Maurice Montuclard
1904-1988
Maurice
MONTUCLARD naît en 1904 à Saint-Etienne.
Après des études
dans les séminaires du diocèse de Lyon, il entre en 1927 chez les dominicains.
Il est ordonné prêtre en 1931.
Après son
doctorat en théologie qui porte sur « Le
Don de conseil et la certitude pratique », il est bibliothécaire puis
professeur de théologie dans les institutions dominicaines, tout en étant très
attentif aux mouvements sociaux de l’époque.
En 1936 il fonde
avec son frère mariste et quelques amis « La Communauté », réunissant hommes et femmes, laïcs et
prêtres, sans pour autant mener une vie commune, excepté lors des sessions
d’études à Montverdun dans la Loire. C’est la préfiguration en quelque sorte
des instituts séculiers érigés par Pie XII en 1947. Le bulletin « Message » relie les groupes de
Lyon, Givors, Saint-Etienne…
Il s’agit pour
MONTICLARD de redécouvrir le sens communautaire dans le christianisme, en
particulier autour d’une liturgie plus vivante. Il remplace le curé de
Montverdun fait prisonnier durant la guerre et vit quelque temps dans la cure
avec des membres de La Communauté.
En août 1940
Emmanuel MOUNIER vient passer une semaine à Montverdun. Dans divers lieux c’est
le temps de la réflexion sur un ordre nouveau de la société et de l’Eglise.
« L’ère des fraternités occultent
commence », écrit-il. A la même époque le Père LEBRET, dominicain,
fonde Economie et Humanisme avec un
groupe de frères et de laïcs, dont certains partagent la même demeure à La
Tourette (Eveux).
MOUNIER résume ainsi
l’objectif de MONTUCLARD dans ses Carnets : « Tout le projet du P.Montuclard
tient dans une direction première : restaurer le christianisme comme
réalité communautaire ». Et de porter alors une appréciation sur
l’homme : « La pensée : à
vrai dire, il me semble plus prophète que philosophe, et plus précurseur que
prophète. Le souffle me semble moins puissant que le coup d’œil est juste… »
Les chrétiens se doivent d’être actifs dans la société en participant aux
mouvements et aux institutions de leur siècle, sans volonté de reconquête des
masses en vue de reconstituer une chrétienté et sans se mettre à part avec
leurs propres œuvres confessionnelles.
En 1942,
MONTUCLARD coopère avec l’abbé GLASBERG dans l’aide aux réfugiés juifs de
l’agglomération lyonnaise.
Il est directeur
des Editions de l’Abeille, nom donné aux Editions du Cerf repliées à Lyon. Dans
la collection « Rencontres » il édite France, pays de mission ? de DANIEL et GODIN, dont il ne
partage pas pour autant l’idée de mission.
Dans le
prolongement du bulletin Message, il
crée les Cahiers Jeunesse de l’Eglise,
dans lesquels écrivent des personnalités connues comme MOUNIER ou LACROIX.
En 1943 il
dissout La Communauté à la demande du
cardinal GERLIER, qui ne comprend pas ce projet de vie commune.
En 1946 le groupe
Jeunesse de l’Eglise quitte Lyon pour
le domaine de Clairbois au Petit-Clamart près de Paris. La réflexion sur la
reconstruction sociale porte sur la solidarité avec la classe ouvrière et la
vision marxiste de la société. « Montuclard en vient pratiquement à dissocier les
convictions chrétiennes et l'action politique, il n'y a plus de continuité ni
de passerelles entre « les événements et la foi »
écrira plus tard Jean-Louis SCHLEGEL. Henri DESROCHES
connaît alors un itinéraire semblable au sein d’Economie et Humanisme.
En 1951,
MONTUCLARD écrit l’article « L’Eglise
et le Mouvement ouvrier » dans le Cahier intitulé Les Evènements et la foi, ouvrage que l’épiscopat français
désapprouve et qu’en octobre 1953 met à l’index le Saint-Office.
En mars 1953 il
quitte la prêtrise et l’ordre des dominicains. Il part travailler au
secrétariat du Comité d’Entreprise de la S.N.E.C.M.A.
En 1955 le
mouvement Jeunesse de l’Eglise
disparaît.
En 1956 il entre
au Centre d’Etudes Sociologiques du C.N.R.S., dont il deviendra directeur de
recherche.
En 1964 il est
reçu docteur es lettres avec pour :
-
thèse principale « La Dynamique des comités d’entreprise » sous la direction de
Jean STOETZEL,
-
thèse secondaire « Conscience religieuse en démocratie : la deuxième démocratie
chrétienne en France 1891-1902 » sous la direction de Raymond ARON.
Professeur de
l’Université d’Aix-en-Provence, il fonde en 1970 avec F.CELLIER le Laboratoire
d’Etudes et de Sociologie du Travail (L.E.S.T.).
Il meurt en 1988.
DOCUMENTS
-
MONTUCLARD Maurice, 1958, Aux
origines de la démocratie chrétienne, Archives
des Sciences Sociales des religions, n°6
-
LAUDE, DOFNY, JAMOUS, 1960, Le
Centre d’Etudes Sociologiques, Revue
Française de Sociologie, 1/1
- MONTUCLARD Maurice, 1965, Conscience religieuse et démocratie. La
deuxième démocratie chrétienne en France 1891-1902, recension
J-M Mayeur, ASSR, 1965/19
-
MONTUCLARD Maurice, 1983, Limites
épistémologiques du système orthodoxe, Archives
des Sciences Sociales des religions, 56/1
-
RAMOGNINO Nicole (dir.), 1991, L’Instituant, les savoirs et les orthodoxies. En souvenir de Maurice Montuclard, Université de Provence (avec bibliographie
pp.43-46)
- KECK Thierry, 1996, Le
Père Montuclard, l'action catholique et la mission
(1936-1940), Revue d'Histoire de
l'Église de France,
82/209, pp.301-310
- KECK, Thierry, 2004, Jeunesse
de l'Eglise 1936-1955 : aux sources de la crise progressiste en France
-
Les archives de Jeunesse
de l’Eglise sont déposées à la Bibliothèque des Facultés Catholiques de
Lyon.
g.decourt