sur la fondation des
Missions
africaines de Lyon
Comment se fait-il que la
Société des Missions Africaines ait vu le jour à Lyon ? Son fondateur,
Monseigneur de Marion-Brésillac, était d'origine du Sud-Ouest, et n'avait avec notre
ville aucune attache. D'autre part, si Lyon, à ce moment, entretenait des
relations suivies en Amérique, ainsi que dans le proche et l'extrême Orient,
l'Afrique noire, en revanche, y était largement inconnue, comme partout alors.
En 1853, Monseigneur de
Marion-Brésillac était vicaire apostolique de Coïmbatore, dans les Indes, quand
des divergences de vues avec les Missions Etrangères de Paris sur l'usage de la
liturgie malabare l'amena à se démettre de ses fonctions. Après quelques années, il songea à diriger
sa vocation missionnaire vers l'Afrique noire, et plus précisément vers la côte
Ouest, alors totalement délaissée.
Mais il était pour cela
nécessaire de créer une société missionnaire nouvelle. Ayant obtenu
l'assentiment de la Congrégation de la Propagande, il débarqua à Toulon,
le 12 avril 1856, avec pour objectif de trouver en France des volontaires pour
lancer avec lui la fondation, une ville où l'on pût établir la maison-mère, et
de l'argent pour financer l'entreprise. Il commença donc de sillonner la
France, et une première tournée dans le Sud-Est l'amena à Lyon, le 14 juin.
Fraternellement accueilli par les Pères maristes, qui l'hébergèrent, il
poursuivit sa quête (à tous
les sens du mot), rayonnant dans la région à partir de Lyon, où très vite, lui vint le désir de s'installer:
« Plus je vais, plus je suis persuadé que c'est ici que nous devrons
d'abord nous caser », écrit-il dès le 21 juin et, le même jour : « Je
voudrais beaucoup que ce fût la ville de Lyon » ; sans en dire plus,
malheureusement, sur ses motifs. Il faisait connaissance avec le milieu
lyonnais ; le cardinal de Bonald, d'abord réservé, prenait le projet en faveur
et lui fit même prêcher la retraite ecclésiastique. Le 29
juillet, il put acheter une propriété à côté du fort Saint-Irénée
(aujourd'hui, 25 rue Sœur Bouvier), où il allait pouvoir installer la
maison-mère et le noviciat nécessaire.
Dans l'automne, le
rejoignirent trois premiers compagnons, dont
Augustin Planque, prêtre du diocèse de Lille, qui, travaillé par le désir de
servir les missions, avait réagi à un article que l'évêque avait publié dans L'Univers
pour exposer ses intentions et ses projets. Le 8
décembre 1856 enfin, le petit groupe monta à Fourvière où, dans la
vieille chapelle, une plaque rappelle que, ce jour
là, fut fondée, dans le sanctuaire, la Société des Missions Africaines de Lyon.
A vue superficielle, on
pourrait dire que le hasard joua un grand rôle : pourquoi à Lyon ? Tout bonnement parce qu'il
s'y trouvait. Mais on sent bien, même en l'absence de documents, qu'il y eut
autre chose. Dans le diocèse de Lyon, alors premier diocèse missionnaire du
monde catholique par le nombre des départs en missions, par l'esprit
qui régnait au séminaire Saint-Irénée sous la direction du supérieur M.Duplay,
par la présence de la Propagation de la Foi et l'importance des sommes
recueillies pour les missions, par la présence des Pères et Sœurs maristes, par
l'ouverture de la ville aux mondes lointains, par le sanctuaire de Fourvière où
se consacrèrent tant de vocations missionnaires, une atmosphère particulière
devait se respirer et l'on est en droit de penser que Monseigneur de
Marion-Brésillac n'y fut pas insensible.
Pendant que l'évêque parcourait
la France pour faire connaître la jeune société, à Lyon le P.Planque
prenait la direction de la maison-mère et du séminaire, accueillant et
préparant les nouvelles recrues. En 1859, quand Monseigneur de Marion-Brésillac
mourut de la fièvre jaune au Sierra Leone, avec
les cinq premiers missionnaires de la Société, Planque en devint le second
supérieur, et eut la charge de confirmer et achever la fondation. Il devait
la compléter en 1876, par celle des religieuses de Notre-Dame des Apôtres,
également destinées à l'Afrique noire, installées jusqu'à une date récente sur
Vénissieux. (…)
Henri HOURS
Eglise à Lyon, 1996, n°17
Sources
Monseigneur de Marion-Brésillac, Documents
de mission et de fondation, Paris,
Médiaspaul, 1985
Soeur Claude-Marie Echallier, l'Audace
et la foi d'un ap6tre. Augustin Planque (1826-1907), Paris, Karthala, 1995.