les deux croix processionnelles
1274
Lors du deuxième concile de Lyon en 1274 fut tenté un
rapprochement entre l’Eglise grecque et l’Eglise latine. Le 24 juin arrive la
délégation grecque et un accord est conclu sur les points litigieux,
principalement la primauté du Pape et la procession du Saint-Esprit (filioque).
Le 29 juin, pour la fête des saints Pierre et Paul, le pape
Grégoire X célèbre une messe pontificale en la primatiale Saint-Jean. A moins
qu’il ne soit confondu avec celui de la célébration du 6 juillet, son
déroulement se décrit ainsi :
Le
clergé latin se réunit en l'église Saint-Georges, au sud de la primatiale, et
le clergé grec en l'église Saint-Paul, au nord ; précédés chacun de sa
croix processionnelle, ils rejoignent le parvis de la primatiale Saint-Jean, où
ils arrivent en même temps ; ils montent au chœur côte à côte, puis les
deux crucifères déposent leur croix de part et d’autre de la croix centrale
derrière l’autel majeur, côté Evangile pour l'Eglise grecque, côté Epitre pour
l’Eglise latine.
L'Épître
et l'Évangile sont chantés en latin par des Latins, et en grec par des Grecs.
Saint Bonaventure
prêche.
Les
cardinaux entonnent le Credo, les chanoines poursuivent ; puis les Grecs
chantent le Credo en grec ; aux mots qui traduisent « qui ex Patre Filioque procedit »,
ils font une pause et les chantent trois fois.
En souvenir de ce jour, deux croix processionnelles font partie du
rituel des messes pontificales lyonnaises en la primatiale Saint-Jean, et dans
les églises Saint-Just et Saint-Nizier. Dans le
sanctuaire d’autres cathédrales existent les trois croix en forme de calvaire,
mais elles prennent une signification particulière à Lyon.
Les deux croix de la primatiale, initialement en bois, sont en
cuivre depuis le 25 juin 1696. Au début du XIXème siècle elles sont remplacées
par des croix de style romano-byzantin, très en vogue à cette époque : en
argent pour l'Eglise grecque, en or pour l'Eglise latine.
En 1908 MARTIN J.B. écrit :
Tout Lyonnais sait que les deux croix processionnelles,
fixées derrière l’autel majeur, sont pour rappeler l’union des deux Églises
grecque et latine, prononcée au Concile de 1274 : les croix des deux
clergés entrées de front dans la basilique y avaient été déposées en témoignage
perpétuel d’union.
(p.8)
DOCUMENTS
- Trésor
de la Primatiale Saint-Jean :
o
les deux « croix
de procession en souvenir du concile de Lyon de 1274 » (XVIè siècle) :
o autres
croix de procession (XIIIè-XIXè s.)
- MIGNE
Jacques Paul, 1847, Encyclopédie
théologique, tome 13, Concile de Lyon II - 1274
- quatorzième concile œcuménique
- MARTIN
Jean Baptiste, 1908, Histoire des
églises et chapelles de Lyon, tome 1, p.8
- BATUT Jean Pierre, 1996, Le Filioque,
pomme de discorde entre l'Orient et l'Occident ?, Revue des Etudes Slaves, 68/3, pp.385-398
- CONGOURDEAU Marie-Hélène, 2008,
Pourquoi
les Grecs ont rejeté l’Union de Florence (1438-1439), Les Cahiers du Littoral, 9/2, pp.35-46
g.decourt