« Vous serez mes témoins à Jérusalem,
dans toute la Judée et la Samarie et jusqu’aux extrémités de la terre »
(Actes, 1, 8) dit Jésus à ses apôtres avant son Ascension. De Jérusalem,
l’Evangile est parvenu en Occident au cours des deux premiers siècles en
suivant les chemins des prédicateurs de doctrines, des marchands, des
administrateurs et des soldats. Lyon en Gaule, où la présence du christianisme
est attestée dans la seconde partie du second siècle, est une de ces
“extrémités“. Irénée, le second évêque de Lyon, se présente comme l’héritier de
l’apôtre Jean qui a vu le Seigneur, par l’intermédiaire de Polycarpe, évêque de
Smyrne, qu’il a connu dans son enfance. A l’Orient de Jérusalem, selon la
tradition, l’Arménie, une autre “extrémité“ aurait reçu l’évangile des apôtres
Thaddée et Barthélemy avant que la christianisation complète et définitive du
pays se réalise grâce à Grégoire l’Illuminateur sous le règne de Tiridate III
(252-330). Dans son action missionnaire, Irénée parlait le grec, le latin et
sans doute le celte. S’il a écrit son œuvre théologique dans la langue grecque
porteuse de la grande culture
hellénistique, paradoxalement cette œuvre nous a été conservée en latin et en
arménien. Les évangélisateurs de l’Arménie
ont sans doute utilisé également le grec et l’arménien comme langue parlée,
mais au début du Ve siècle, le moine Mesrop donna au peuple arménien son
alphabet qui permit de lui transmettre l’Ecriture dans sa langue et d’exprimer
par l’écrit la richesse d’une culture où se fondent les apports grecs, perses,
syriaques et hébraïques. De prime abord, ces constatations semblent relever
d’un simple et banal parallélisme sans conséquences pratiques. Or, il se trouve
que le message d’Irénée, enraciné dans l’hellénisme, mais proclamé dans l’extrémité occidentale du monde de
l’époque, a fait le chemin inverse de l’Occident vers l’Orient. L’œuvre
d’Irénée a été traduite en arménien. Bien plus, nous ne connaissons un ouvrage
d’Irénée, la Démonstration de la prédication apostolique, que par la
version arménienne retrouvée au début du XXe siècle. Ainsi, ce qui apparaissait
comme un simple parallélisme nous conduit à évoquer la rencontre de deux
évangélisations. Nous parlerons surtout de l’évangélisation de Lyon et de la
Gaule et de l’œuvre d’Irénée, en pensant que des personnes plus compétentes
nous présenteront l’enrichissement mutuel
de ces deux cultures chrétiennes. Après avoir rappelé les mouvements
culturels et religieux de l’Orient méditerranéen vers Lyon, nous nous étendrons
davantage sur la naissance du christianisme à Lyon dont témoignent les martyrs
de 177 et sur l’œuvre d’Irénée.
Où
qu’elle se réalise, l’annonce de l’Evangile s’adresse aux hommes et aux femmes
d’une époque et d’un lieu donnés. L’Evangile se sert des moyens du
moment : langues et cultures, moyens de communication, structures
administratives et politiques. C’est ce que nous devons évoquer maintenant.
Lugdunum
(Lyon), capitale des trois Gaules
Colonie
romaine fondée en 43 avant Jésus-Christ, près du confluent du Rhône et de la
Saône, capitale fédérale des trois Gaules, Lugdunum apparaît d’abord comme
« le miroir de Rome dans les Gaules » (A. Audin), et représente
un milieu de culture latine dont témoignent les neuf cents inscriptions latines
retrouvées à ce jour. Néanmoins, comme beaucoup d’autres régions de l’Empire
romain, la cité lyonnaise est cosmopolite et multiculturelle.
A
partir des conquêtes de la République, les Romains avaient réduit en esclavage
et vendu dans tout l’Empire des milliers d’orientaux, dont beaucoup de culture hellénique.
Le déplacement de ces esclaves, des militaires, des administrateurs et des
commerçants avait contribué à répandre largement l’usage de la langue grecque
jusqu’en Occident. C’est ainsi que l’hellénisme avait sa place à Lyon. Une
partie des lyonnais était hellénophone.
Il
faut être prudent sur les estimations. Outre que l’on ignore la population
exacte du Lyon antique – certains s’accordent sur une cinquantaine de milliers
d’habitants – on analyse ses composantes en extrapolant à partir des épitaphes
qui nous sont restées. Plusieurs centaines sont rédigées en langue latine, mais
quelques dizaines sont grecques ou bilingues. On souligne que les noms grecs
sont nombreux dans les épitaphes latines. Toutefois, les épitaphes ne nous
renvoient qu’à une infime partie de la population, aux personnages les plus
aisés : prêtres, administrateurs, militaires, commerçants, dont elles nous
disent l’importance économique et sociale, mais laissent la masse de la population
dans l’ombre. D’autre part, les noms grecs, égyptiens, orientaux n’indiquent
pas forcément des gens originaires d’Orient mais peut-être seulement une
descendance lointaine ou simplement la mode de noms exotiques. Enfin les
épitaphes et les textes officiels rendent
mal compte du fait que les populations de la Gaule et donc certainement
celle de Lyon, parlaient la langue locale, le celte ou le gaulois. On repère
des noms gaulois de lieux et de personnes dans les inscriptions latines, mais
dans toute la Gaule, au regard des milliers d’inscriptions latines, on n’en a
conservé qu’une soixantaine en langue celtique, et parmi elles aucun document
officiel. La langue gauloise de l’époque reste très mal connue et seuls
quelques vocables du monde paysan sont passés dans le vocabulaire français
d’aujourd’hui.
De
l’usage des langues, on peut déduire une dimension humaniste en ce sens que des
lyonnais pouvaient avoir accès à la littérature latine et grecque. A travers les monuments et les objets révélés
par l’archéologie : architecture, peinture, sculpture, mosaïques, nous
pouvons déduire un art de vivre que nous fait découvrir le Musée lyonnais de la
civilisation gallo-romaine. Les Lyonnais assistaient à des représentations dans le théâtre ; poètes et auteurs divers déclamaient leurs œuvres dans l’odéon. Mais
outre que nous n’avons pas la connaissance de ces œuvres, il n’y a rien là de
spécifiquement lyonnais. Les jeux du cirque et de l’amphithéâtre appartiennent
également à la roman way of life mais s’agit-il d’un humanisme ?
Lyon
est un lieu de passage : échanges commerciaux, séjour des empereurs,
réunion des représentants autour du temple de Rome et d’Auguste, brassage des
religions. On pourrait parler d’un humanisme d’ouverture au monde, du moins aux
diverses cultures de l’Empire. L’empereur Claude, natif de Lyon, émet le vœu
gravé sur la table claudienne (48 après J.-C.) que des Lyonnais puissent
devenir sénateurs à Rome. Les traces des cultes égyptiens sont nombreuses. On a
retrouvé à Lyon et dans la vallée du Rhône des sceaux de plomb et des
médaillons d’applique portant l’effigie de Sérapis, d’Isis et d’Osiris ainsi
que de nombreux objets funéraires déposés dans les tombeaux : oushabtis
(statuettes) , amulettes de fabrication égyptienne. Le culte de Mithra,
généralement lié aux légions, est
attesté par des découvertes archéologiques : buste du Soleil, dédicace Deo
invicto. Plus encore, le culte de Cybèle et d’Attis ou culte de la Grande
Mère, originaire de Phrygie, avait une place importante à Lyon, dont témoignent
les tauroboles du second siècle. Une inscription grecque retrouvée dans le
quartier Saint-Just de Lyon en 1972 associe commerce et prédication d’une bonne
doctrine (laquelle ?) chez un personnage venu de Syrie à Lyon :
« Euteknios
est son surnom, Ioulianos son nom, Laodicée sa patrie, parure admirable de la
Syrie. Notable du côté de son père, et sa mère avait un beau rang
analogue ; de bon service et juste pour tous, avec en retour l’affection
de tous. Quand il parlait aux Celtes, la persuasion coulait de sa bouche. Il a
circulé en des nations diverses. Il a
connu des peuples nombreux et, chez eux, exercé la valeur de l’âme. Aux flots
de la mer sans relâche il s’est exposé, apportant en présent aux Celtes et à la
terre d’Occident tout ce que Dieu a fixé de porter à la terre d’Orient féconde
en tous produits, parce qu’il l’aimait, homme qu’il était… »
Minorité
religieuse et ethnique, les chrétiens récusent les rumeurs qui courent à leur
sujet : crime rituel, athéisme, promiscuité. Leur témoignage dépasse la
seule confession de la foi. En risquant un certain anachronisme, on peut dire
que les martyrs luttent pour le respect
des droits de l’homme : le combat pour le Christ est en même temps
un combat pour l’homme. Les martyrs affirment l’égalité de tous les hommes et
l’universalité de la condition humaine. Les chrétiens veulent voir et
rencontrer l’humanité de Jésus dans tous les hommes et particulièrement les
plus pauvres et les victimes de l’injustice. Ils luttent pour la liberté
religieuse, à la fois liberté de conscience et liberté de culte. De la foi chrétienne
découle une dimension nouvelle de la vie sociale. La lettre présente l’Eglise
comme une mère aimante, comme une communauté d’échange et d’amour. Cette
maternité est exercée collectivement par l’ensemble des chrétiens. Pour ceux
qui manquent de courage “ce fut comme un avortement“ (HE, V, 1-11). Mais
à leur égard, les chrétiens ont un cœur de mère, versent sur eux des larmes et
demandent pour eux la vie (HE, 2, 6-7). Quand ceux qui avaient eu peur
reprennent courage, c’est une grande joie pour leur mère. A plusieurs reprises,
la lettre fait ressentir cette affection discrète qui lie les chrétiens.
L’entraide était pour eux une nécessité dans un monde hostile.
IRENEE,
TEMOIN DE L’HELLENISME ET DE L’HUMANISME CHRETIEN
Irénée
se trouve au milieu des chrétiens de Lyon, nous dit Eusèbe, comme “presbytre de
la communauté (paroikia, paroisse) de Lyon“ quand la persécution éclate en 177. Il
succède à Pothin l’évêque martyr. En Irénée, nous rencontrons un grand témoin
de l’hellénisme à Lyon et le plus ancien théologien du christianisme. Tout ce
que nous savons sur sa biographie provient de l’Histoire ecclésiastique d’Eusèbe
de Césarée (livre V) qui en avait puisé les éléments dans l’œuvre d’Irénée en
partie perdue. A part la persécution de 177, Eusèbe ne nous fournit guère de
repères chronologiques précis.
Smyrne
Irénée
naquit sans doute à Smyrne, aujourd’hui Izmir, en Asie mineure, à une date
située entre 130 et 140. Dans une lettre à son ami Florinus, dont Eusèbe cite
des extraits (HE, V, 20, 6), Irénée évoque le souvenir de Polycarpe,
l’évêque de Smyrne, dont il écouta l’enseignement dans son enfance :
« Je
puis dire l’endroit où s’asseyait le bienheureux Polycarpe pour parler, (…)
comment il rapportait ses liens avec Jean et avec les autres qui avaient vu le
Seigneur, comment il rappelait leurs paroles et les choses qu’il leur avait
entendu dire au sujet du Seigneur, de ses miracles, de son enseignement ;
comment Polycarpe, après avoir reçu tout cela des témoins oculaires du Verbe de
vie, le rapportait conformément aux Ecritures. »
Ainsi,
à Lyon, à la fin du second siècle, à travers la tradition orale, Irénée pouvait
remonter jusqu’à Jésus.
Rome ?
Nous
ignorons tout de l’emploi du temps d’Irénée entre son enfance asiate et sa présence
à Lyon dans les années 175-177. Ses écrits laissent supposer qu’il a suivi des
études littéraires et rhétoriques
sérieuses. Nous ne savons où il acquit ces connaissances : à Smyrne
ou ailleurs ? Plusieurs éléments du Contre les hérésies ou Adversus
haereses (AH), sa grande œuvre,
invitent à penser qu’Irénée a séjourné longtemps à Rome. Tous les chemins de
l’antiquité vont à Rome ou passent par Rome. Un voyage d’Ephèse ou d’Alexandrie
à Lyon suppose l’escale romaine. C’est peut-être à Rome qu’il a fait ses
études. La Rome chrétienne, mais aussi politique, tient une grande place dans
son œuvre. Irénée a conscience d’appartenir à un grand ensemble politique quand
il évoque les multiples provinces de l’Empire où l’Eglise s’est implantée
autour du “milieu du monde“ (AH I,
10, 2). Irénée est élogieux pour la paix romaine qui facilite les
échanges : « Par les Romains, le monde a la paix et nous pouvons sans
crainte voyager par terre et par mer, partout où nous voulons (AH IV,
30, 4). » C’est l’Eglise de Rome dont il connaît le mieux l’organisation.
Il évoque une foule de personnages et d’événements liés à la capitale de l’Empire.
Lyon
On
répète souvent qu’Irénée a été envoyé à Lyon par Polycarpe, un peu comme dans
les siècles plus récents un évêque ou un pape envoie des missionnaires pour
évangéliser un pays. Aucun texte ne nous le dit expressément, à moins
d’interpréter dans ce sens une phrase énigmatique d’Eusèbe : « Dans
son Traité sur l’Ogdoade, Irénée se montre comme ayant reçu lui-même la
succession des apôtres. » HE V, 20,1. En tout cas, il n’est pas
question de Lyon dans ce texte. Avant même, semble-t-il, la fin de la
persécution lyonnaise, Irénée est envoyé en mission auprès de l’évêque de Rome pour
traiter d’une affaire délicate. Un mouvement charismatique, le montanisme
(disciples de Montan), né en Phrygie, commençait à trouver des adeptes à Lyon.
Beaucoup de communautés chrétiennes, en Asie, à Rome et ailleurs, étaient
divisées sur l’attitude à prendre à l’égard de ces exaltés qui annonçaient
l’irruption de l’Esprit et l’imminence de la fin du monde. Des chrétiens de
Lyon et parmi eux des confesseurs de la foi, c’est-à-dire des chrétiens
emprisonnés au cours de la persécution, écrivent à ce sujet des lettres à leurs
frères d’Asie et de Phrygie et à l’évêque de Rome, Eleuthère (175-180). Ils
chargent Irénée de porter la lettre à Rome. Ils y expriment “un jugement
prudent et tout à fait orthodoxe“ faisant œuvre de pacification nous dit Eusèbe
(HE V, 3, 4). C’est dans ce contexte qu’ils racontent la persécution
lyonnaise et le témoignage des martyrs et confesseurs. Certains en ont déduit
qu’Irénée était l’auteur de la lettre des chrétiens de Lyon sur les martyrs.
L’évêque
et l’écrivain
Eusèbe
présente Irénée comme seul évêque des “paroisses“ (paroikia) de Gaule (HE
V, 23, 3). Il est bien difficile d’évaluer le nombre des chrétiens à Lyon
et en Gaule. Les chiffres proposés par les historiens vont de quelques
centaines à plusieurs milliers. De cet épiscopat d’un quart de siècle, Eusèbe a
retenu l’abondante activité littéraire d’Irénée et son intervention dans la
querelle sur la date de Pâques.
Comme
tout bon évêque digne de ce nom, Irénée se doit d’écrire des lettres et de
parler sur une foule de sujets. Eusèbe nous donne le titre de plusieurs
ouvrages d’Irénée qu’il avait dans sa bibliothèque dont un petit livre d’Entretiens
divers. De cette production abondante, deux ouvrages d’Irénée seulement
sont parvenus jusqu’à nous. C’est d’abord le Contre les hérésies ou Dénonciation
et réfutation de la gnose au nom menteur que l’on cite habituellement sous
son nom latin, Adversus haereses (AH), puisque seule la version latine
de l’œuvre nous est parvenue intégralement. L’allusion à l’évêque de Rome,
Eleuthère (AH III, 3,3) permet de
le dater des années 175-180. Le deuxième ouvrage d’Irénée parvenu jusqu’à nous,
mais retrouvé seulement au début du XXe siècle dans une version arménienne est
la Démonstration de la prédication apostolique. C’est une catéchèse biblique
présentée comme une histoire du salut. L’ouvrage reprend d’une manière plus
brève et moins argumentée les thèmes du Contre
les hérésies.
La
controverse sur la date de Pâques
Eusèbe
raconte longuement (HE V, 24-25) les épisodes de la controverse sur la
date de Pâques qui opposa, à la fin du second siècle, les Eglises d’Asie (la
province romaine) à d’autres Eglises, particulièrement à celle de Rome. Dans cette affaire, Irénée joua un rôle de
pacificateur. En Asie, les chrétiens célébraient la résurrection du Christ le
même jour que la Pâque juive, le quatorzième jour du mois de nizan. Toutes les
autres Eglises reportaient la Pâque chrétienne au dimanche qui suit le
quatorzième jour. Ainsi, le jeûne préparatoire à Pâques ne tombait pas les
mêmes jours. Certains jeûnaient quand d’autres avaient commencé de se réjouir.
Beaucoup s’en accommodaient quand l’évêque de Rome, Victor, dans les années
190-191, veut rompre la communion (les relations) avec ceux qui ne célèbrent
pas la résurrection le dimanche car, semble-t-il, à Rome, où des chrétiens
venaient de partout et donc d’Asie avec leurs propres coutumes, c’était le
désordre. En fait, la majorité des
chrétiens s’accorde sur la célébration du dimanche, Irénée tout comme Victor,
mais Irénée n’apprécie pas la manière cassante de Victor. L’évêque de Lyon
demande donc à son collègue de Rome de distinguer l’essentiel du secondaire.
Les divergences liturgiques entre Polycarpe, évêque de Smyrne, et Anicet,
évêque de Rome, rappelle Irénée, ne les avaient pas empêchés de concélébrer
l’Eucharistie. « La différence du jeûne confirme l’unité de la foi »
et, poursuit Eusèbe, « Irénée portait bien son nom, «le pacifique“, car il
était pacificateur par son nom comme par sa conduite ; il exhortait et négociait
pour la paix des Eglises » (HE V, 24, 13 et 18).
La
fin d’Irénée
Après
avoir parlé d’Irénée, Eusèbe signale le commencement du règne de Septime-Sévère
(192-211). On en a déduit qu’Irénée serait mort au temps de cet empereur. Mais Eusèbe
ne nous renseigne en rien sur la mort de l’évêque de Lyon. Incidemment, à la
fin du IVe siècle, quelques auteurs, dont Jérôme, donnent à Irénée le titre de
martyr sans précision. La piété des Lyonnais ne pouvait s’accommoder de cette
imprécision. Peu après 500, apparaît une Passion de saint Irénée, sanglante
à souhait : Irénée serait mort au cours d’une persécution de
Septime-Sévère qui aurait fait dix-neuf mille martyrs. Le sang aurait coulé à
flot de Fourvière jusqu’à la rivière. La Gurgès sanguinis, le “tourbillon de sang“, aurait donné son nom
à la montée (descente !) du Gourguillon et la rivière Arar serait devenue
la Sagona, la sanglante, la Saône ! Sans doute y eut-il confusion entre la
bataille de la guerre civile qui opposa Septime-Sévère aux Lyonnais révoltés.
L’humanisme
irénéen : le dépassement de l’hellénisme par le christianisme
L’Eglise
du second siècle est affrontée à une grave crise doctrinale. Les temps
apostoliques s’éloignent. L’Eglise reconnaît comme son Ecriture ce que nous appelons
aujourd’hui l’Ancien Testament, mais certains chrétiens le récusent. De plus,
circulent une foule d’écrits qui se disent apostoliques, des évangiles, des
épîtres et bien d’autres encore. Certains de ces écrits expriment le contenu de
la foi à l’aide des philosophies grecques ou des traditions orientales. Des
historiens comme Harnack ont parlé de l’hellénisation du christianisme. Il en
sort des syncrétismes douteux, des spéculations ésotériques échevelées. Leurs
auteurs croient avoir trouvé la véritable connaissance, la gnose, la réponse
aux grandes questions : qui sommes-nous ? D’où venons-nous Où
allons-nous ? D’où viennent le mal et la souffrance ? Irénée est
témoin de cette gnose née en Orient, qui a traversé la Méditerranée pour
arriver à séduire “des femmes élégantes et riches, celles dont la robe est
frangée de pourpre… jusque dans nos contrées du Rhône“ (AH I, 13, 3 et 7). Irénée décrit en
particulier les agissements d’un séducteur nommé Marcos. Sans doute,
l’enracinement lyonnais de l’œuvre irénéenne
est peu marqué. L’ouvrage témoigne davantage de la culture de l’évêque de Lyon qui est entré en contact
avec ces gnoses orientales issues de tout l’Orient et particulièrement
d’Egypte. Il semblerait que ce soit à Rome où tout aboutissait, qu’Irénée ait
rencontré un certain de nombre de ces doctrines et de leurs auteurs sans qu’il
soit passé forcément par Alexandrie.
Irénée
entend réagir contre ce qu’il estime être une perversion du message chrétien.
Les gnostiques détournent les chrétiens du Dieu unique créateur en affirmant
que la création est mauvaise. Ils blasphèment contre le Christ en niant
l’incarnation du Verbe. Ils font désespérer les hommes de leur salut. La
réponse d’Irénée nous a valu le premier grand exposé de théologie chrétienne. Dans
son Contre les hérésies en cinq livres (parties), il se propose de
dénoncer ces doctrines et de les réfuter en trois étapes. L’objet du premier livre est de dénoncer ces doctrines
en les décrivant telles qu’elles sont. Dans le second livre, il les réfute au
nom de la raison et de l’histoire. Il poursuivra ensuite sa réfutation en
s’appuyant sur l’Ecriture et la tradition de l’Eglise. Cette troisième partie
va s’étendre considérablement au point
de faire l’objet de trois livres qui deviennent une sorte d’exposé
général de la foi chrétienne qu’Irénée reprendra ensuite plus brièvement dans la Démonstration
de la prédication apostolique.
La
culture grecque d’Irénée
Avant
de nous arrêter un peu sur cet humanisme grec dans lequel se meut Irénée, il
faut rappeler qu’Irénée, au début de son ouvrage, dit à son dédicataire qu’il
écrit en Gaule :
« Tu
n’exigeras pas de nous, qui vivons chez les Celtes et qui, la plupart du temps,
traitons nos affaires en dialecte barbare, ni l’art des discours que nous
n’avons pas appris, ni l’habileté de l’écrivain, dans laquelle nous ne nous
sommes pas exercé, ni l’élégance des termes ni l’art de persuader que nous
ignorons » (AH, I, préface 3).
On
a interprété diversement cette phrase. Certains ont voulu comprendre qu’Irénée
devait se contenter d’un mauvais grec pour s’adresser à ses fidèles, d’autres
que cette langue barbare était le latin. Il est tout de même plus simple de
penser qu’Irénée a utilisé la langue celtique, le gaulois, pour se faire
comprendre des chrétiens dont il avait la charge. Mais elle n’a sans doute pas
dépassé le niveau oral ; on chercherait en vain des mots celtes dans le Contre
les hérésies !
Irénée
utilise pour sa réfutation des doctrines
et sa présentation du christianisme les ressources de la culture
grecque. Sagnard et Benoît (cf. bibliographie) soulignent qu’Irénée écrit le
grec avec une certaine élégance. Lorsqu’il affirme son incapacité littéraire,
il fait preuve d’une modestie conventionnelle dans une phrase bien construite.
Il argumente selon les procédés
rhétoriques de l’époque, cite écrivains et philosophes. Il utilise pour
argumenter les techniques dialectiques des sophistes de son temps. Il
affectionne le dilemme – le choix entre deux solutions : “ou bien, ou
bien“ -, la question véhémente à laquelle l’interlocuteur doit répondre. Il
aime les arguments ad hominem et affectionne l’ironie parfois un peu
grosse jusqu’à la parodie. Il illustre ses argumentations par des exemples
tirés de l’art, de la chasse, de la musique, de la médecine, de la gymnastique,
du travail des métaux. Il a une certaine idée de la culture nécessaire à
l’honnête homme et reproche à ses adversaires gnostiques d’en manquer alors
qu’ils prétendent tout savoir (AH II, 32, 2).
Comme
tout bon grec cultivé, Irénée cite ou mentionne les grands auteurs de la
littérature classique : Homère, Hésiode, Stésichore, les comiques Ménandre
et Aristophane, l’Œdipe de Sophocle, les fables d’Esope, etc. Ces
allusions se trouvent presque toutes dans les deux premiers livres du Contre
les hérésies dans lesquels il décrit les systèmes gnostiques et veut les
réfuter par la raison. Le plus souvent, c’est pour dire que les doctrines
gnostiques ne sont pas originales mais puisées dans les fables de la
littérature ancienne. On a relevé également dans le Contre les hérésies trente-deux
mentions de la philosophie et des philosophes : Platon, Anaxagore,
Démocrite, Epicure, les Cyniques, Aristote, les Stoïciens, Thalès, Anaximandre
et Empédocle. Irénée veut montrer que les gnostiques ont emprunté leurs erreurs
aux philosophes (AH, II, 14). Irénée n’a que piètre estime pour les
philosophes. Une seule fois, il présente d’une manière positive un philosophe,
en l’occurrence Platon, qui lui sert à argumenter contre les gnostiques :
« Plus religieux qu’eux apparaît Platon, qui a confessé un même Dieu à
la fois juste et bon, ayant pouvoir sur toutes choses et faisant lui-même le
jugement. » ( AH III, 25, 5). Suit une citation de Platon Lois
IV, 715e. Mais si Irénée semble avoir possédé un honnête bagage
littéraire et rhétorique, ses connaissances philosophiques apparaissent bien
réduites. Il n’a sans doute pas lu directement les œuvres des philosophes mais
puisé dans des recueils de citations thématiques. Il faut nous souvenir
qu’Irénée n’a pas entrepris une œuvre littéraire ou philosophique. Il se
propose seulement de défendre de toutes
ses forces l’intégrité du message chrétien. Tout en utilisant les ressources de
l’hellénisme, Irénée propose un dépassement de l’hellénisme par le
christianisme. Ce n’est pas le lieu de faire un exposé d’ensemble de la pensée
théologique d’Irénée, mais retenons deux thèmes qui peuvent situer Irénée par
rapport à l’hellénisme. Les références
de l’évêque de Lyon sont maintenant les Ecritures chrétiennes. Il trouve en
elles une théologie de l’histoire qui se démarque de la philosophie classique.
La
Tradition et les Ecritures chrétiennes
Irénée,
dans les deux premiers livres de son ouvrage, fait appel à la raison et au bon
sens en citant un certain nombre d’auteurs grecs classiques, mais bientôt, à
partir du troisième livre, il argumente désormais avec les écritures
chrétiennes, les seules véritables à ses yeux. Les gnostiques se référaient à
une foule d’écritures dont Irénée jugeaient un certain nombre douteuses. Il
propose donc pour la reconnaissance des véritables écritures chrétiennes des
critères qui ne sont pas littéraires : elles doivent contenir le véritable
enseignement des apôtres. Ceux-ci ont d’abord prêché l’Evangile qu’ils ont
transcrit ensuite dans les Ecritures. Aussi importe-t-il de montrer que les livres qui nous parlent du
Christ remontent à un apôtre. Les quatre
évangiles reflètent l’enseignement direct ou indirect de quatre apôtres,
Matthieu, Pierre (évangile de Marc), Paul (évangile de Luc) et Jean (AH III,
1, 1 et IV, 33, 8). Pour être sûre de transmettre la véritable doctrine, toute
Eglise locale doit pouvoir établir la succession de ses évêques ou presbytres
depuis les apôtres jusqu’à elle. C’est pourquoi, Irénée attache une importance
particulière à présenter la succession des évêques de Rome, car, par cette
Eglise, on remonte jusqu’aux deux principaux apôtres, Pierre et Paul (AH III,
2, 4). Autrement dit, la doctrine véritable n’est pas une pure connaissance ou
une gnose. Elle est une tradition vivante transmise de personne à personne, qui
ne se confond pas avec les Ecritures, car elle est à la fois antérieure et plus
large. Il est des peuples barbares « qui possèdent le salut, écrit
sans papier ni encre par l’Esprit dans leurs cœurs » AH III, 4, 2.
Irénée a lui-même expérimenté cette tradition orale et personnelle qui, par
Polycarpe et Jean, lui permettait de remonter à Jésus. Mais, en même temps,
Irénée a le sentiment d’arriver à la fin d’une période. Avec le temps, ce lien
quasi charnel avec le Christ s’estompe ; il importe de définir ce qu’est
une Ecriture authentique. Ainsi le christianisme fonde un nouvel universalisme
qui relativise l’hellénisme (AH, I, 10, 2) :
« Ayant
donc reçu cette prédication et cette foi, ainsi que nous venons de le dire, l’Eglise,
bien que dispersée dans le monde entier, les garde avec soin, comme n’habitant
qu’une seule maison ; elle y croit d’une manière identique comme n’ayant
qu’une seul âme et qu’un même cœur, et elle les prêche, les enseigne et les
transmet d’une voix unanime comme ne possédant qu’une seule bouche. Car, si les
langues diffèrent à travers le monde, le contenu de la Tradition est un et
identique. Et, ni les Eglises établies en Germanie n’ont d’autre foi ou d’autre
Tradition, ni celles qui sont chez les Ibères, ni celles qui sont chez les
Celtes, ni celles de l’Orient, de l’Egypte, de la Libye, ni celles qui sont
établies au centre du monde ; mais de même que le soleil cette créature de
Dieu, est un et identique dans le monde entier, de même cette lumière qu’est la
prédication de la vérité brille partout et illumine tous les hommes qui veulent
parvenir à la connaissance de la vérité.
Une
théologie de l’histoire
Au
temps cyclique, à l’éternel retour de l’hellénisme, Irénée substitue le temps
linéaire de l’histoire biblique. Pour Irénée, le déroulement du temps des
peuples comme l’existence de chaque individu est une longue marche, une
croissance et une réalisation progressive. L’homme tout entier, corps et
esprit, ainsi que la nature sont création de Dieu, une œuvre bonne et Dieu ne
recommencera pas son ouvrage. Mais la croissance est la loi universelle des
êtres vivants. Dieu a créé l’homme comme chacun d’entre nous entre dans la vie,
comme un être qui commence. Irénée dit qu’Adam était un enfant. Tout en ayant
reçu la liberté, “il n’avait pas un jugement achevé“ (Démonstration 12).
Ceci explique qu’il ait été tenté. Irénée ne dramatise pas la faute d’Adam,
conséquence d’une faiblesse native que l’homme doit accepter : « Ils
sont tout à fait déraisonnables ceux qui n’attendent pas le temps de la
croissance et font grief à Dieu de la faiblesse de leur nature » AH IV,
38, 4. L’histoire de l’humanité est une longue maturation de l’enfance à l’âge
adulte.
Ce
cheminement de l’homme, c’est d’abord le temps de l’Ancien Testament. Dieu
accompagne l’homme par son fils, le Verbe, qui demeure invisible. Le Verbe est
ce pédagogue qui donne à l’homme la nourriture assimilable aux différentes
étapes de son existence. Le Verbe “accoutume l’homme à saisir Dieu et accoutume
Dieu à habiter dans l’homme“ (AH III, 20, 2). L’homme devenu adulte est
capable de voir Dieu. Le premier terme de cette marche, c’est l’incarnation du
Verbe. En devenant homme en Jésus, le Verbe récapitule toute l’histoire des
hommes, c’est-à-dire la reprend pour la mener à son achèvement. Par
l’incarnation du Verbe, l’homme acquiert le salut, car le Verbe a renouvelé la
première alliance. C’est pourquoi il y a une correspondance entre les
événements de l’Ancien Testament et ceux du Nouveau. Mais ce n’est pas une
répétition. La venue du Christ ne met pas fin à cette croissance de l’humanité
qui “a toujours vers quoi progresser“ (AH IV, 20, 7). Au cours de sa
propre existence, chaque homme se fait imitateur du Christ et le suit sur le
même chemin : « Dieu a permis que l’homme passe par toutes les
situations et qu’il connaisse la mort, pour accéder ensuite à la
résurrection » AH III, 20,2. Irénée partageait les rêves millénaristes
fondés sur l’Apocalypse. Résolument optimiste, la théologie d’Irénée est un
hymne à la vie : « La gloire de Dieu, c’est l’homme vivant, et la
vie de l’homme, c’est la vision de Dieu » AH IV, 20,7.
LE RAYONNEMENT
D’IRENEE ET DE L’EGLISE LYONNAISE
LA RENCONTRE DE
L’ARMENIE
Ainsi,
pour Irénée, le christianisme est un dépassement de l’hellénisme. Il s’exprime
dans la culture grecque, certes, mais celle-ci n’est pas la condition unique de
son annonce. Irénée doit parler le celte. Les barbares peuvent avoir accès au
message chrétien même s’ils sont analphabètes. L’universalité de l’Eglise
recouvre et dépasse celle de l’Empire romain. La conséquence en est la présence
des Eglises dans des régions bien éloignées du foyer de l’hellénisme : la
Germanie, la Gaule, l’Espagne ; (AH I, 10, 2). Irénée devient ainsi
un des premiers artisans d’un nouvel humanisme qui va naître de la rencontre de
l’hellénisme, du christianisme et de la multitude des cultures et des langues
de notre Europe.
L’œuvre
d’Irénée dans l’Orient méditerranéen
Tout
au long des siècles, son œuvre a suscité l’intérêt des chrétiens d’Orient. Des
fragments grecs de l’Adversus haereses ont été retrouvés en Egypte dans
plusieurs papyrus. Le papyrus d’Oxyrhynque n°405 qui reproduit un passage d’AH
III, 9, 3 peut être daté de la fin du second ou du début du troisième
siècle. Il témoigne du large rayonnement
d’Irénée. « L’œuvre d’Irénée contre les gnostiques, écrite avant
tout pour les chrétiens de Gaule, serait ainsi parvenue dans la lointaine
Egypte, pays par excellence du gnosticisme à plus de 400 km au sud d’Alexandrie
quelques vingt ans et peut-être plus rapidement encore, après sa rédaction à
Lyon, extraordinaire cheminement d’un livre sur la diffusion duquel nous avons
si peu de renseignements … » (L. Doutreleau) On a retrouvé également des traces des
versions syriaques et arabes de la grande œuvre d’Irénée…
L’œuvre
d’Irénée en Arménie
Et, ce qui nous intéresse au plus haut point
dans cette assemblée qui accueille des envoyés de l’Eglise de Lyon, ce sont les
versions arméniennes des œuvres d’Irénée qui nous disent l’intérêt que portait
l’Eglise d’Arménie pour la pensée de l’évêque de Lyon. Nous n’entrerons pas ici
dans les détails du travail considérable des savants et érudits qui ont
travaillé à l’édition des œuvres d’Irénée, les derniers en date étant ceux de
l’Institut des Sources chrétiennes de Lyon, lié à l’Université catholique de
Lyon et à l’Université d’Etat de Lyon II. Les fragments arméniens de l’ Adversus Haereses (Contre les
Hérésies) sont relativement modestes
pour les livres I et II, beaucoup plus importants pour les livres III, IV et V.
La version arménienne des œuvres d’Irénée date vraisemblablement de la fin du
VIe siècle. Les fragments de la version arménienne de l’AH doublent la
version latine dans laquelle a été conservée la plus grande partie de l’œuvre,
mais aussi des fragments grecs. Il arrive que les fragments arméniens
permettent de corriger et de rectifier les autres témoins.
Quant à une autre œuvre d’Irénée, la
Démonstration de la prédication apostolique, elle n’était plus qu’un titre
conservé par Eusèbe jusqu’à ce qu’en décembre
1904 l’archimandrite Karapet
Ter-Mekerttschian découvrît dans la bibliothèque de l’église de la Mère de
Dieu, à Erevan, un manuscrit arménien qui contenait des passages de l’AH et le texte intégral de la Démonstration. La
première édition de cet ouvrage parut en 1907 avec une traduction
allemande et des notes de Adolphe Harnack. La première traduction française du jésuite
Barthoulot parut en 1916. L’Institut des Sources chrétiennes de Lyon publia en
1959 une nouvelle traduction française de L.M. Froidevaux. En 1995, le P.
Adelin Rousseau, déjà éditeur et traducteur de l’AH, a proposé aux
Sources chrétiennes une traduction latine et une traduction française à
nouveaux frais.
Lyon
et la traduction des œuvres arméniennes
Au
delà d’Irénée, l’Institut des Sources chrétiennes a publié deux classiques de
la littérature spirituelle arménienne,
le Livre de prières de Grégoire de Narek (944-1010) et Jésus, Fils unique du Père du
patriarche Nersès Snorhali (1102-1173). Ce sont encore des moines arméniens de
Venise, les Mekhitaristes qui découvrirent et publièrent en 1878 un manuscrit
arménien de l’Apologie d’Aristide, adressée à l’empereur Hadrien vers
125. Ce texte écrit en grec à l’origine a pu être reconstitué dans son ensemble
à travers une version syriaque et des
fragments grecs. Il a été publié également par Sources chrétiennes.
Enfin
la Faculté de théologie de Lyon et la Fondation Bullukian s’honorent de
proposer depuis plusieurs années année un cours d’arménologie du professeur
Krikor Bélédian, dont nous citerons quelques thèmes : “Histoire et
traditions de l’Eglise arménienne“, “Poésie et liturgie dans l’ancienne
littérature arménienne“, “Grégoire de Narek, poète et théologien de l’An
mille“, “Dieu dans la littérature contemporaine arménienne“…
D’autres
évoqueraient, en de telles circonstances, des aspects plus contemporains et
plus concrets des relations entre l’Arménie et la région et Eglise lyonnaises,
en particulier cette importante présence arménienne qui est la conséquence des
drames du XXe siècle. Mais il n’est pas sans intérêt de découvrir que les liens
entre Lyon et l’Arménie s’enracinent dans les lointaines origines chrétiennes.
Quelques références :
Sources :
Eusèbe
de Césarée, Histoire ecclésiastique, Intr. F. Richard, trad. G. Bardy,
Paris, Cerf, Sources chrétiennes, 2003 ; Irénée de Lyon, Contre les
hérésies, trad. A. Rousseau, Paris, Cerf, 2001 ; l’édition critique et
traduction française du Contre les hérésies due à A. Rousseau et L.
Doutreleau est d’abord parue en dix volumes de Sources chrétiennes de 1965 à
1982 ; Irénée de Lyon, Démonstration
de la prédication apostolique, trad. A. Rousseau, Paris Cerf, SC, 1995,
Irénée de Lyon, La gloire de Dieu, c’est l’homme vivant, textes choisis
et présentés par J. Comby et D. Singles, Paris, Cerf, 1994 et 2000.
Travaux :
A.
Audin, Lyon, miroir de Rome dans les Gaules, Paris, Fayard, 1979 ;
J. Burdy et A. Pelletier, Guide du Lyon gallo-romain, Lyon, ELAH,
1994 ; Les martyrs de Lyon, 177, CNRS, Paris, 1978. ; M.
Sagnard, La gnose valentinienne et le témoignage de saint Irénée, Paris,
Vrin, 1947 ; A. Benoît, Saint Irénée, introduction à l’étude de sa
théologie, Paris, PUF, 1960 ; J. Fantino, La théologie d’Irénée, Paris,
Cerf, 1994.
Littérature
arménienne
Les
volumes de Sources chrétiennes : 78 - Grégoire de Narek, Le Livre de
prières (dernière édition, 2000) ; 203 – Nersès Snorhali, Jésus,
Fils unique du Père (1973) ; 470 – Aristide, Apologie (2003).
(conférence donnée
en 2004 par le Cardinal Barbarin devant les étudiants en théologie
d’Arménie ; texte de Jean Comby)