Rose
d’or de la Collégiale de Montbrison
1372
Depuis
de début du deuxième millénaire, généralement une fois l’an, le quatrième
dimanche de Carême, Laetare,
de couleur liturgique rose, le Pape remet à quelqu’un qu’il veut honorer, ou
remercier, une rose d’or. Cette coutume perdure encore aujourd’hui.
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En
1351, Gui VII, comte de Forez, marie son fils Louis avec Jeanne de
Beaufort-Turenne, petite nièce du Pape Clément VI, qui fut moine à l’abbaye de
La Chaise-Dieu et prieur de Savigneux en Forez ; il
part ensuite en Avignon recevoir des mains de ce dernier une Rose d’or, appelée
parfois Eglantine.
c'était
plutôt un plant de rose qu'une rose simple, vu qu'elle était faite en forme
d'un petit rosier ou tige de roses, ayant à la cime une grande rose épanouie
entièrement et au-dessous une autre moindre épanouie à demi, et ensuite trois
autres paraissant seulement en bouton. Et ladite tige, avec les branches qui
portaient ces roses et ces boutons, était assortie de vingt-trois feuilles, et
il n'y avait rien en tout cet ouvrage qui ne fût d'or. Outre quoi, au milieu de
la grande rose, il y avait une pierre précieuse de grand prix et le tout était
porté sur un pied d'argent doré où étaient relevés tout à l'entour six écussons
émaillés aux armes de Forez.
(LAMURE, vol.1,
p.411)
En
1372, après la mort de son fils Jean, Jeanne de Bourbon, épouse de Guy VII,
donne cette Rose d’or à l’église collégiale Notre-Dame de Montbrison pour y
être conservée au Trésor (thresour), comme en témoigne une lettre marquée de son sceau
(seel) :
Nous, Jeanne de Bourbon, comtesse de Foureis, fille ainsnée de messire
Loys, duc de Bourbon, fils ainé du fils monseigneur Sainct Loys, roy
de France, & femme de messire Guis, comte de Fourais,
cui Dieu assoille, faisons sçavoir à tout presens &
avenir que nous avons donné, & donnons par ces presentes,
en honneur de nostre Seigneur & de nostre Dame & de touz les
sains, à nostre eglize de Nostre Dame de Montbrison, la Roze d'or laquelle le pape Clement VI donna à Avignon à mondit
seigneur le comte Guis, le jour de la dymanche de Laetare Hyerusalem ; &
volons que ladite roze soit tous jours mais ez thresour & ez reliques en ladite eglize sur
les modifications dessoz escriptes,
premier que li doyens & chapitres de la dite eglize
presens & avenir ne doient,
ne puissent, ne autres pour eaulx, vendre ny alliener en aucune maniere ne tranfsporter ladite roze. — Item que li colleges de
ladite eglise soit tenus touz
jours mais chanter & dire au grand haultel de la
dite eglize, le jour de Laetare
Hyerusalem, une
messe du Saint-Esprit à note. — Item que le jour emprès
ensuivant, il soit aussy tenu dire & chanter
audit auter, emprés nostre decez, une messe des morts
à note pour les ames de mon dict
seigneur, de noz & touz
noz predecesseurs, &
volons aussi que leditz doyens & chapitres nos
donnent lettre soubz leur seel
de ladite esglifse de nous tenir & faire &
accomplir toutes les chouses en cette lettre
contenues.
Donné à Montbrison en notre ville le sabmedy XIe jour du mois de septembre, l'an de nostre Seigneur mil CCC soissante
douze sous nostre seel de
secret.
Et sur le reply : par Madame
la Contesse : Humbertus.
(LAMURE, vol.3,
p.135)
La
Rose d’or devient l’objet d’une monstration à chaque dimanche de Laetare, appelé à
Montbrison « dimanche de la rose ».
En
1562, elle est ravie avec le Trésor de la Collégiale par les troupes
protestantes, devient objet de commerce et disparait.
DOCUMENTS
- LA MURE Jean-Marie de, 1860, Histoire
des ducs de Bourbon et des comtes de Forez, vol.1, pp.411sq, pp.464sq
- LA MURE Jean-Marie de, 1868, Histoire
des ducs de Bourbon et des comtes de Forez, vol.3
- MUNTZ Eugène, 1901, Les
roses d’or pontificales, Revue de
l’Art chrétien
- Site
Forez-Histoire, Notre-Dame
d’Espérance de Montbrison
- Inventaire du
patrimoine culturel Rhône-Alpes, Collégiale
Notre-Dame de l’Espérance
- Forez-Info, Histoires
des trésors foréziens
a.chapel