Déclaration sur la
vraie notion du devoir conjugal
1932
Il est
un fléau qui désole la France et contre lequel il faut lutter vigoureusement,
si l'on ne veut pas qu'elle meure : le fléau de la dépopulation.
L'une
des principales causes pour lesquelles l'Allemagne nous a déclaré la guerre,
c'est la conviction où elle était que nous ne pourrions lui opposer qu'un
nombre tort limité de soldats et qu'ainsi la victoire lui resterait. Ses
calculs ont été heureusement déjoués. Nous avons, grâce à Dieu, été victorieux
; mais au prix de quels sacrifices ! Puisse la leçon ne pas être perdue
pour nous et puissions-nous, en guérissant le mal qui nous mine, écarter un
nouveau danger !
Quels
sont les remèdes?
Il
faut sans doute en appeler à l'action des pouvoirs publics et leur demander de
réprimer la propagande criminelle, qui ne craint pas de s'exercer même à
découvert. Il faut leur demander encore de favoriser, par une sage législation,
les familles nombreuses. Les moyens d'ordre économique et social ne sont
sûrement pas à dédaigner et peuvent avoir une heureuse influence. Mais, qu'on
le sache bien, seuls ils seraient impuissants.
Ce
qui importe avant tout, c'est d'affermir ou de restaurer dans les consciences
la vraie notion du devoir conjugal. Les époux doivent avoir constamment
présente à l'esprit la fin principale pour laquelle Dieu a institué le mariage
: Croissez et multipliez-vous, et
bien se rappeler que si les fins secondaires, telles que l'attrait de l'amour
et la satisfaction du plaisir, ne leur sont pas interdites dans l'état du
mariage, ils se rendraient gravement coupables en se permettant, pour quelque
motif que ce soit, des actes contraires à la génération.
L'Église
frappe, en outre, d'une excommunication réservée à l'évêque tous ceux, y
compris la mère, qui procurent l'avortement (can. 2350, § 1, cf. can. 2209 §
1-3 et 2231).
Qu'en
présence de la gravité de la peine, les catholiques se pénètrent de
l'importance du devoir et que, pleinement soumis aux enseignements de la saine
morale et de la religion, prêts à tous les sacrifices, ils donnent à Dieu et à
la patrie de nombreux et bons serviteurs.
La
présente déclaration sera, jusqu'à nouvel ordre, lue, chaque année, dans toutes
les églises paroissiales de notre diocèse l'un des dimanches de Carême.
‡ Louis-Joseph
Cardinal MAURIN,
Archevêque de Lyon.
SOURCE : Semaine religieuse du diocèse de Lyon, lettre pastorale et
mandement de Carême, 22 janvier 1932