Testament de saint Ennemond
655 ou XIIè-XIIIè
s.
Le
nom d’Ennemond vient de Annemundus issu de Aunemundus, cité dans :
- Diplôme de Clovis II (22 juin 654) : Aunemundus
-
Vita Wilfridi
episcopi
(Wilfrid ayant été son proche collaborateur)
-
Catalogue des
évêques de Lyon
(IXème s.)
-
Chronique, Catalogue des évêques…, de Hugues de
Flavigny (XIème s.)
-
Testament (XIIè-XIIIè siècles) : Annemundus
-
Procès des reliques
de saint Ennemond, avec
divers documents concernant ENNEMOND : martyrologe, litanies, cartulaire de
Saint-Pierre, lettres, etc.
- Acta S.
Annemundi (in Acta Sanctorum),
comportant plusieurs vies de l’évêque.
Le
document appelé Testament de Saint
Ennemond est le plus ancien acte d’un archevêque de Lyon. L’ensemble de
textes réunis sous cet intitulé comporte :
- une adresse :
Ego Annemundus, omnibus fidelibus, tam presentibus quam futuris, notum
facio quod…
Moi Ennemond, à
tous les fidèles, d’aujourd’hui et de demain, je fais savoir que…
-
un rappel de l’action de son
prédécesseur vis-à-vis de l’Abbaye Saint-Pierre
-
le descriptif de sa donation à
l’abbaye Saint-Pierre : une église Saint-Pierre dans le diocèse de Genève,
des biens à La Tour-du-Pin
-
un règlement de gestion des biens de
l’abbaye pour les villici (fermiers)
-
un historique des donations
antérieures à Varennes, Dolomieu, Brangues, Trept Charpieu, Vénissieux
-
une confirmation de ces donations
- des clauses comminatoires.
Ce
« testament », qui nous est parvenu en diverses formes, est
généralement daté de 655 environ. Mais dans son examen critique du texte COVILLE (1902) montre un certain nombre d’incohérences comme
l’emploi des titres d’archevêque et de primat des Gaules inusités au VIIème siècle, jamais utilisés avant le XIIème siècle dans les actes épiscopaux, les clauses
comminatoires dont la forme est postérieure au Xème siècle, etc.
De
cette longue enquête, il résulte que le Testament de S. Ennemond est une pièce
fausse, qui n'a rien de mérovingien. Il a été grossièrement compilé, peut-être
par le simple rapprochement de deux actes également fabriqués pour prouver des
droits contestés à l'abbaye. La rédaction des formules appartient au milieu du
moyen âge, à la fin du XIIe siècle ou au commencement du XIIIe.
L'autorité du document est insuffisante pour donner une valeur historique aux
renseignements qu'il est le seul à fournir sur l'évêque Aunemundus et sa
famille ; son témoignage ne peut être accepté que lorsqu'il est appuyé sur le
meilleur texte des Acta S. Annemundi. La donation de l'évêque, que contient la
première partie, n'est sans doute fondée que sur une tradition ancienne dans le
monastère. Le règlement pour les villici est un morceau authentique plus ou
moins défiguré, mais auquel il est difficile de fixer une date. Les donations
antérieures, dont la première a été démesurément reculée dans le passé,
n'avaient certes pas cette antiquité, et devaient appartenir à l'époque
carolingienne ou bourguignonne. L'historien ne peut donc faire qu'un usage très
limité de ce document, dont les rares éléments historiques qui lui soient
propres, se localisent si mal dans le passé.
(p.478)
Le texte latin est
reproduit à partir du :
- texte des XIIè-XIIIè
siècles, daté de 652-658, perdu, reconstitué à partir de manuscrits du XIVè
siècle et recopié dans divers documents postérieurs,
- texte original de la déposition des Dames de
Saint-Pierre, de 1308-1309.
DOCUMENTS
- COVILLE A., 1902, L’Evêque
Aunemundus et son Testament, Revue d’histoire de Lyon, tome 1, analyse (pp.360-372, pp.465-478),
p.479, texte latin (pp.482-486)