musée du diocèse de lyon

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Le Poème de l’âme

1835-1881

 

 

 

 

 

Avec Le Poème de l’âme Louis JANMOT (1814-1892) donne l’œuvre de sa vie.

 

Il s’agit d’une série de tableaux et dessins, accompagnée de poésies, qui exprime les convictions philosophiques et religieuses de l’artiste. Forme peinte et forme écrite présentent la vision de l’existence d’un catholique convaincu, voulant réhabiliter les croyances et les rites sa religion, à la fois ancienne et adaptée aussi à son époque, au milieu d’un siècle bouleversé par de nombreux soubresauts politiques, l’arrivée de nouvelles philosophies, des découvertes scientifiques de tous ordres, l’essor de courants mystiques plus ou moins ésotériques.

 

Comme ses amis peintres lyonnais, JANMOT est influencé par :

- le « catholicisme libéral » en ses différentes expressions (théologie esthétique de LAMENNAIS, action sociale et politique de OZANAM, réformisme de LACORDAIRE…),

- le « mouvement des Nazaréens » d’origine allemande fréquenté à Rome.

 

Les 18 peintures (Génération divine, Le Passage des âmes, L’Ange et la mère, Le Printemps, Souvenir du ciel, Le Toit paternel, Le Mauvais sentier, Le Cauchemar, Le Grain de blé, Première communion, Virginitas, L'Echelle d'or, Rayons de soleil, Sur la montagne, Un Soir, Le Vol de l’âme, L’Idéal, Réalité) sont exposées au Salon de Paris en 1855. Elles déroutent le public. Un long poème est édité en même temps.

 

Les 16 dessins (Solitude, L’Infini, Rêve de feu, Amour, Adieu, Le Doute, L’Esprit du mal, L’Orgie, Sans Dieu, Le Fantôme, Chute fatale, Supplice de Mézence, Les Générations du mal, Intercession maternelle, La Délivrance ou vision de l’avenir, Sursum corda) complètent le Poème de l’âme. L’ensemble donne lieu en 1881 à une publication à partir de photographies de Félix Thiollier.

 

Le Poème de l’âme est conservé au Musée des Beaux Arts de Lyon, les peintures dans une salle dédiée et les dessins en bibliothèque.

 

Les avis sur cette œuvre sont partagés. Tombée dans l’oubli après le mauvais accueil reçu en 1855, réhabilitée en 1881, elle fait l’objet d’une redécouverte récente et devient le témoin d’une tendance de l’art religieux européen du XIXème siècle.

 

 

Pour BAUDELAIRE, 1869, L’Art romantique (p.136),

 

l’Histoire d’une âme (sujet d’une suite de tableaux de M. Janmot, exposés à Paris en 1851, et dont le Catalogue était accompagné d’un commentaire en vers de la composition de l’artiste lui-même.) est trouble et confuse.

 

La religiosité qui y est empreinte avait donné à cette série de compositions une grande valeur pour le journalisme clérical, alors qu’elles furent exposées au passage du Saumon ; plus tard nous les avons revues à l’Exposition universelle, où elles furent l’objet d’un auguste dédain.

 

Une explication en vers a été faite par l’artiste, qui n’a servi qu’à mieux montrer l’indécision de sa conception et qu’à mieux embarrasser l’esprit des spectateurs philosophes auxquels elle s’adressait.

 

Tout ce que j’ai compris, c’est que ces tableaux représentaient les états successifs de l’âme à différents âges ; cependant, comme il y avait toujours deux êtres en scène, un garçon et une fille, mon esprit s’est fatigué à chercher si la pensée intime du poème n’était pas l’histoire parallèle de deux jeunes âmes ou l’histoire du double élément mâle et femelle d’une même âme Tous ces reproches mis de côté, qui prouvent simplement que M. Janmot n’est pas un cerveau philosophiquement solide, il faut reconnaître qu’au point de vue de l’art pur il y avait dans la composition de ces scènes, et même dans la couleur amère dont elles étaient revêtues, un charme infini et difficile à décrire, quelque chose des douceurs de la solitude, de la sacristie, de l'église et du cloître ; une mysticité inconsciente et enfantine.

 

Pour HARDOUIN-FUGIER (1977, p.92), le Poème de l’âme représente « un catholicisme plus poétique qu’orthodoxe ».

 

Pour DUFIEUX (1978): « À travers le Poème de l’âme, Janmot apparaît en réalité comme un observateur privilégié de son temps, de ses aspirations idéalistes comme de ses inquiétudes et de ses tourments ».

 

Pour le Musée des Beaux Arts de Lyon, qui avait présenté les tableaux en 1950, présente cette œuvre en 1976 puis en 1978 dans sa totalité : « Œuvre clé de l'école lyonnaise, le Poème de l'âme (…) est un des jalons du spiritualisme en peinture au XIXe siècle en Europe ».

 

 

 

 

DOCUMENTS

 

 

- Musée des Beaux Arts de Lyon, 1976, Louis Janmot, « Le Poème de l'âme », (rédigé par HARDOUIN-FUGIER Elisabeth à l’occasion l’exposition des dessins)

 

         - HARDOUIN-FUGIER Elisabeth, 1977, Le Poème de l’Âme par Janmot

                   recension Ph.DUFIEUX

 

         - HARDOUIN-FUGIER Elisabeth, 1981, Louis Janmot, 1814-1892

 

         - BRACHLIANOFF Dominique, 1995, Le Poème de l’Âme

 

         - HARDOUIN-FUGIER Elisabeth, 2007, Le Poème de l’Âme par Louis Janmot (1814-1892)

        

         - Musée des Beaux Arts de Lyon, 2007, Le Temps de la peinture. Lyon 1800-1814 (catalogue de l’exposition, textes audio)

                   - présentation de l’exposition

                   - Un art philosophique. Louis Janmot, Le Poème de l’âme

                   - Le poème de l’âme. L’Idéal

                   - Le Poème de l’âme de Louis Janmot

 

         - L’Atelier des artistes, 2010

                   - tableaux (commentaire + iconographie)

                   - dessins (commentaire + iconographie)

 

         - voir présentation sur Histara (site inter-universitaire : histoire de l’art, histoire des représentations et archéologie)

 

         - Musée des Beaux Arts de Lyon, expositions de 1876 à 2011

 

         - voir les notices sur Louis JANMOT, Victor ORSEL, Hippolyte FLANDRIN, les frères LACURIA, l’abbé NOIROT, l’art religieux au XIXème siècle dans le diocèse de Lyon, etc.

 

 

 

 

g.decourt