Hugues à Robert, de Langres
1099
Hugues, serviteur de l’Eglise de Lyon,
à Robert, mon
frère très aimé, évêque de Langres,
salut.
Ce que dans le colloque qui s’est tenu à Port d’Anselle
nous avons récemment décidé au sujet de l’affaire de la Communauté de Molesme, nous estimons nécessaire de le faire connaître à
votre Fraternité.
Sont venus à nous des moines de Molesme avec
votre lettre, pour nous décrire la désolation et la ruine de leur abbaye,
qu’ils attribuent au départ de Robert, leur abbé, et réclamer avec insistance
que leur soit rendu leur père. En effet ils n’espéraient pas pouvoir connaître
autrement le rétablissement de la paix et de la quiétude dans la Communauté de Molesme ni le retour de la vigueur première de leur vie
monastique.
Est venu à nous frère Geoffroy que vous avez ordonné abbé de cette
Communauté, pour nous dire qu’il cèderait volontiers le monastère à Robert
lui-même comme à son Père, s’il nous plaisait de faire revenir celui-ci à la
Communauté de Molesmes.
Vous ayant donc écouté, ainsi que la demande des gens de Molesmes, après avoir relu la lettre que monseigneur le
Pape nous a envoyée sur l’affaire faisant toute confiance à notre jugement et
notre administration, enfin avec l’acquiescement à vos prières et aux leurs des
nombreux religieux, évêques ou non, qui étaient à nos côtés en ce conseil, nous
décidâmes de restituer Robert à la Communauté de Molesmes,
et qu’avant qu’il n’y revienne il aille à Chalons auprès de notre frère évêque
de Chalons, à qui il fit profession selon la coutume de tous les autres abbés,
lui rendre le bâton et la charge de l’abbaye, et rende les moines du Nouveau Monastère, qui ont fait
profession à lui comme à leur abbé et promis obéissance, libres et dispensés de
leur profession et obéissance, et ainsi reçoive de l’évêque lui-même la
dispense de la profession qu’il fit à lui et à l’Eglise de Chalons.
Nous donnâmes aussi la permission de revenir avec lui à Molesme
à tous ceux des frères du Nouveau
Monastère qui l’ont suivi à son départ du Nouveau Monastère, à la condition expresse que ni les uns ni les
autres ne cherchent jamais à recevoir ou faire revenir les uns ou les autres,
s’en tenant à ce que saint Benoît prescrivit pour recevoir des moines d’un
nouveau monastère (d’un monastère connu).
Lorsqu’il aura fait ce qui est dit ci-dessus, nous nous en remettons à
votre bonté pour que vous restituiez Robert comme abbé de la Communauté de Molesme, de sorte que, si par la suite il quittait cette
Communauté, selon sa légèreté habituelle, nul le lui soit substitué tant que
l’abbé Geoffroy est vivant, sans votre accord, le nôtre et celui de Geoffroy
lui-même.
Tout ce que nous ordonnons relève de l’autorité apostolique.
Pour les objets du culte et les autres qu’en quittant la Communauté de Molesme l’abbé Robert avait emmené avec lui lorsqu’il se
rendit auprès de l’évêque de Chalon et au Nouveau
Monastère, nous décidons que tout reste acquis aux frères du Nouveau Monastère, excepté un bréviaire
qu’avec l’accord de gens de Molesme ceux-là gardent
jusqu’à la fête de Jean Baptiste, le temps de le recopier.
Ont participé à cette décision les évêques Norgaud
d’Autun, Gautier de Chalons, Béraud de Mâcon, Pons de Belley, et les abbés
Pierre de Tournus, Jarenton de Dijon, Gauceran d’Ainay, ainsi que
Pierre camérier de monseigneur le Pape, et de nombreux autres gens d’honneur et
bonne réputation.
NOTE
Pour
MARILLIER Jean, 1961, Chartes et
documents concernant l’abbaye de Cîteaux (1098-1182), Rome, Archives départementales de la
Côte D’or, Portum Ansille est Port-d’Anselle, localité disparue, cne
Saint-Didier-sur-Chalaronne (Ain, arr. Trévoux, con
Thoissey).