Appel
Ligue
des Femmes Françaises
1901
FEMMES DE FRANCE
Les plus grands périls
menacent la patrie et la liberté. Il faut les défendre.
Nous avons signé
des pétitions ; les Chambres n'en ont pas tenu compte. Nous sommes cependant la
moitié de la population de la France, et, quand il s'agit de nos consciences et
de nos enfants, il semble que cette partie de la France a le droit de se faire
entendre. Puisqu'on ne daigne pas nous écouter, il nous reste d'agir.
C'est pour
rendre notre action efficace et pour répondre à l'appel jeté vers nous de tous
les points de la France, que nous avons constitué cette Ligue.
Son but est de
soutenir, aux élections prochaines, avec notre influence, avec notre argent,
avec nos sacrifices, les comités et les candidats qui s'engageront à défendre
la propriété, la patrie et la liberté.
Femmes, nous avons le
cœur plein de pitié pour la misère des foules et nous voulons qu'on protège les
faibles ; mais nous savons qu'on les trompe, qu'on les fait souffrir et qu'on
les pervertit avec des chimères : Nous réprouvons le socialisme.
Françaises,
nous aimons la France. Il faut qu'elle vive et que son destin ne soit pas
confié à ceux qui maudissent la patrie : Nous réclamons des Français pour
gouverner la France, et nous réprouvons l'internationalisme.
Par dessus tout,
nous réprouvons les sectaires.
Mères, nous
prétendons que nos enfants sont à nous, et non pas aux députés et aux
ministres, et que c'est à nous de les élever, de veiller sur leur enfance et
leur jeunesse, de choisir leurs maîtres et de former leurs âmes :
Pour cette tâche
sainte — qui est la nôtre — nous réclamons la liberté.
Chrétiennes,
nous voulons qu'on respecte notre foi, prêtes à respecter celle des autres ;
nous voulons que le Christ — que nous adorons, nous — ne soit pas traité en ennemi,
dans nos lois, et dénoncé à la haine des ignorants par les maitres du pouvoir :
Nous réclamons pour notre foi le respect, et pour nos consciences la liberté.
Cette liberté
nous ne l'avons pas, si l'Eglise ne la partage ; et notre conscience n'est pas
satisfaite, s'il y a autour de nous des consciences opprimées. Nous voulons que
toutes les consciences soient libres sur la terre de France : les
fonctionnaires et les religieux ont une conscience, et pour eux aussi nous
réclamons la liberté.
Cet appel du 29 septembre 1901 paraît
dans la Semaine religieuse du diocèse
de Lyon du 29 novembre 1901 avec cette présentation :
Ligue des Femmes
françaises. — Il vient de se former à Lyon une
association de Dames dans le but de soutenir aux élections prochaines, tous les
candidats qui s'engageront à défendre la propriété, la patrie et la liberté.
La Ligue n'a de
lien avec aucun groupe politique.
Elle est sous la présidence d'honneur de Mme l'amirale de
Cuverville.
Le bureau de Paris a pour présidente Mme la baronne de
Brigode, née Villain, XIV, 42, rue de Grenelle.
Le bureau de Lyon est présidé par Mme la comtesse de
Saint-Laurent, rue de l'Abbaye d'Ainay, 10.
La trésorière est Mme Ant. Ducreux, 26, quai de
l'Archevêché.
Ces Dames adressent au public un appel dont voici les
principales idées : (texte de l’Appel)
Les cotisations sont centralisées entre les mains de Mme la
trésorière. Les renseignements sur la Ligue, les tracts et les feuilles de
souscription peuvent être réclamés à Mme Jean Lestra, secrétaire, rue
Sainte-Hélène, 13, à Lyon.