitue un organisme complet dans l'Eglise de Jésus-Christ.

 

***

 

Vous vous expliquerez donc pourquoi, en cette importante matière de la subsistance à fournir aux prêtres, l'Assemblée des évêques de France a décidé à l'unanimité que tout devait être remis aux mains de l'évêque. C'est en son nom que l'on tendra la main pour recueillir les secours nécessaires ; c'est par ses soins qu'ils seront distribués. En aucun cas, il ne sera permis à des paroissiens de s'écarter de cette règle générale et de fournir à un curé ou à un vicaire le traitement dont il aura besoin. Nous connaissons assez votre excellent esprit pour ne point douter de la docilité avec laquelle vous accepterez ces dispositions, garantie indispensable de l'indépendance du prêtre dans l'accomplissement de ses fonctions sacrées. Qu'on bannisse donc les préoccupations étroites ; qu'on s'élève au-dessus des intérêts particuliers, pour considérer dans toute son étendue le but à atteindre, et alors notre Œuvre se révélera aux yeux de tous avec son vrai caractère, celui d'une grande Œuvre diocésaine.

 

***

 

Cette Œuvre, Nous en sommes sûr, elle s'établira sans peine et elle sera de durée. Il n'est, dans ce religieux diocèse, aucune paroisse à laquelle nous ayons besoin d'adresser cette question : Voulez-vous garder la foi de vos pères ? Partout, dans notre Lyonnais, dans notre Beaujolais, dans notre Forez, les croyances et les pratiques chrétiennes sont demeurées en honneur, et nos chères populations entendent bien les conserver. Si l'on a pu ici et là se faire trop longtemps illusion sur le dessein perfide qu'une secte impie a conçu de déchristianiser la France, ce temps des illusions est passé, et, à la clarté saisissante des derniers événements, chacun a pu s'instruire. Le moment est venu pour tous les catholiques de se porter à la défense de leurs droits et de leurs libertés. Nous voudrions les voir de toutes parts s'unir, se grouper, se liguer en phalanges bien disciplinées, avec une ferme résolution de ne point reculer devant des adversaires qui jusque-là n'ont été si forts que parce que nous n'avons pas su résister à leurs entreprises. L'Œuvre pour laquelle nous faisons appel à votre concours pourra, en bien des endroits, vous fournir une excellente occasion de concerter vos efforts. En plusieurs pays, en Angleterre, en Suisse, en Amérique, l'usage où l'on est depuis longtemps d'attendre des fidèles seuls les ressources du culte n'a pas peu contribué à unir fortement les catholiques entre eux et à les rapprocher du clergé par des liens plus étroits.

 

***

 

Nous avons maintenant à vous expliquer le fonctionnement de cette Œuvre, qui s'appellera l'Œuvre du denier du clergé. Disons tout d'abord qu'elle aura pour objet unique d'assurer aux prêtres chargés du ministère paroissial le pain dont ils auront besoin. Elle ne pourvoira pas aux frais du culte dans les églises, non plus qu'au logement des curés ou de leurs vicaires ; sur ces deux points, c'est à chaque paroisse qu'il appartiendra de faire le nécessaire. Son but exclusif sera de remplacer, pour la subsistance du clergé, le budget des cultes que la loi de 1905 a supprimé. Assurément il nous eût été agréable de pouvoir rétablir intégralement, au profit de nos prêtres, ce qui leur a été enlevé ; mais, encore bien que la somme annuelle qui était allouée par l'Etat, soit environ 880.000 francs, une fois répartie entre tous nos curés et vicaires, ne dépassât pas pour chacun les limites de ce qu'on est convenu d'appeler un « honnête entretien », nous n'oserions pas vous imposer un effort aussi considérable. Vos prêtres tiendront à honneur de donner les premiers l'exemple du désintéressement et de l'esprit du sacrifice. C'est pourquoi la contribution que nous demanderons chaque année à votre générosité restera bien inférieure au chiffre que nous venons d'indiquer.

 

***

 

Nous ne pouvions, sans nous exposer à ne point atteindre le but, laisser dans le vague et l'imprécision la part d'effort que devra faire chaque paroisse. Aussi avons-nous pris le parti d'adopter le mode de souscription qui a été choisi par un grand nombre de diocèses de France, celui de la contribution paroissiale. Cette somme que chaque paroisse devra s'imposer, et qu'elle devra considérer comme un minimum, nous avons cherché à la fixer avec la plus rigoureuse équité, en combinant ensemble divers éléments d'appréciation qu'on a étudiés avec le plus grand soin. Assurément, nous n'avons pas la prétention d'avoir fait du premier coup, en une matière aussi complexe, œuvre irréprochable, ni surtout définitive. Mais, tel qu'il est, cet appel que nous adressons à nos paroisses nous semble répondre aux besoins de l'heure présente ; le temps se chargera de nous montrer quelles modifications pourront y être apportées dans l'avenir.

 

Ce que nous demandons avec instance, c'est que partout on se mette résolument à l'œuvre pour réaliser le montant de la contribution qui aura été indiquée. Il faut que la collecte pour le denier du clergé soit l'objet d'une propagande universelle, qu'elle revête un caractère populaire, qu'elle atteigne jusqu'au dernier tous les foyers catholiques de toutes nos paroisses. Il faut qu'elle s'alimente des offrandes de tous, de l'obole des pauvres aussi bien que des dons plus considérables des riches. Il faut que, dans cette manifestation de foi et de piété chrétiennes, on trouve rapprochées, associées, confondues ensemble toutes les familles, afin que toutes puissent participer aux mérites de l'Œuvre. Chacun devra donner en proportion de sa fortune et de ses facultés. Quand vous aurez pour cela à vous imposer quelque privation, quelque sacrifice, nous vous remercierons doublement ; car c'est surtout le sacrifice qui rend les œuvres méritoires et les institutions fécondes, et jamais, on peut le dire, la France chrétienne n'a eu plus besoin de se retremper dans la salutaire vertu du sacrifice.

 

Il y a dans ce beau diocèse un grand nombre de familles que Dieu a favorisées des avantages de la richesse ; elles nous permettront bien de leur adresser une particulière et chaleureuse invitation. De tout temps, l'on a trouvé dans le haut commerce et la grande industrie qui sont l'honneur de notre région lyonnaise, des hommes de foi et de cœur, disposés à prélever sur leurs bénéfices de larges subsides en faveur des œuvres de charité ; nous espérons bien qu'ils se mettront à la tête de nos généreux bienfaiteurs dans la situation nouvelle qui vient d'être faite à la France catholique. Nous recevrons avec une vive reconnaissance les dons extraordinaires qui nous seront adressés. La plus grande latitude sera laissée pour l'organisation pratique de l'œuvre en chaque paroisse; les circonstances et les milieux n'étant pas partout les mêmes, il y a lieu de ne pas imposer pour les collectes un mode de perception uniforme. Nous prévoyons cependant que, le plus ordinairement, c'est à un cadre solide de zélateurs et de zélatrices dévoués qu'il faudra confier le soin de visiter les familles de la paroisse et de solliciter leur concours.

 

***

 

Nous plaçons cette grande œuvre diocésaine sous la protection spéciale de nos saints martyrs lyonnais. C'est à ces illustres prédicateurs de la vérité, à ces fondateurs de notre Eglise, à saint Pothin, à saint Irénée, à tous les glorieux compagnons de leur martyre, que nous sommes redevables du bienfait de la foi. Que ces immortels témoins de Jésus-Christ nous obtiennent la grâce de traverser sans défaillance et avec un courage invincible les jours de tempête qui se lèvent ; que Notre-Dame de Fourvière, notre reine et notre mère, bénisse, elle aussi, nos efforts. Sur tous les points du diocèse, unis par la plus admirable discipline, nos prêtres sont prêts à vous donner, avec la grâce de Dieu, l'exemple de la fidélité au devoir ; mais pour qu'ils demeurent à leur poste de combat, pour que l'œuvre de l'évangélisation ne subisse ni diminution ni ralentissement, il est de toute nécessité que vous répondiez généreusement à notre appel et que vous fournissiez à vos pasteurs les ressources dont ils ont besoin.

 

A ces causes, Nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit :

 

ARTICLE PREMIER

L'Œuvre du Denier du clergé, destinée à remplacer le traitement des prêtres de paroisses, est établie dans notre diocèse.

 

ARTICLE II.

Chaque paroisse sera tenue d'y contribuer, en se conformant au tableau portant indication de la souscription annuelle à fournir par elle.

Ce tableau dressé pour chaque canton sera envoyé à MM. les archiprêtres qui en remettront un exemplaire à chacun de MM. les curés de leur archiprêtre, pour que ceux-ci en donnent connaissance à leurs paroissiens.

Tous les ans on en renouvellera l'envoi au mois de décembre.

 

ARTICLE III.

L'Œuvre du Denier du clergé est exclusivement placée sous notre direction personnelle, et toutes les collectes seront faites en notre nom.

 

ARTICLE IV.

Nous chargeons MM. les curés de trouver dans leurs paroisses des personnes de bonne volonté qui recueilleront les offrandes.

Une grande latitude est laissée quant au choix et mode de perception Visites à domicile, carnets de souscription, système des dizaines employé par l'Œuvre de la Propagation de la Foi (ce système peut être utilisé pour recueillir les minimes offrandes), etc. Ce qui est important, et ce que nous demandons instamment, c'est que, quel que soit le mode employé, il soit fait appel à chaque foyer catholique de la paroisse.

 

 

ARTICLE V.

Le montant de la souscription paroissiale sera remis à MM. les archiprêtres qui nous en feront le versement par trimestre ; le dernier versement devra être fait à l'époque des retraites pastorales ou fin septembre.

 

ARTICLE VI.

Nous ferons personnellement la répartition des fonds recueillis, après avoir consulté les membres de notre administration et des représentants du clergé des cinq arrondissements du diocèse.

 

ARTICLE VII.

La présente lettre pastorale sera lue dans toutes les églises du diocèse, le dimanche 30 décembre et, si besoin est, MM. les curés renouvelleront la lecture du dispositif les dimanches suivants.

 

 

Donné à Lyon, sous notre sceau, notre seing et le contre-seing du chancelier de notre Archevêché, le 25 décembre 1906, le saint jour de Noël.

 

PIERRE, Cardinal COULLIÉ,

Archevêque de Lyon et de Vienne,

Primat des Gaules.

 

Par mandement :

P. PAGNON,

Chanoine-chancelier.

 

 

 

 

 

(Semaine religieuse du diocèse de lyon, 28 décembre 1906)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

APPEL DE SON EMINENCE AUX FIDELES DU DIOCESE DE LYON.

 

 

 

Vous n'ignorez pas les spoliations injustes dont l'Eglise catholique est victime en France.

 

Désormais le budget des cultes est supprimé. Ce budget n'était pourtant qu'une restitution pour les biens enlevés par la Révolution ; et c'est pourquoi, depuis lors jusqu'à ce jour, tous les gouvernements avaient considéré le budget des cultes comme une véritable dette nationale.

 

Désormais aussi l'Etat interdit aux communes de subvenir aux besoins du clergé ; c'est donc aux seuls citoyens, groupés autour de leurs chefs religieux, qu'incombe maintenant cette charge de justice et de religion.

 

Au moment de remplir ce devoir sacré, les fidèles se souviendront qu'une société ne peut se passer de religion. Sans la religion, en effet, les hommes ne sauraient arriver au bonheur du ciel ni même être heureux ici-bas.

 

Or le prêtre est nécessaire pour faire connaître à tous, aux riches comme aux pauvres, cette religion divine que Notre-Seigneur Jésus-Christ est venu apporter sur la terre. N'est-ce pas aux prêtres, comme aux évêques, dont ils sont les délégués, que Dieu a dit : « Allez, enseignez toutes les nations, leur apprenant à observer tout ce que je vous ai ordonné ».

 

C'est le prêtre, en effet, qui donne à vos enfants le saint baptême; c'est lui qui leur apprend le respect et le dévouement dus à leurs parents ; c'est lui qui en fait des chrétiens convaincus et des hommes honnêtes. C'est le prêtre qui appelle sur les unions de vos familles les bénédictions célestes ; c'est lui qui vient consoler et encourager vos malades et vos affligés ; c'est lui qui conduit vos défunts à leur dernière demeure et appelle sur eux les miséricordes divines.

 

C'est par le ministère du prêtre que Dieu descend chaque jour sur nos autels et y demeure pour recevoir vos adorations et vos prières.

 

C'est enfin le prêtre qui chaque dimanche du haut de la chaire vous rappelle vos devoirs et, en même temps, les droits de Dieu si souvent oubliés par nos sociétés trop éprises des biens de la terre. « L'homme, dit l'Evangile, ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. »

 

Nous n'aurions point rappelé ces services du prêtre au milieu de vous si chaque jour des préjugés tenaces, des insinuations perfides, des haines violentes n'essayaient de déverser sur lui l'injure et la calomnie pour lui enlever votre estime et votre affection.

 

Si le prêtre disparaissait du milieu de vous, si la religion qu'il enseigne, si les vertus chrétiennes que cette religion inspire étaient bannies de la société française, le monde entier qui nous regarde déjà avec étonnement, verrait bientôt avec stupeur éclater chez nous ces hontes et ces injustices qui rongeaient les sociétés païennes avant la venue du Dieu Rédempteur.

 

Vous ne voudrez pas qu'il en soit ainsi, et vous aurez à cœur de transmettre intégralement à vos enfants la religion que vous avez reçue de vos pères, et qui a rendu la France prospère et glorieuse parmi les nations.

 

Vous vous grouperez donc plus nombreux et plus unis autour de vos prêtres ; et ceux-ci à leur tour se dévoueront encore davantage à leurs saintes fonctions.

 

Mais vos prêtres ne peuvent accomplir parfaitement leur céleste mission, s'ils sont absorbés par des soucis matériels et s'ils ne reçoivent de vous de quoi subvenir modestement à leur entretien et à leur subsistance.

 

Voilà pourquoi votre Archevêque ne rougit pas de vous tendre la main pour eux, en vous rappelant que Notre-Seigneur a dit à ses apôtres : « Celui qui vous reçoit me reçoit » ; et encore : « un verre d'eau donné à un pauvre en mon nom ne restera pas sans récompense. »

 

Donnez donc, au nom de Notre-Seigneur, donnez au nom de vos enfants, donnez comme vous pourrez, selon vos moyens, donnez comme vous voudrez, selon la générosité de votre foi et de votre cœur : C'est à Dieu que vous donnez ; c'est Dieu qui vous le rendra.

 

† Pierre, cardinal COULLIÉ,

Archevêque de Lyon et de Vienne,

Primat des Gaules.

 

 

Des visiteurs munis d'une autorisation signée de nous, et contre-signée par M. le Curé de la paroisse, sont seuls chargés de recueillir les offrandes pour l'œuvre diocésaine du Denier du Clergé.

Les souscriptions sont entièrement volontaires, et les inscriptions ne sauraient entrainer aucune réclamation judiciaire.

Les versements peuvent se faire en une seule fois, ou par trimestre, ou selon tout autre moyen que vous préférerez.

 

 

 

 

 

(Semaine religieuse du diocèse de lyon, 25 janvier 1907)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

RAPPEL DES DEVOIRS DES DIOCESAINS

 

 

 

Communiqué. — Au moment de faire pour la première lois la répartition des fonds recueillis dans la quête du Denier du clergé et destinés à subvenir aux besoins les plus pressants de MM. les curés, c'est pour nous un devoir bien consolant d'exprimer à nos chers diocésains notre profonde reconnaissance. Les nouvelles qui nous parviennent de l'accueil fait aux personnes qui se sont dévouées pour cette œuvre nous disent l'esprit de foi et de charité qui anime les catholiques du diocèse. Nous espérons que le zèle et la générosité de nos chers diocésains se soutiendront jusqu'au bout et que partout on aura à cœur de mener à bien l'œuvre du Denier du clergé.

 

On nous a bien signalé quelques communes où certains groupes de paroissiens, subissant de regrettables influences, n'ont pas montré toute la bonne volonté que nous étions en droit d'attendre. Mais ces exceptions sont en si petit nombre qu'il n'y a vraiment pas lieu d'en faire état dans une revue générale du fonctionnement de l'œuvre. D'ailleurs nous n'avons jamais mis en doute que si quelques négligences se produisaient à l'occasion du premier appel que nous venons d'adresser, on saurait bien vite les réparer, ne fût-ce que pour nous épargner la douleur d'avoir à appliquer un jour les sanctions que nous imposerait notre devoir pastoral.

 

Ce communiqué peut être lu en chaire.

 

 

(Semaine religieuse du diocèse de Lyon, 15 mars 1907)