le pape Martin V à Amédée au sujet de la primatie
1418
Martin, évêque,
serviteur des serviteurs de Dieu,
aux vénérables frères
archevêques de Vienne et de Besançon et à l’évêque de Belley,
salut et bénédiction
apostolique.
Récemment nous
avons écrit à notre vénérable frère Amédée, archevêque primat de Lyon, en ces
termes :
Martin, évêque,
serviteur des serviteurs de Dieu,
au vénérable frère
Amédée, archevêque primat de Lyon,
salut et bénédiction
apostolique.
L’autorité du Siège
apostolique, que la force du Très-Haut a porté avec clarté au pouvoir de
prééminence, doit veiller à ce qu’à chacune des Eglises soient gardés intacts
ses droits, et que leur soit communiquée aussi de manière efficace la garantie
de leur consolidation et de leur conservation. Assis sur le trône de la suprême
dignité nous veillons à ces renouvellements, pour que l’on ne puisse par les manœuvres
de quiconque accuser de faux, de nouveautés, de substitutions ou de biais.
Naguère Urbain
PP.II notre prédécesseur, d’heur. mém., présidait alors le
concile général réuni à Clermont d’Auvergne ; Hugues de bonne mém., et ses prédécesseurs archevêques de Lyon
poursuivaient une querelle menée depuis trop longtemps au sujet de la primatie
de l’Eglise de Lyon sur les provinces de Rouen, Tours et Sens ; les
définitions de ce concile aboutissait à une sentence.
Urbain confirma donc
par l’autorité apostolique à Hugues, qui était alors archevêque de Lyon, et à
ses successeurs son primat sur ces provinces, de sorte que les provinces de ces
Eglises s’acquittent de la digne obéissance, et, comme les pontifes romains par
leurs écrits l’avaient fixé, elles présentent leur hommage avec dévouement et
humilité ; étant sauves par ailleurs la déférence au Siège apostolique et
son autorité en toutes choses.
Par la suite Urbain
de bon. mém. écrivit à Daimbert
archevêque de Sens, dont le prédécesseur immédiat dans l’Eglise de Sens, alors
que ses suffraguants avaient professé obéissance à
l’archevêque Hugues selon le jugement synodal, lui ne se souciait pas de suivre
la prescription de cette sentence et mourait interdit, pour lui enjoindre d’obéir
immédiatement à Hugues et à ses successeurs en tant que primats, et, pour
cesser toute tergiversation, de reconnaitre par profession spontanée entre les
mains de lui Urbain la primatie de l’Eglise de Lyon sur Sens.
Et pareillement
Pascal II et Calixte II, Célestin II d’heur. mém.,
sans oublier Adrien IV et Alexandre III., les pontifes romains nos
prédécesseurs, Grégoire VII de pieuse mém. et
d’autres pontifes romains ont confirmé ce primat de l’Eglise de Lyon sur ces
provinces selon la copie qui conserve plus complètement les diverses lettres
qu’ils ont écrites autrefois.
Donc nous qui
sommes devenu, sans mérite, successeur de si grands Pères, nous dirigeons nos
regards non sans mérite vers l’antiquité et l’autorité de ces lettres, d’une
part nous attachant à suivre les traces de ces prédécesseurs et d’autre part
cédant à tes suppliques, nous confirmons de par notre autorité et nous
consolidons par le patronage de ce présent écrit ce primat à toi, qui est
actuellement archevêque de Lyon, et par toi à l’Eglise de Lyon, et à tes
successeurs.
Nous décidons que
nos vénérables frères actuellement archevêques de Rouen, de Tours et de Sens et
de l’Eglise de Lyon sans oublier leurs suffragants et leurs successeurs et
leurs provinces doivent se soumettre au primat ou à cette primatie pour tout ce
qui relève de quelque manière du droit ou de la coutume, et présenter dignement
obéissance et hommage à toi et à tes successeurs en tant que leur primat.
Est nul et non
avenu tout ce qui pourrait être tenté dans le sens contraire par quelque
autorité, où que ce soit, en pleine connaissance ou par ignorance : donc
qu’il ne soit permis à absolument personne de briser cet écrit de notre
confirmation, consolidation et constitution, ou de le restreindre par une
téméraire audace. Si quelqu’un aussi osait attenter à cela qu’il sache qu’il
encourt l’indignation de Dieu et de ses bienheureux apôtres Pierre et Paul.
Donné à Genève, aux
calendes d’août, en la première année de notre pontificat.
Nous donc, désirant
que les lettres et leurs contenus demeurent intacts, par ces écrits
apostoliques nous demandons à votre fraternité que vous trois, ou bien deux ou
l’un de vous, par vous-mêmes ou par un autre ou par d’autres, vous rendiez
public ce qui précède, où et quand vous le jugerez opportun, de par notre
autorité selon la coutume, et ne permettiez point que soient quelque peu
ennuyés Amédée et ses successeurs archevêques de Lyon au sujet de ce qui
précède, même si un indult du Siège apostolique est accordé à quelques-uns, en
commun ou individuellement, qui fasse qu’ils ne puissent être interdits,
suspens ou excommuniés par des lettres apostoliques ne faisant pas pleine et
expresse mention, mot à mot, de cet indult, les opposants à notre autorité
devant être écartés sans appel.
Donné à Rome auprès
des saints Apôtres, aux ides de janvier, en la neuvième année de notre
pontificat.
= Pe = L de Casatiis.
Copie extraite du
registre des lettres apostoliques, collationné par moi Benoît d’Asti, maître du
registre.
Elle concorde avec
l’original etc.
Louis Godin,
gardien du registre des lettres apostoliques.
NOTES
Les diocèses
de Vienne, de Besançon et de Belley appartiennent à
la province de Lyon. Cette lettre du pape Martin V date de son séjour à Genève
en 1418. Elle lettre fait partie de la copie officielle (sumptum) de 1699 produite lors du
procès au sujet de la primatie qui eut lieu entre 1698 et 1702.
Amédée : Amédée de Talaru fut archevêque de Lyon de 1415 à 1444
d’heur. souv. : abrégé de d’heureux souvenir, traduction de fel. rec., abrégé
de felicis recordationis,
de bon. mém. : abrégé de de bonne mémoire, traduction de bo.mem., abrégé
de bonae memoriae
d’heur. mém. : abrégé de d’heureuse mémoire, traduction de fel. mem., abrégé de felicis memoriae
de pieuse mém. : abrégé de de pieuse mémoire, traduction de piae mem., abrégé
de piae memoriae
Daimbert, archevêque de Sens,
successeur de Richer (voir la lettre du pape Urbain de 1099)
TEXTE LATIN
-
1644, Conciliorum. Ab anno MLXXIII ad annum MLXXIII,
tome 26
-
1701,
Recueil
de quelques-unes des principales pièces produites au procès
-
1734, Bullarum, privilegiorum ac diplomatum Romanorum
Pontificum amplissima, tome 2
- 1806, Recueil
des historiens des Gaules et de la France, tome 14
- MONTFALCON Jean
Baptiste, 1855, Lugdunensis historiae monumenta