musée du diocèse de lyon

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Yves Alexandre de Marbeuf

1734-1799

 

 

Yves Alexandre de MARBEUF naît à Rennes en 1734.

 

Il fait ses études à Paris au Collège de Plessis.

 

En 1748 il reçoit la tonsure et en 1752 le Roi le fait chanoine comte de Lyon.

 

En 1759 il est ordonné prêtre à Paris et immédiatement nommé Grand Vicaire du diocèse de Rouen.

 

En 1760 il est député à l’Assemblée du clergé.

 

Il reçoit du Roi divers bénéfices (abbayes, prieurés), mais n’en garde qu’un conformément aux décisions du Concile de Trente.

 

En 1767 il est nommé évêque d’Autun et consacré à Lyon par Mgr MALVIN de MONTAZET.

 

En 1777 le Roi le nomme ministre de la Feuille des bénéfices, chargé de préparer les nominations qui relèvent de l’autorité royale aux évêchés, abbayes, prieurés et autres canonicats.

 

En 1788, en tant qu’évêque d’Autun, il administre le diocèse de Lyon durant la vacance de son siège épiscopal, du 2 mai au 15 septembre 1788, date à laquelle le Consistoire de Rome souscrit à la demande du Roi de le voir devenir archevêque de Lyon.

 

Il exige des prêtres la signature du Formulaire antijanséniste, à propos duquel son prédécesseur n’était pas intransigeant.

 

Il prend possession de son siège par procuration le 14 octobre 1788, car il doit rester à Versailles en raison de sa charge de ministre.

 

Il nomme sept Vicaires généraux pour administrer le diocèse en son absence.

 

 

Chaque année du 1789 à 1798 il publie un mandement de carême. Dans son premier, daté du 28 janvier 1789, il dit sa crainte devant les innovations politiques et religieuses en cours. Le 4 mars un anonyme dans une « Lettre à M. de Marbeuf » lui reproche son attitude en ces termes :

 

Faut-il donc vous l’apprendre, Monseigneur, un évêque n’est pas un publiciste. Comme pasteur et ministre de J.C. il n’a aucun droit de s’immiscer dans les affaires civiles et politiques. (…) Vous faites un criminel abus des paroles de l’Ecriture pour émouvoir les esprits et allumer le flambeau de la discorde.

(cité par MONTERNOT, 1911, p.55)

 

Les assemblées qui élisent les députés sont très agitées ; s’expriment avec force les revendications des curés et leurs récriminations contre l’évêque.

 

Le 14 août 1788, au retour de Necker, de MARBEUF est remplacé dans sa charge de ministre de la Feuille par l’archevêque de Vienne. Il quitte Versailles pour le château de Marolles près de Paris.

 

Il émet le souhait de se rendre enfin à Lyon, mais les réticences locales à sa venue le font hésiter.

 

Il exprime son refus du régime qui se met en place par divers écrits.

 

-      Le 5 décembre 1790 dans une Déclaration il refuse de se soumettre au Directoire du Département de Rhône et Loire qui lui demande de rejoindre son archevêché.

 

-      Le 8 février 1791 dans un Avertissement pastoral il met en garde les délégués qui doivent se réunir le 27 février dans la cathédrale pour élire son successeur.

 

-      Il réfute les nouveaux directeurs du Grand Séminaire mis en place par le clergé

 

Le 14 avril 1791, est intronisé Antoine Adrien LAMOURETTE sur le siège épiscopal : de MARBEUF s’exile à Nivelles dans la province du Brabant.

 

 

A partir de ce moment il continue de diriger le diocèse par des instructions envoyées à ses vicaires généraux.

 

-      Le 13 avril 1791 il publie les Brefs du Pape Pie VI condamnant la Constitution civile du clergé (celui du 10 mars envoyé aux députés du clergé, celui du 13 avril envoyé aux cardinaux, évêques, prêtres et fidèles).

 

-      Le 4 mai 1791 il expédie la Lettre pastorale de M. l’Archevêque de Lyon, primat des Gaules, sur l’usurpation de son siège.

 

-      En décembre 1792 il demande la rétractation des prêtres jureurs.

 

-      Certains de ses vicaires généraux sont arrêtés, d’autres s’exilent ou se cachent. L’un deux, l’abbé LINSOLAS, revient à Lyon le 21 novembre 1792 sous le pseudonyme de Chaumont. De MARBEUF le charge d’organiser le culte clandestin.

 

-      Le 1er janvier 1794 il écrit à LINSOLAS de choisir ses propres aides qui recevront le pouvoir de vicaire général forain sur trois territoires définis ainsi :

o    le Forez, le Montbrisonnais et une partie du Roannais,

o    les Monts du Lyonnais, l’autre partie du Roannais et le Beaujolais appartenant au diocèse,

o    la Bresse, le Bugey et les Dombes.

 

-      Il approuve le plan de mission de LINSOLAS et lui en demande copie pour les autres évêques exilés qui le feront appliquer dans leur diocèse.

 

-      Avec les retournements de situation de cette période révolutionnaire, LAMOURETTE est incarcéré et se rétracte le 7 janvier 1794 sous l’influence de l’abbé EMERY. De MARBEUF approuve le plan de réhabilitation des prêtres jureurs et de leurs fidèles, qui prévoit des peines proportionnelles aux fautes commises ; cet « acte de réconciliation » est réservé aux vicaires généraux, puis étendu aux « chefs de mission », et reçoit l’accord du Pape Pie VI.

 

-      Le 15 février 1796 il envoie une Instruction aux prêtres, aux missionnaires, aux catéchistes et aux chefs de mission mis en place par LINSOLAS.

 

-      Lorsque le 18 fructidor 1797 est exigé un serment de haine à la royauté, il se refuse d’en parler, car il estime que tout chrétien sait que la haine doit lui être étrangère.

 

Le futur roi Louis XVIII fait part aux évêques exilés de son projet de réorganiser l’Eglise en France. De MARBEUF lui répond le 3 mai 1798 qu’il approuve son idée d’un comité de dix évêques et suggère quelques noms. Mais, alors que le roi souhaite que les évêques soutiennent la monarchie, ceux-ci pensent surtout à reconstituer les communautés et réouvrir les séminaires. Dans le diocèse s’ouvrent les petits séminaires de Saint-Jodard, Verrière, Roche, Marboz qui ira ensuite à Meximieux.

 

Il demande au Pape Pie VI dans une lettre datée du 22 juillet 1797 un évêque suffragant, au moins pour administrer le sacrement de confirmation, d’autant que les autorités envisagent de remplacer LAMOURETTE par un autre évêque constitutionnel en la personne de Claude François Marie PRIMAT élu le 15 avril 1798 en l’église Saint-Nizier.

 

Tombé malade en mai 1798, de MARBEUF décède à Lübeck le 14 avril 1799.

 

De MARBEUF n’aura jamais résidé dans son diocèse ni pris possession de son siège.

 

LINSOLAS ne parvient pas à faire désigner un administrateur diocésain par les membres du Chapitre non jureurs. Il s’adresse alors aux trois cardinaux administrateurs de l’Eglise lors du Conclave de Venise, qui nomment le 3 juillet 1799 l’abbé Jean Baptiste VERDOLIN administrateur apostolique des diocèses de Lyon, Autun et Sens.

 

 

 

 

 

DOCUMENTS

 

-      MONTERNOT Charles, 1911, Yves-Alexandre de Marbeuf, ministre de la feuille des bénéfices, archevêque de Lyon (1734-1799)

Recension par GASTON J., Revue d’histoire de l’Eglise de France, 1912/15, pp.685-686

 

-      LATREILLE Camille, 1911, Les évêques émigrés et Louis XVIII, Revue d’histoire de l’Eglise de France, n°8, pp.162-174, et n°9, pp.257-270

 

-      CHOPELIN Paul, 2009, Une administration épiscopale par correspondance. Mgr de Marbeuf et la direction clandestine du diocèse de Lyon pendant la Révolution (1789-1799), colloque Croire à  la lettre : Écrire la religion en Grande-Bretagne et en France, 1600-1800, Université Paul-Valéry, Montpellier

 

 

g.decourt