centenaire de la
Propagation de la Foi
1922
Contexte
Le 22 janvier 1922 meurt le pape Benoît XV
qui préparait :
-
la fusion des trois organismes français
collectant des fonds pour les missions :
o
la Propagation
de la Foi fondée à Lyon en 1822 par Pauline Marie JARICOT,
o
la Sainte
Enfance fondée par Mgr de Forbin-Janson à Nancy en 1843,
o
l’œuvre de Saint
Pierre Apôtre fondée à Caen
en 1889 par Jeanne Bigard,
- dans un organisme unique :
o avec un autre d’origine italienne,
o le siège étant à Rome,
o la direction assurée par la Congrégation de la
Propagation de la Foi,
o pour contrôler la répartition des fonds.
Les laïcs lyonnais qui dirigeaient l’œuvre
cherchaient à retarder cette décision, qui est reprise par son successeur Pie
XI élu le 6 février.
Lettre pastorale du Cardinal Maurin
Le 15 février le Cardinal MAURIN écrit une lettre pastorale sur le centenaire de
l’Œuvre de la Propagation de la Foi, dans laquelle il :
-
annonce un triduum à Lyon pour le 100ème
anniversaire de la fondation de l’Œuvre de la Propagation de la Foi, qui
coïncide avec le 300ème anniversaire de la fondation de la
Congrégation de la Propagande de la Foi à Rome,
- rappelle qu’il y eut d’abord le Conseil central de Lyon,
puis le Conseil central de Paris, puis des Conseils diocésains en France et
ensuite à l’étranger, qu’en 100 ans 500 millions ont été recueillis, dont 32
dans le diocèse de Lyon, qui ont été « distribués
avec une parfaite équité, sans acception de pays, sans autre loi que celle des
besoins, comme il est facile de s’en rendre compte par une comptabilité qui a
été, chaque année, rendue publique et qui n’a jamais été l’objet d’une sérieuse
critique »,
- annonce une mutation de l’œuvre à la demande du Pape
Benoît XV faite en octobre 1921 :
L’Œuvre (…) semble devoir prochainement subir une
transformation qui n’ira pas sans imposer quelque sacrifice à notre
amour-propre national mais que nous accepterons avec résignation et même
joyeusement s’il doit en résulter pour elle un plus grand bien.
…
Les membres éminents
des Comités centraux de Lyon et de Paris, qui apportent à l'Œuvre de la
Propagation de la Foi un concours aussi intelligent que dévoué et qui ont
réussi à obtenir le meilleur rendement avec le minimum de frais, ne veulent à
aucun prix que leur chère œuvre périclite si du fait de la guerre ou même pour
d'autres motifs dont ils se garderaient bien de discuter le plus ou moins de
valeur, il répugne à un certain nombre de nations de rester rattachées à la
France et d'y envoyer les cotisations annuellement recueillies. Ils estiment
d'autre part avec raison que ce serait un vrai malheur pour les Missions si
l'Œuvre, perdant le caractère de catholicité qu'elle a en dès l'origine,
devenait dans chaque pays à peu près exclusivement nationale.
Or, le vrai centre de la catholicité est à Rome. Il y a là une Congrégation
fondée, il y a exactement trois siècles, pour être préposée à tout ce qui se
rapporte à l'évangélisation des peuples. Cette congrégation, jugeant que
l'Œuvre de la Propagation de la Foi a fait ses preuves, qu'elle a rendu dans le
passé et qu'elle est encore capable de rendre à l'avenir d'immenses services, a
résolu de l'adopter afin de pouvoir lui donner l'accroissement tant souhaité
par Sa Sainteté le pape Benoît XV.
Au mois d'octobre
dernier, le Saint-Père, après nous avoir dit son admiration pour la générosité
des catholiques français, pour le dévouement et le talent d'organisation des
membres des Conseils centraux, concluait qu'à raison des circonstances
nouvelles créées par la guerre qui a porté au plus haut degré la défiance et la
rivalité entre les peuples, il était devenu nécessaire d'établir à Rome, au
siège de la Propagande, un Conseil international de répartition des sommes
recueillies dans chaque nation pour l'Œuvre de la Propagation de la Foi et
qu'il convenait que la France y fût très dignement représentée. Le Saint-Père
ne nous parut même pas éloigné d'admettre que les Conseils centraux de France,
où se trouvaient des hommes d'une compétence et d’un dévouement au-dessus de
tout éloge, pourraient peut-être continuer à faire un premier travail de
répartition qui constituerait un élément précieux pour la répartition définitive
faite ultérieurement à Rome.
(texte
complet dans la Semaine Religieuse du
diocèse de Lyon du 24 février 1922)
Triduum à Lyon
Les cérémonies
se déroulent sous la présidence du Cardinal à la Primatiale décorée pour
l’occasion :
-
à chaque pilier est accrochée une croix
entourée de palmes,
-
au chœur drapé de rouge écarlate, les châsses
des reliques des bienheureux Chanel, Perboyre, Néel, Bonnard,
Tuy, etc., représentent les 225 martyrs missionnaires
dont 40 sont béatifiés, avec les instruments de leurs tortures, et l’image de
saint Exupère,
-
du triforium à l’abside sont déployées des
draperies pourpres,
-
autour du chœur brillent 200 girandoles de
feu.
Lundi 1er
mai
R.P. Gillet, op : sermon sur « Le
Missionnaire »
Séminaristes des Missions Africaines de Lyon : « Le Chant du départ »
Salut de Saint-Sacrement, chants par la
chorale de l’Institution des Chartreux, bénédiction par Mgr Béchetoille,
chancelier de Lyon, président du Conseil central de Lyon
Mardi 2
mai
Mgr Le Roy, Supérieur général des Pères du
Saint-Esprit : « Les Missions d’Afrique »
Séminaristes des Missions Africaines de Lyon : « Le Chant du départ »
Salut du Saint-Sacrement, chants par la
chorale de l’Institution des Minimes, bénédiction par le chanoine Vaudier, curé de l’Annonciation, membre du Conseil central
de Lyon
Mercredi 3
mai : jour anniversaire de la fondation de l’Œuvre de la Propagation de la
Foi
Messe pontificale le matin et le soir :
Mgr de Guebriant,
Supérieur général des Missions étrangères de Paris : « Les Missions
d’Asie »
Séminaristes des Missions Africaines de Lyon : « Le Chant du départ »
Salut du Saint-Sacrement, chants par la
Maîtrise de Saint-Jean, bénédiction par le cardinal Maurin
Les fêtes jubilaires édictées par S.E. le cardinal Maurin pour commémorer la, naissance, il y a un siècle, de
l'Œuvre de la Propagation de la Foi se sont déroulées triomphalement durant les
trois premiers jours du mois de mai sous les voûtes augustes de la Primatiale
de Lyon. Œuvre lyonnaise et Œuvre divine, c'est bien là, dans le plus
majestueux édifice divin de la ville archiépiscopale, qu'il convenait que fût
célébré le centenaire de sa naissance.
(GROFFIER, Semaine religieuse de Lyon du 12 mai 1922)
Lettre du Pape Pie XI
Aux Chers Fils, Emmanuel Béchetoille et Henry Odelin,
présidents des conseils de Lyon et
de Paris de la Propagande de la Foi.
PP. XI
Chers Fils, salut et bénédiction apostolique.
C’est de bon cœur que nous recevons les belles marques de respect et
d’obéissance que vous nous avez récemment montrées ; d’autant plus que l’année
même où Nous nous sommes élevé, par une insondable décision divine, au siège du
bienheureux Pierre, avec bonheur un siècle s’est écoulé depuis la fondation de
votre Œuvre de la propagation de la Foi.
Et c’est un projet vraiment admirable, que Notre prédécesseur très pieux
Benoît XV Nous a laissé par écrit, pour ainsi dire en héritage, dans ce même
domaine ; en effet il a dessiné avec intelligence dans l’encyclique
« Maximum illud » la voie raisonnable que
les Missions catholiques doivent prendre pour le développement qu’on leur
souhaite : à savoir adresser d’humbles prières à Dieu et réveiller une
charité ingénieuse dans la recherche de fonds. Comme votre Œuvre de la
Propagation de la Foi sert d’abord et avant tout à aider les saintes Missions,
nous voulons avec force la recommander à la charité des Catholiques, aujourd’hui
surtout où nos missions croulent sous tant de difficultés matérielles. Et
puisse tout le monde bien comprendre combien est importante l’aide matérielle,
chrétienne et civile, pour que prospère chaque jour davantage votre
organisation, car non seulement le salut de nombre d’âmes en dépend mais aussi
l’amélioration de la vie en long et en large.
Nous sommes confiants dans la réussite pleine et féconde d’un centenaire,
qui tombe avec bonheur l’année même du troisième centenaire de la Sacrée
Congrégation de la Propagation de la Foi, fondée à Rome pour promouvoir et
soutenir l’apostolat missionnaire ; et dans le même temps nous entretenons bon
espoir que votre œuvre connaîtra sous peu, comme une nouvelle jeunesse, un
autre siècle de sa vie placée sous les auspices de la bonne Mère Rome.
Aussi nous vous remercions grandement, chers fils et les autres
conseillers, de vouloir poursuivre, d’un zèle particulier, une œuvre à ce point
si fructueuse, notamment dans l’iniquité de ce temps : car c’est dans la très
chère Fille, l’Eglise de Gaule, qu’il soit permis de l’admirer, et dans aucune
autre nation, qu’on trouve la foi et le zèle d’une quête pour les missions, qui
vienne et de la surabondance de biens et de la générosité d’hommes d’apostolat.
Mais une juste récompense de ses auteurs est à attendre du Dieu unique, qui
« rendra à chacun selon ses œuvres », plutôt que de la fluctuante
louange humaine.
A cette occasion, pour que ce centenaire soit plus honoré et en même temps
plus fructueux, à tous ceux qui ont adhéré à cette œuvre, nous accordons
volontiers la faculté de gagner l’indulgence plénière, au jour que chaque
Ordinaire aura décidé, et selon les règles habituelles.
A vous, Fils aimés, et aux fidèles qui auront aidé l’organisation de
quelque manière, présage des dons célestes et gage de la bienveillance du Père,
d’un cœur débordant nous accordons la bénédiction apostolique.
Donné à Rome, à Saint-Pierre, le 16 Avril, dimanche de la Résurrection,
1922, première année de Notre Pontificat.
Pie PP. XI.
Chant du départ des missionnaires
paroles : Dallet…,
musique : Gounod, 1852, extraits
Partez
hérauts de la bonne nouvelle.
Voici le
jour appelé par vos vœux.
Rien
désormais n'enchaîne votre zèle.
Partez
amis que vous êtes heureux.
Oh !
qu'ils sont beaux vos pieds missionnaires.
Nous les
baisons avec un saint transport.
Oh !
qu'ils sont beaux sur ces lointaines terres,
Où règne l'erreur et la mort.
Partez
amis, adieu pour cette vie.
Portez au
loin le nom de notre Dieu.
Nous nous
retrouverons un jour dans la patrie.
Adieu,
frère adieu.
En nous
quittant vous demeurez nos frères,
Pensez à
nous devant Dieu chaque jour.
Restons
unis dans la sainte prière.
Restons
unis dans son Divin amour.
Ô Dieu
Jésus, notre roi, notre maître,
Protégez-nous,
veillez sur notre sort.
A Vous nos
cœurs, notre sang, tout notre être,
A vous à la vie, à la mort.
Partez
amis, adieu pour cette vie.
Portez au
loin le nom de notre Dieu.
Nous nous
retrouverons un jour dans la patrie.
Adieu,
frère, adieu.
Hâtez vos pas
vers la plage africaine,
Où vous attend
un peuple dans la nuit,
Voué longtemps
au mépris, à la haine,
Abandonné
comme un peuple maudit.
Soldats du
Christ, portez-lui la lumière,
Portez-lui
Dieu, le salut et l’espoir.
La croix sera
votre sainte bannière.
Ouvrez le ciel
au pauvre Noir.
Partez
amis, adieu pour cette vie.
Portez au
loin le nom de notre Dieu.
Nous nous
retrouverons un jour dans la patrie.
Adieu,
frère, adieu.
Partez,
partez ! Là-bas vos frères tombent,
En combattant
l’erreur et les faux dieux.
Au poste
saint, si ces héros succombent,
Prenez leur
place et soyez dignes d’eux.
Offrez au Ciel
la Victime suprême,
Sur les autels
enlevés à Satan
Faites couler
la grâce du baptême
Où l’on
versait des flots de sang.
Partez
amis, adieu pour cette vie.
Portez au
loin le nom de notre Dieu.
Nous nous
retrouverons un jour dans la patrie.
Adieu,
frère, adieu.
Empressez-vous
dans la sainte carrière,
Donnez à Dieu
vos peines, vos sueurs,
Vous
souffrirez et toute votre vie
S’écoulera
dans de rudes labeurs.
Peut-être
aussi tout le sang de vos veines
Sera
versé ; vos pieds, ces pieds si beaux,
Peut-être un
jour seront chargés de chaînes,
Et vos corps
livrés aux bourreaux.
Partez
amis, adieu pour cette vie.
Portez au
loin le nom de notre Dieu.
Nous nous
retrouverons un jour dans la patrie.
Adieu,
frère, adieu.
Partez
héraults de la Bonne Nouvelle
Soyez remplis du zèle apostolique;
La pauvreté,
les travaux, les combats,
La mort, voilà
l’avenir magnifique,
Que notre Dieu
réserve à ses soldats.
Soldats du
Christ, l’Eglise nous appelle.
Constants et
forts, allons souffrir pour elle
Et s’il le
faut, allons mourir !
Partez
amis, adieu pour cette vie.
Portez au
loin le nom de notre Dieu.
Nous nous
retrouverons un jour dans la patrie.
Adieu,
frère, adieu.
DOCUMENTS
-
Semaine Religieuse du diocèse de Lyon des 24 février, 5 mai, 12 mai, 14 juillet 1922
- Chant du départ, enregistrement
par l’Ensemble vocal Saint-François-Xavier
g.decourt