Emmanuel Mounier
1940-1942
Démobilisé
juillet 1940 au camp de Surgères en Charente, Emmanuel MOUNIER décide de venir
à Lyon où l’accueille Jean LACROIX, fondateur du groupe lyonnais d’Esprit en 1937.
Début
août il passe une semaine à Montverdun dans la Loire
avec Maurice MONTUCLARD et son frère mariste, Jeanne ALLEMAND-MARTIN et Marie AUBERTIN.
Il confronte ses vues avec celles de « La
Communauté » fondée par MONTUCLARD, d’où sortiront bientôt les Cahiers Jeunesse de l’Eglise.
Devant
l’impossibilité d’animer le mouvement Esprit
en zone occupée, il décide en septembre de rester à Lyon. Il donne alors des
cours à Lyon et à Vienne.
Le
29 novembre 1940 se tient une première une réunion des « repliés
lyonnais » des groupes Esprit.
Parmi les présents dont les noms sont connus, il note dans ses Entretiens X ceux de Jean Lacroix,
Hubert Beuve-Méry, Joseph Hours,
Gabriel Marcel, Joseph Vialatoux, André Philip,
Marcel Légaut, des Pères Fessard
et Fraisse, du docteur Delore.
La
revue est relancée à partir de Lyon.
En
janvier 1941 il rencontre à Saint-Fons Mgr GUERRY, secrétaire de la Conférence
des cardinaux et archevêques de France.
Cet
hiver-là il est appelé à donner des conférences dans plusieurs Cercles :
de l’X replié à Lyon, des Khâgneux, des Philosophes du Parc, de Science-Po
replié, au Cercle Charles Péguy, à la Conférence Ampère, chez les jésuites de
Fourvière ; il assure un cycle d’éducation
sociale des jeunes hommes organisé par CARLHIAN. Il enseigne aussi à
l’Ecole d’Uriage.
En
août le régime de Vichy interdit la revue Esprit
qui cesse donc de paraître. Il s’interroge sur un retour à Paris mais
préfère rester à Lyon pour écrire, entre autres, ce qui deviendra après guerre le Traité
du caractère. Il occupe un logement à la Croix-Rousse, rue Roussy.
Il
projette de former des groupes clandestins d’Esprit, désormais eux aussi interdits ; il a des contacts
personnels avec des membres du réseau Combat.
Il rédige une Déclaration des droits de
la personne.
Le
15 janvier 1942 il est arrêté comme suspect de mener résistance à l’occupant et
au régime de Vichy. Après huit jours à Lyon, il est incarcéré à la prison de
Clermont-Ferrand, qu’il appelle son « hôtel ». L’instruction de son
dossier dure : celui-ci semble vide. Son avocat est le lyonnais Emmanuel
GOUNOT avec lequel il correspond et qui vient lui rendre visite. Il finit par
être libéré le 21 février. Il revient à la Croix-Rousse le 14 mars. Début mai
il est à nouveau arrêté et « interné administratif » à
Vals-les-Bains, où il travaille sur ses manuscrits. Devant la lenteur des
décisions de l’administration il entame une grève de la faim, est hospitalisé à
Aubenas. En juillet il revient à Lyon comme détenu politique à la prison
Saint-Paul, où il écrit une note sur « Le régime des prisons » qui
paraîtra dans Esprit en 1945. Sa
femme est autorisée à lui rendre visite.
Le
21 octobre a lieu son procès. Maître GOUNOT, assistée de sa fille Emma, le
défend. Le 30 il est acquitté « sous bénéfice du doute ». Il prend
quelques jours de repos en famille. Début décembre, avec sa famille il
s’installe dans une maison près du bourg de Dieulefit. Il repassera par Lyon au
cours de ses voyages en France et gardera jusqu’à sa mort contact avec les
« lyonnais ».
DOCUMENTS
- Mounier et sa génération. Lettres, carnets et inédits, 1956, Paris,
Seuil
-
COMTE Bernard, 1985, Emmanuel
Mounier devant Vichy et la révolution nationale en 1940-41 : l'histoire
réinterprétée, Revue d'Histoire de
l'Église de France,
71/187, pp. 253-279
-
COMTE
Bernard, 1992, Mounier à Lyon (1940-1942). De la
reparution d'Esprit au procès de Combat, Bulletin
des Amis d'Emmanuel Mounier, n°77,
- La Revue Esprit à Lyon. Table ronde du cycle
"L’intelligence d’une ville" de la Bibliothèque municipale de Lyon
(20 janvier 2006) : Patrick Bazin et Catherine Goffaux-Hoepffner
ont réuni Bernard Comte, Robert Jourdan, Goulven Boudic,
Denise Lallich-Domenach et Guy Coq ; transcription
par Anne Mouyart
g.decourt