musée du diocèse de lyon

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Jérôme Morin

1797-1861

 

 

 

 

 

 

Jérôme MORIN naît à Beaujeu en 1797.

 

En 1825 il vient travailler sur Lyon comme avoué.

 

Il fonde le journal philosophique et littéraire L’Indépendant.

 

En 1827 il participe à la fondation du journal Le Précurseur, « champion du droit, défenseur infatigable des libertés publiques », lié à la section lyonnaise de la Société des droits de l’Homme, et en devient le directeur. Le journal soutient la Révolution de juillet 1830 ; il le quitte en raison d’une divergence de vue sur la suite à donner à cette révolution.

 

En 1831 il est nommé juge de paix dans le 1er arrondissement de Lyon jusqu’à sa mort ; il devient secrétaire du Comité des bureaux de bienfaisance de son arrondissement.

 

En 1834 Le Précurseur est remplacé par Le Censeur, dont il est un moment rédacteur.

 

Il milite dans le groupe des buchéziens lyonnais qu’il dirige.

 

Le socialisme chrétien de BUCHEZ est développé dans le journal L’Atelier et à Lyon, à partir de 1848, dans Le Vingt-quatre février, devenu Le Réformateur, que co-dirige MORIN ; pour lui la concurrence entraîne la haine, l’évangile dicte l’entente entre patrons et ouvriers au sein des entreprises, l’Etat doit fournir du travail à tous, etc.

 

Il fonde l’Ecole mutuelle qui prône une méthode pédagogique « active et coopérative » à l’inverse de celle des Frères des Ecoles Chrétiennes.

 

Quelques années plus tard, les oppositions idéologiques semblent s’être apaisées .En 1847 le curé de sa paroisse d’Ainay lui demande d’entrer dans la Société de Saint-François-Xavier malgré les préjugés qu’il a à l’égard d’une société trop liée au clergé et aux Frères des Ecoles Chrétiennes.

 

La Société de Saint-François-Xavier, fondée en 1837 à Paris par un prêtre et un frère des Ecoles chrétiennes, réunit des ouvriers, à l’origine dans une église le dimanche soir pour prier et écouter des conférences ; rapidement elle devient une société de secours mutuel et d’éducation populaire. Elle s’implante à Lyon en 1844, dirigée par l’aumônier des Frères des Ecoles chrétiennes, montée Saint-Barthélemy. Le cardinal de Bonald soutient la Société. Sans doute est-ce pour son statut d’association chrétienne qu’elle est tolérée par le gouvernement, au contraire des autres associations ouvrières. Les milieux républicains lyonnais la critiquent pour son affiliation religieuse, ses sympathies royalistes, et sa tendance à éloigner les ouvriers de toute forme de revendication. MORIN sera d’ailleurs exclu des clubs républicains auxquels il appartenait après son adhésion.

 

En février 1848 il veut se présenter aux élections en tant que candidat républicain catholique comme Ozanam ou Victor de Laprade, défendant la devise républicaine (Liberté, Egalité, Fraternité) et la doctrine catholique (Evangile, Propriété, Famille). Il demande l’investiture du Club national qui lui refuse. Il n’est pas élu.

 

Les buchéziens, qui dirigent le journal républicain La Liberté, le soutiennent pour les élections de septembre 1848. Il retire sa candidature en raison du trop grand nombre de candidats et de l’incompréhension que suscite son désir de réconcilier démocratie et catholicisme.

 

En 1849 il se présente comme le candidat de cette réconciliation : ni révolutionnaire ni réactionnaire. Il est battu. Dans Le bon sens chrétien, traité populaire sur la richesse, le travail et l’ordre social (1849) il résume son intention :

 

On ne vaincra, dans l’ordre moral, le socialisme, qu’en prenant pied dans le christianisme et dans l’ordre politique, la démagogie, qu’en prenant pied dans la démocratie.

 

Durant ces années il poursuit des travaux sur l’histoire lyonnaise et complète l’œuvre de Clerjon.

 

En 1851 il entre à l'Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Lyon où il donne plusieurs rapports, en son nom et au nom de commissions, sur la question sociale : formation des jeunes filles, règlementation du travail des femmes et des enfants, limitation de l’expansion urbaine…

 

Son éloge est faite par A.Mollière, son successeur à l’Académie, qui voit dans son itinéraire moins une recherche de conciliation de deux attachements, alors opposés, à la République et à la Foi chrétienne, qu’un assagissement dû à l’âge et à l’expérience.

 

De journaliste devenu magistrat, il avait pu enfin traduire son libéralisme spéculatif en service social directement utile, comme de théoricien strictement révolutionnaire devenu chrétien fervent, il avait dû réchauffer les sincérités natives de sa philanthropie au feu vivifiant de la charité.

(MOLLIERE, 1864, p.8)

 

 

 

 

 

BIBLIOGRAPHIE

 

 

Publications

- 1829, Itinéraire du général Lafayette, de Grenoble à Lyon, précédé d'une notice historique sur cet illustre citoyen...

- 1842, Du Journalisme, à propos de la brochure intitulée : De l'Enseignement du droit public en France, de M. Bellin

- 1845, Histoire de Lyon depuis la Révolution de 1789, trois tomes parus, tome 1

- 1846, Plan d'une association de patronage et de secours mutuels, sous le nom de l'Union chrétienne des bonnes œuvres, par M. Christian Siegwaldt, rédigé avec notes par…

- 1847, Recueil biographique sur M. Marc-Antoine-Louis André de Vouges de Chanteclair

- 1849, Le Bon Sens Chrétien. Traité populaire sur la richesse, le travail et l'ordre social

- n.d., Hôtel de ville : Résumé de l'histoire municipale de Lyon

 

Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Lyon

- 1852, Discours sur cette question : Lucius Munatius Plancus est-il le premier fondateur de la ville de Lyon ? (discours de réception, séance publique du 30 mars)

- 1855, Concours sur les moyens d'adoucir et d'atténuer pour les ouvriers en soie les effets des crises de la fabrique de Lyon,

- 1857, Lyon après le IX thermidor (séance du 19 mai)

- 1858, Sur la question de l'oisiveté des classes riches (séance du 15 juin)

- 1859, Étudier, rechercher surtout au point de vue moral, et indiquer aux gouvernants, aux administrateurs, aux chefs d'industrie et aux particuliers quels seraient les meilleurs moyens, les mesures les plus pratiques : 1° pour élever le salaire des femmes à l'égal de celui des hommes, lorsqu'il y a égalité de services ou de travail ; 2° pour ouvrir aux femmes de nouvelles carrières et leur procurer des travaux qui remplacent ceux qui leur sont successivement enlevés par la concurrence des hommes et la transformation des usages et des mœurs (séance du 21 juin)

 

 

 

 

 

DOCUMENTS

 

 

- MOLLIERE Antoine, 1864, Des aptitudes spéculatives et esthétiques de l’esprit lyonnais et de leur excellence dans l’ordre intellectuel et moral. Discours de réception à l’Académie des Sciences, belles lettres et Arts de Lyon, précédé d’une notice nécrologique sur M. Jérôme Morin

 

- VACHET Adolphe, 1910, Nos Lyonnais d'hier (1831-1910)

 

- ISAMBERT (François-André), 1965, Religion et science de l'histoire chez Buchez (1796-1865), Archives des Sciences Sociales des Religions, n°20, pp. 45-61

 

- ISAMBERT (François-André) De la Charbonnerie au Saint-Simonisme. Etude sur la jeunesse de Bûchez. Politique, religion et science de l'homme chez Philippe Buchez. Recension POULAT Emile, 1968, Archives des Sciences Sociales des Religions, n°25, pp. 203-204

 

- MAS Gabriel, 2007, Le cardinal de Bonald et la question du travail (1840-1870) (thèse Université Lumière Lyon 2)

 

- MAS Gabriel, 2007, Un buchézien dans la Société de Saint-François-Xavier : Jérôme Morin, in Le cardinal de Bonald et la question du travail (1840-1870) (thèse Université Lumière Lyon 2)

 

- Bibliothèque Municipale de Lyon, 2007, L’Esprit d’un siècle : Lyon 1800-1914

 

g.decourt