François Marty
1901-1944
Œuvre des prisons
1941
François
MARTY naît en 1901 à Beynat (Corrèze).
Après
son service militaire et quelques petits métiers il reprend ses études à
Neuilly-sur-Seine.
En
1921, il entre au séminaire des Missions étrangères, puis en 1931 au
séminaire de Tulle et en 1934 au séminaire d’Autun.
En
1937 il est ordonné prêtre à Autun.
En
1938 il entre au Prado et est nommé économe de la maison du Prado de Limonest et aumônier
des prisons Saint-Paul et Saint-Joseph de Lyon.
Mobilisé
en 1939, il est fait prisonnier en 1940 et interné dans un stalag de Prusse
orientale, puis de Lorraine.
En
1941 il s’évade.
Il
reprend alors son ministère d’aumônier des prisons de Lyon.
Avec Joseph
Folliet dans
le cadre de la Chronique Sociale il crée le Comité Lyonnais d’Etudes devenu par
la suite Comité de Prisons, qui mène
un travail de réflexion pour une réforme du système pénitentiaire.
Dans
ses rapports il critique la politique pénitentiaire française (mélange des
grands criminels avec les petits délinquants, gigantisme des prisons, manque
d’hygiène, brutalité des gardiens…), il propose des peines alternatives et des
mises à l’épreuve pour les petits délinquants…
Il fonde avec
Mademoiselle de Sainte-Marie l’Œuvre
des Prisons pour organiser l’aide matérielle
aux prisonniers et favoriser leur réinsertion sociale.
En 1942 il organise le premier congrès des
aumôniers de prison.
Il
participe à la Résistance : avec le mouvement Combat, il crée un
réseau Alliance entre détenus
et résistants.
En
1943 Emmanuel MOUNIER, détenu politique à la prison Saint-Paul, en lien avec le
Comité des prisons écrit une note sur
« Le régime des prisons »,
qui paraîtra dans la revue Esprit en
novembre 1945.
Tous ceux qui ont plus ou moins longuement
séjourné à la prison Saint-Paul de Lyon, au cours des années 1940.43, ont connu
et aimé le P. Marty. Il fut pour les politiques d'un dévouement infatigable.
Mais ils n'absorbaient pas son souci. Ils n’étaient même pas sa préoccupation
dominante. Depuis des années, il était rongé par une vocation : la cause des
prisonniers de droit commun. Rongé n'est pas trop fort : le jeu dont chacun de
leurs drames brûlait en lui, son impatience d'un régime pénal qui ne sait
qu'aggraver le mal par le mal, sa révolte contre l'indifférence égoïste et
l'opposition pharisienne des gens du dehors (d'une certaine bourgeoisie
lyonnaise, notamment) à la cause qu'il leur plaidait, l'usaient jusqu'à la
dépression. Qui a vu, dans quelque couloir sombre, entre deux rangées de portes
hostiles, passer dans son regard le court éclair d'une colère sacrée, ou dans
sa voix douce, habituée aux chuchotements, que tamisait encore la barbe, frémir
la rage contenue de l'indignation et de l'impuissance, celui-là savait que la
plus belle des expressions de l'homme peut être celle qui mêle la dureté de la
passion de la justice à la douceur de la charité.
Un jour, le P. Marty décide de prendre le
mal de front. Il fit ce qu'il pouvait, dans son domaine et dans son milieu. Les
aumôniers de prison sont des prêtres affairés, à qui le service d'une prison
est donné en surcharge d'une activité paroissiale et éducatrice déjà lourde.
Ils ne peuvent pas aider avec sérieux et continuité des hommes qui leur sont
livrés par centaines, et dont chaque cas est un écheveau délicat à débrouiller.
Ils n'avaient, récemment encore, aucune liaison entre eux pour s'instruire
mutuellement de leur activité et de ses problèmes, aucun statut défini ne
garantissait leur indépendance. Le P. Marty décida de saisir le problème des
prisons par le côté qui lui était accessible : il convoqua le premier congrès
national des aumôniers pénitentiaires. Il comptait perpétuer le lien ainsi créé
dans une association durable. Il s'occupait en même temps de susciter un
service social des prisons. Avec une discrétion modèle, il savait que
l'aumônier assumait et assumerait quelque temps des charges qu'il ferait mieux
dès que possible de transmettre à des institutions laïques…
(1945,
p.697)
Il y a ici un aumônier épatant qui est déjà un ami et
qui autorisé à trois visites par semaine à chacun, est heureux d’avoir à qui
parler.
(1956, p.347)
En
1943, il est dénoncé et arrêté par la Gestapo. Il est interné à la prison
Montluc de Lyon, puis à Fresnes, Compiègne et Pforzheim.
Le
30 novembre 1944, avec 24 autres personnes il est exécuté en représailles à la
prise de Strasbourg par l’armée française.
Un jardin sur la terrasse du Centre d’échanges de Perrache porte
son nom.
Une plaque commémorative est apposée sur un mur extérieur de la
prison Saint-Paul de Lyon.
A LA MEMOIRE
DU PERE FRANÇOIS MARTY
PRETRE DU PRADO AUMONIER DE CETTE
PRISON
FONDATEUR DE L’ŒUVRE DES PRISONS
DE LYON
ARRETE PAR LES ALLEMANDS LE 12
SEPTEMBRE 1943
DEPORTE A PFORZHEIM LE 25 JANVIER
1944
FUSILLE LE 30 NOVEMBRE 1944
POUR AVOIR FRATERNELLEMENT AIDE
LES RESISTANTS
---
LA PLUS GRANDE MARQUE DE L’AMOUR
EST DE DONNER SA VIE POUR CEUX
QU’ON AIME
DOCUMENTS
- MOUNIER
Emmanuel, 1945, Sur
le régime des prisons, Esprit,
novembre, pp. 697-728
- MOUNIER
Emmanuel, 1956, Mounier et sa
génération. Lettres, carnets et inédits
- FOUGERE Raphaël,
1998, Le Père François Marty et l'Œuvre
des prisons de Lyon, thèse Université Saint-Etienne
-
SALAGER
Michel, 2009, Cité
de la Création, Fresque du Fort Montluc
- LANDRON Olivier,
2009, Le Père François Marty (1901-1944) ; un aumônier de prison pionnier,
Mélanges carmélitains, vol.9,
pp.101-117
- LANDRON Olivier,
2011, La vie chrétienne dans les prisons de France au XXe siècle
-
BERAUD Céline, 2012, recension « Olivier Landron, La vie chrétienne
dans les prisons de France au XXe siècle », Archives
de Sciences Sociales des Religions, n°160, p.223.
- LANDRON
Olivier, 2013, L’aumônerie
et les associations catholiques dans les prisons de France au XXe siècle, in Direction de l’Administration pénitentiaire (dir.), Le
fait religieux en prison : configurations, apports, risques, pp.15-34
g.decourt