La J.A.C. et les
Rogations
1932
A l'approche des
Rogations, le secrétariat diocésain de la J.A.C. croit utile de rappeler la
motion qui fut présentée lors de son dernier congrès, le 23 août dernier.
Les calamités qui
troublent en ce moment la vie agricole de la France préoccupent à juste raison
tous les esprits soucieux de l'avenir religieux et économique de notre pays.
Les hommes de science font intervenir les observations météorologiques et
apportent à l'appui de leurs dires les constatations des phénomènes qui
méritent en effet de retenir l'attention. Il semble notoire que certains moyens
de protection employés avant la guerre soient reconnus insuffisants et qu'il y
ait lieu de recourir à d'autres considérations que des organisations qualifiées
se proposent d'envisager.
Pour des
catholiques croyants et pratiquants, la confiance en Dieu créateur, ordonnateur
et dispensateur tant des éléments que des bienfaits de la Création, a été, pour
nos ancêtres dans le passé, et doit rester jour leurs descendants dans l'avenir
le seul moyen à envisager dans toutes les nécessités de la vie. La doctrine de
l'Église, son histoire séculaire et les prières de sa liturgie nous invitent à
nous confier à la Providence dans tous nos besoins.
A la suite des
calamités publiques qui s'abattaient au Vè siècle sur le diocèse de
Vienne en Dauphiné, saint Mamert établit une procession solennelle de Pénitence
les trois jours qui précédaient la Fête de l'Ascension. Par une Prescription du
Concile d'Orléans en 511, cet usage se rétablit dans le reste de la France. En
816, Léon II l'adopta pour Rome et bientôt il fut étendu à l'Église entière.
Les processions qui
avaient lieu jadis le dimanche dans les paroisses rurales, la lecture du saint
Évangile consacré au récit de la Passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ, les
prières publiques avec le Chant du Miserere
Mei Deus pour apaiser le courroux divin, tout semblait jadis faire
converger vers le ciel les prières des catholiques pour conjurer les calamités,
les fléaux, les épidémies qui éprouvaient à cette époque la pauvre humanité.
Ai-je besoin de rappeler
les belles manifestations du réveil de foi religieuse qui s'est manifesté au
début de la grande guerre et des foules qui emplissaient les églises à
l'occasion des prières publiques qui furent organisées dans les diocèses ?
Contre toute prévision humaine et au prix des plus héroïques sacrifices, on
doit reconnaître que le sort des armes fut retourné et la victoire de la Marne
fut l'aube de la victoire définitive de la France et des armées alliées.
Pour toutes ces
raisons, je me permets de soumettre à l'approbation de l'Autorité
ecclésiastique le vœu suivant qui pourra, s'il y a lieu, être soumis à son
Eminence et rendu exécutoire suivant les décisions ultérieures qui restent à
prendre par l'autorité diocésaine.
Le Congrès de la
J.A.C., réuni à La Rivette le dimanche 23 août 1931, sous la présidence de Son
Éminence le Cardinal-Archevêque de Lyon, émet le vœu :
Que partout où il
sera possible et aux époques qui seront indiquées par l'Autorité
Ecclésiastique, des prières publiques pour la cessation des fléaux qui désolent
l'humanité, et plus spécialement l'agriculture, soient organisées, que les
fidèles soient invités y participer et que tous moyens soient employés pour en
assurer la solennité et le succès.
Cette motion fut
agréée par le Congrès qui émet à son tour le vœu suivant ratifié et approuvé
par Son Éminence.
Pour attirer les bénédictions de Dieu sur leur travail
et leurs récoltes et s’efforcer par des manifestations collectives de piété de
faire pénétrer l'idée chrétienne dans leur milieu de travail, les membres des
sections de J.A.C. participeront en groupe, là où elles se font encore, aux
prières publiques instituées par l'Église pour les fruits de la terre, et ils
s'emploieront, partout on elles paraîtront possibles et d'accord avec les
autorités ecclésiastiques, à leur rétablissement.
MM. les Curés des
paroisses rurales sont priés de rappeler et de commenter ce vœu à leurs jeunes
gens à l'occasion des Rogations et de les presser, ainsi que leurs fidèles, à y
assister nombreux.
SOURCE : Semaine religieuse du diocèse de Lyon, 29 avril 1932