prieuré de Grelonges
XIIème s.-1301
prieuré de Salles
Xèmes.-1790
Au début du XIIème
siècle un Seigneur de Beaujeu fonde un prieuré pour des filles de nobles morts
ou ruinés durant les croisades. Celui-ci est situé sur une île de la Saône
appelée Grelonges, de la paroisse de Fareins, à la frontière entre la Francie
occidentale et l’Empire germanique ; il dépend de l’abbé de Cluny. Mais
certains datent cette fondation de 1095, ou même entre 950 et 980, donc avant
les croisades.
En
1156 le prieuré de Grelonges dépend du prieuré clunisien d’hommes de Limas.
Vers
1200 il dépend du prieuré clunisien d’hommes Saint-Martin de Salles. Celui-ci
existe depuis le Xème siècle, son église date du XIème et
son cloître du XIIème. En 1262, le prieuré ne compte plus que deux
moines.
En 1268, une inondation détruit
une partie des bâtiments de Grelonges et la trentaine de religieuses quitte
l’île provisoirement. En 1273 un incendie détruit une partie des bâtiments.
En 1301, après une forte
inondation, l’abbé de Cluny fait définitivement installer les 27 religieuses et
3 novices au prieuré de Salles où demeurent deux moines, le prieur et le
sacristain, pour les offices et la gestion du domaine.
Depuis cette date l’île a
disparu. Il ne reste que son nom dans les documents et quelques pierres
réutilisées dans les environs (retable, chapiteaux).
Des constructions sont alors
entreprises pour développer le prieuré et son confort afin de loger de 23 à 34
religieuses, quelques novices et les 2 moines. Pour cela plusieurs donations
sont faites, entre autres du Chapitre de Beaujeu.
Les Dames de Salles ne font pas
de vœux monastiques ; elles sont chanoinesses séculières et tiennent
chapitre ; elles chantent l’office dans l’église qui est à la fois
prieurale et paroissiale.
En 1362-1363 les religieuses
doivent momentanément abandonner le prieuré saccagé par les
« Tard-Venus ».
En 1559 la chapelle Saint-Nicolas
est affectée aux religieuses lors de leur séjour à Beaujeu.
En 1647, la règle bénédictine
étant peu suivie, l’abbé de Cluny ordonne une réforme. Plutôt que de quitter
Salles pour Lyon, les religieuses acceptent de devenir chanoinesses régulières
soumises à la clôture monacale.
En 1705 un incendie détruit les
archives du prieuré.
En 1753 le prieuré de
Saint-Thomas-la-Garde en Forez leur est réuni.
La règle bénédictine est au fil du
temps adoucie et en 1765 (1779) le prieuré est « sécularisé » :
les religieuses ont chacune leur propre maison ; en
1777 la supérieure, Madame De Ruffey, obtient de ne plus dépendre de religieux
mais de l’archevêque de Lyon ; les revenus du prieuré reviennent alors
directement au Chapitre des Dames ; en 1780 les revenus du Chapitre
masculin de Beaujeu, qui est supprimé, reviennent à celui de Salles ; en
1782 des lettres patentes royales exigent un haut niveau de noblesse pour
entrer au prieuré et donnent le titre de comtesses aux chanoinesses.
En 1781 est décidée la reconstruction de l’ensemble
des bâtiments (église, salle capitulaire, maisons…) ; une église est alors
construite hors de l’enceinte du prieuré pour les paroissiens ; mais la
Révolution met un terme à ces projets.
En
1788 le prieuré d’hommes est annexé au Chapitre des Dames.
A
la Révolution les biens sont saisis. Jusqu’à sa mort en 1796, Madame de Ruffey
aide de ses propres deniers les religieuses en difficulté.
En
1820 l’abbé Jean-Marie Vianney, chapelain d’Ars, est nommé curé de Salles, mais
ses paroissiens le retiennent et c’est l’abbé Laurent qui est nommé.
En
1999 à l’occasion de travaux en bord de Saône, un caveau funéraire est mis à
jour ; des recherches scientifiques commencent :
Dans le cadre d’un travail de maîtrise
d’archéologie médiévale, soutenue à l’Université Lumière Lyon II en 2002, une
étude paléoenvironnementale a été menée. Cette opération fructueuse a eu pour
but de retrouver les traces d’anciens chenaux de la Saône qui pouvaient
entourer la bande de terre sur laquelle le prieuré avait été édifié, ainsi que
de préciser les causes de la disparition précoce de ce site, les moniales
l’ayant déserté à l’extrême fin du XIIIe
siècle.
…
L’opération de Grelonges s’inscrit donc dans cette volonté de connaître
l’occupation ancienne du Val-de-Saône et ses aménagements et/ou bouleversements
fluviaux. Par ailleurs, le site fait l’objet de questionnements sur l’espace
monastique médiéval ; cette problématique s’insère pleinement dans l’Action
Collective de Recherche portant sur « la morphogenèse de l’espace ecclésial »,
dirigée par Anne Baud, Maître de Conférences à l’Université Lumière Lyon II en
archéologie médiévale. De fait, une fois l’emplacement de l’île déterminé, des
sondages archéologiques pourront être envisagés. En effet, l’opération
géomorphologique aura clarifié l’implantation topographique du site médiéval.
Il reste à savoir comment les moniales l’ont occupé et l’ont aménagé,
c’est-à-dire comment s’organisait l’espace architectural monastique sur un lieu
aussi insolite qu’une île. Le caveau sépulcral semble être un bon départ pour
la suite des opérations, puisqu’il a été remblayé avec soin et repéré à l’aide
de bornes. Sa présence indiquerait la proximité du lieu de culte prieural qui
devait faire partie intégrante de l’ensemble monastique.
(BOUVARD, 2005)
DOCUMENTS
- LAURENT abbé, 1831, Le
manuscrit du vieux curé de Salles
- BOITEL Léonard (dir.), 1844, Album
du Lyonnais: villes, bourgs, villages, églises et château du département du
Rhône
-
DE
LA ROCHE LA CARELLE Ferdinand, 1853, Histoire
du Beaujolais et des sires de Beaujeu
- MEHU Eugène, 1910, Salles
en Beaujolais : le Prieuré bénédictin de Cluny. Le Chapitre noble des
Chanoinesses-Comtesses, avec l’Armorial du Chapitre, ouvrage avec listes
des moines, curés, donateurs, prieures, religieuses, avec bibliographie,
sources d’archives, gravures…
- Actes des Journées d’études 1999, 2000, Salles-en-Beaujolais et sa région, avec photographies d’un retable
et de chapiteaux provenant de Grelonges.
- BOUVARD Emma, ASTRADE Laurent, 2005, Reconstitution
paléo-environnementale d’un site archéologique insulaire : le prieuré clunisien
de Grelonges en bord de Saône (Fareins, département de l’Ain), Revue archéologique
de l'Est, Tome 54, pp. 365-377
-
Académie
de Villefranche et du Beaujolais. Société des Sciences, Arts et Lettres, 2009, lettre n°37
- Sites
clunisiens, Prieuré
Saint-Martin
- Ministère de la Culture, patrimoine
o
9 documents (textes et photographies)
sur le chapitre
o
24 documents (textes et photographies)
sur l’église
o
3 documents (textes et photographies)
sur des objets
- Le Musée du prieuré photographies
m.philippon