musée du diocèse de lyon

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Pierre Joseph Geay

1845-1919

 

 

 

 

 

Pierre Joseph GEAY naît à Saint Symphorien en 1845.

 

Il étudie au Petit Séminaire Saint-Jean à Lyon puis au Grand séminaire.

 

En 1869 il est ordonné prêtre.

 

Il est nommé professeur au Collège ecclésiastique de Roanne.

 

En 1871 il est appelé à enseigner au Séminaire des Missions Africaines de Lyon, puis envoyé fonder leur maison de repos à Nice. Il voyage alors en Europe pour récolter des fonds pour les missions. Après un différend avec le Supérieur il revient dans le diocèse.

 

En 1876, il est nommé aumônier au lycée Fénelon de Lyon ; il continue de prêcher à Nice et à Lyon.

 

Ensuite il est nommé vicaire à L’Horme puis à la Grand’église de Saint-Etienne. Nommé aumônier de l’Hospice de la Charité à Saint-Etienne il prêche dans les paroisses de la ville où il reste quatre ans.

 

Il est ensuite nommé curé de Sainte-Anne-du-Sacré-Cœur à Lyon, puis curé de la Primatiale Saint-Jean à Lyon.

 

Il est connu alors pour la qualité de ses homélies et ses sentiments républicains, ce qui fait de lui un candidat à l’épiscopat acceptable et par le gouvernement français de l’heure et par Rome. En effet, le Ralliement à la République faisant son chemin dans les milieux catholiques, c’est le temps de l’« Esprit nouveau », terme qui désigne une politique de conciliation entre l’Etat et l’Eglise catholique, incarnée par le gouvernement Méline (avril 1896-juin 1898). Après quelques hésitations de Rome, en septembre 1896, il est sacré évêque en la Primatiale Saint-Jean et nommé au diocèse de Laval, peu favorable aux institutions républicaines.

 

Dès son arrivée il demande à ses prêtres de ne pas faire de discrimination entre leurs paroissiens sur des critères politiques ; il se heurte rapidement aux royalistes de son diocèse même s’il condamne par ailleurs les théories socialistes ou anarchistes.

 

Le bien ne se fait pas sans difficultés. Depuis un mois à peine que je gouverne ce diocèse, n’ai-je pas été moi-même l’objet de critiques ? On a dénigré mes intentions, blâmé mes actes, tiré un coup de pistolet en l’air.

(Homélie, 8 novembre 1896)

 

En octobre 1900 une campagne de presse s’organise contre lui. Les articles d’Albert Monniot parus dans La Libre Parole, journal antisémite de Drumont, sont publiés en 1901 sous le titre Un préfet violet Mgr Geay, évêque de Laval. Non seulement on l’attaque sur ses idées et décisions épiscopales mais sur ses mœurs, l’accusant d’une liaison amoureuse avec la Supérieure du Carmel local. S’ensuit un imbroglio où interviennent son secrétaire, le préfet, le directeur des cultes, un journaliste, etc. Mgr GEAY va plaider sa cause à Rome qui le maintient en place.

 

Avec l’arrivée en 1902 d’Emile Combes à la Présidence du Conseil et en 1903 du Pape Pie X, les tensions grandissent entre l’Etat français et Rome. Le 17 mai 1904 Mgr GEAY est sommé par Rome de quitter la direction du diocèse dans le mois. Le gouvernement, alerté par ses soins, lui interdit de quitter la France. La campagne de presse s’amplifie. Le 30 mai les relations diplomatiques entre la France et le Saint-Siège sont rompues. Mgr GEAY écrit à Rome qu’il s’y rendra le 24 juillet. Le 2 juillet Mgr GEAY reçoit une convocation à paraître sous quinzaine. Le 24 août Mgr GEAY quitte clandestinement la France. Le 30 août il présente personnellement sa démission au Pape. La nécrologie que publie la Semaine religieuse du diocèse de Lyon évoque cet épiscopat en ces termes :

 

Il s'embarquait pour la foi et pour la patrie Pro fide el patria ; pour cette foi à laquelle il devait rendre un si touchant hommage à sa dernière heure, pour cette patrie qu'il aimait passionnément et dont il goûtait si fort les institutions. Hélas ! il devait échouer au poste. A peine arrivé, il se heurta des difficultés peu communes, difficultés d'ordre politique surtout, et contre lesquelles sa nature trop naïvement confiante devait fatalement se briser.

Il y a des courants que l'on ne remonte pas ; se placer en travers c'est s’exposer à être emporté par eux à la dérive. Et, de même que son éloquence n'avait pas connu toujours toutes les nuances de la pensée, ni sa parole toutes les finesses de l'expression, son action manqua trop souvent de la dextérité, de la souplesse et de la prudence qui eussent été si nécessaires.

En dépit de tous ces obstacles cependant, il fit des œuvres, créa la paroisse Saint-Pierre, surtout restaura cathédrale. Mais, en dépit de ces efforts, il apparut bientôt que, dans les conditions délicates où il se trouvait, il ne pouvait plus faire le bien à Laval et le Pape lui demanda sa démission, pour lui donner bientôt après, et comme compensation, le titre d'évêque de Samos.

(Nécrologie, Semaine religieuse)

 

Il revient dans le diocèse de Lyon puis part se reposer à Cannes ; accueilli d’abord chez les Frères de Saint-Jean-de-Dieu il s’installe à la Villa Pauline.

 

Je suis venu à Cannes chercher la paix et le repos, et faire ainsi cesser tout le bruit qui a été fait à cause de moi. Je veux la paix et le silence et je ne veux plus être le prétexte de polémiques. Les graves incidents qui ont-troublé le diocèse de Laval s'apaiseront. Quant à moi, je reste en parfaite communion d'idées avec le Saint-Père. C'est sur son -conseil que j'ai démissionné ; c’est lui qui m'a paternellement convié à m’éloigner de Laval et à attendre l'heure meilleure. Ce que vous pouvez dire encore, ajoute Mgr Geay, c'est que je suis victime de cette Terreur blanche qui trouble l'esprit d'une partie de nos populations de l'Ouest. Je n'ai voulu marcher avec personne contre la République et avec ceux qui jettent l'épiscopat français dans la lutte contre nos institutions. On ne me pardonne pas d'avoir dit à nos populations de l'Ouest qu'on pouvait être bon catholique et en même temps bon républicain.

(entretien du 10 septembre 1904 paru dans Le Figaro, 11 septembre 1904)

 

Il faut attendre 1906 la fin du Concordat pour qu’un évêque soit nommé, cette fois-ci, directement par Rome au siège de Laval.

 

Mgr GEAY obtient une pension viagère du Saint-Siège et le titre d’évêque de Samos.

 

En 1911, il réside à Caluire. Il rend service au diocèse en particulier par des tournées de confirmation, comme après la mort du Cardinal Sevin en 1916.

 

Malade, il se retire à Hyères où il décède peu après son arrivée le 14 novembre 1919.

 

 

 

DOCUMENTS

 

 

-      MONNIOT Albert, 1901, Un préfet violet Mgr Geay, évêque de Laval

 

-      Le Figaro, 1904, 11 septembre, Mgr Geay à Cannes

 

-      Semaine religieuse, 1919, Nécrologie, 12 décembre

 

-      JULG Jean, 2004, Les évêques dans l'histoire de la France: Des origines à nos jours

 

-      POULAT Emile (dir.), 2006, La Séparation et les Eglises de l’Ouest

 

-      GLANTY Patrick, 2009, Histoire de la Société des Missions Africaines (SMA) 1986-1907

 

-      DENIS Michel, 1967, L’Eglise et la République en Mayenne. 1896-1906

 

-      PEAN Pierre, 1990, L'Homme de l'ombre: Eléments d'enquête autour de Jacques Foccart... (originaire de la Mayenne)

 

 

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