lettre du pape Innocent IV
aux responsables des Eglises
1251
Innocent, évêque, serviteur des serviteurs de Dieu,
à tous les vénérables frères archevêques et évêques,
aux fils bien aimés abbés, prieurs, doyens, archidiacres et autres responsables
des Eglises, tant exempts que non exempts, auxquels parviendront ces écrits,
salut et
bénédiction apostolique.
Le lumineux et total dévouement envers l’Eglise des
habitants de la cité de Lyon, si étincelant de pureté, doit être fermement
gardé en mémoire, pour ne jamais sombrer par la suite dans l’oubli.
Comme dans les régions d’Italie un ouragan de
persécution s’est jadis levé contre l’Eglise elle-même dégradant la situation,
nous nous décidons à nous en aller vers d’autres régions, afin de pouvoir
apporter une meilleure attention à la défense de la foi catholique et de la
liberté de l’Eglise. C’est pourquoi fuyant les troubles du moment en Italie,
nous sommes parvenus dans une région au-delà des Alpes où sont en vigueur un
calme repos et un reposant calme, et pour notre pause nous avons choisi tout
spécialement la cité de Lyon, cité dis-je remarquable par ses titres de noblesse,
forte de la pureté de sa foi, unie dans la concorde de la paix, riche d’une
abondance de biens, et commode d’accès pour tout le monde ; c’est par le
Concile universel réuni là avec succès que nous fîmes avancer avec soin et
constance la cause de l’Eglise contre les Tyrans et ses persécuteurs, et
voulûmes de manière salutaire dans les délibérations de ce concile solennel
nous occuper de l’indispensable aide à la Terre Sainte et à l’Empire romain,
mais aussi des incursions imminentes des Tartares à contrer et généralement de
l’état de l’Eglise.
Cette cité est en tout point remarquable par son
dévouement, elle qui soutint le Pasteur de l’Eglise générale et Père spirituel
de tous les fidèles avec grande vénération, et l’honora lui, ses Frères et
autres ministres et serviteurs. Les habitants de cette cité méritent d’être
appelés nos fils spéciaux à juste titre, eux qui ne voulaient qu’être dociles
par modestie, doux par bienveillance, dévoués par affection et emplis de
discrétion, de sorte que cette cité est révérée en tout point comme mère et
maîtresse. Et ainsi pour leur serviabilité aux multiples formes le Siège
Apostolique les considèrent totalement dignes de plus d’amour, il continue à
les enrichir de marques de faveur et de préférences, de sorte que leur bonté
ainsi reconnue et récompensée soit pour les autres une invitation pressante et
un exemple réussi de service de l’Eglise. Au vrai comme nous voulons que leurs
précieux mérites soient reconnus non seulement des gens proches mais aussi des
gens lointains, pour qu’ils resplendissent chez ceux-là d’éloge mérité, c’est à
eux que nous pensons en vous écrivant nos affectueuses lettres qui décrivent
leurs dévoués services.
Comme nous avons le souci que leur situation et leur
rang s’améliorent non seulement grâce à Nous, mais aussi grâce à vous et à
d’autres, pour cela nous prions votre société et par ces écrits Apostoliques
vous exhortons avec attention :
En vertu d’une obligation de stricte obéissance que
nous vous demandons, ces citoyens lyonnais que nous prenons sous notre
protection et celle du bienheureux Pierre, par respect pour Nous et le Siège
Apostolique, que vous les considériez d’abord comme les fils spéciaux de ce
Siège toutes les fois qu’il leur arrivera d’entrer sur les terres ou lieux de votre
juridiction ou de passer par là ; que vous les protégiez efficacement eux,
leurs personnes et leurs biens ; que vous leur assuriez un sauf conduit,
si nécessaire, dans leurs allées et venues ; que vous ne permettiez pas
qu’ils soient importunés ou offensés par quiconque durant ce temps. Et s’ils
réclamaient justice au sujet d’injustices ou de quelques affaires, que vous la
leur fassiez rendre pleinement par vos sujets sans délai ni difficulté et par
tous les moyens au cas où ils auraient besoin de vous pour cela, toute entrave
d’appel étant levée écartant ainsi les contradicteurs tant de notre autorité
que de la vôtre.
Pour ce qui est du mandat apostolique, comme il est
difficile d’adresser à chacun d’eux ces lettres avec notre sceau, nous voulons
et prescrivons ceci :
s’ils vous en présentaient le contenu ou la copie, muni
du sceau de l’Archevêque, de l’Official, du Doyen, de l’Archidiacre de Lyon du
moment, ou de toute autre dignitaire de l’Eglise de Lyon, que vous accordiez
totale confiance à ce type de copie, et si ce sont nos lettres que vous
receviez, que vous vous appliquiez à les suivre en tout point ; que notre
instruction ainsi soit sur tous ces points mise en œuvre avec efficacité ;
qu’ainsi vous ne montriez nulle négligence ou désobéissance, que d’aucune façon
nous ne pouvons laisser impunie, mais que vous mettiez en avant plutôt de
l’obéissance et la diligence pour lesquelles on reçoit habituellement éloge et
récompense.
Donné à Lyon aux ides de février, l’an 8 de notre pontificat.
NOTES
ides de février : le 13 février
an 8 de notre pontificat : 1251
DOCUMENTS
- Texte latin
o
MENESTRIER
Claude François, 1696, Histoire
civile ou consulaire de la ville de Lyon, Preuves xij
et sq
- POUZET Philippe,
1929, Le
pape Innocent IV à Lyon. Le concile de 1245, Revue d'histoire de l'Église de France, 15/68, pp. 281-318