musée du diocèse de lyon

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Réponse du Pape Pie IX aux Prêtres

4 février 1864

 

 

 

 

 

Rome, le 4 Février 1864

Nos Chers Coopérateurs,

 

J'ai conduit aujourd'hui à l'audience de Sa Sainteté les Curés du diocèse de Lyon, qui étaient venus lui présenter une Supplique relative à notre Liturgie. Le Pape a exigé que je fusse présent à cette audience. Sa Sainteté a reçu MM. les Curés avec son affabilité ordinaire. Il n'a pu être question de la Supplique ; le Souverain Pontife n'a pas voulu la recevoir. Voici les paroles qu'il a adressées à MM. les Curés:

 

 

Vous avez désiré, Messieurs, conserver votre antique Liturgie. Rien de plus juste : vous la conserverez. Nous avons seulement rétabli, en quelques points presque imperceptibles, ce qu'on avait changé dans vos rites. Ainsi, par exemple, le Samedi-Saint à la bénédiction du feu l'Archevêque ou le Prêtre célébrant, au lieu d'être revêtu de l'habit de chœur, sera revêtu de la chape ou pluvial. Il en sera ainsi de quelques autres changements de ce genre dans votre Liturgie.

 

Mais votre Bréviaire et votre Missel n'appartiennent pas à votre antique Liturgie. M. de Montazet et le Parlement vous les ont donnés, et par ce fait avaient déshonoré votre magnifique Liturgie. Il faudra, peu à peu et avec prudence, faire disparaître ces taches.

 

Je vous avoue, Messieurs, que mon cœur a été blessé de l'agitation qui s'est produite dans le Clergé de Lyon, de ce diocèse qui nous donne tant de consolation, et qui est si cher à Notre cœur. Nous avons été profondément affligé, lorsque Nous avons lu dans les journaux ces articles qu'on y a insérés au sujet du changement de Bréviaire, et surtout lorsque Nous avons appris qu'on avait eu recours à l'autorité civile. Le Ministre a écrit à l'Ambassadeur, comme si l'autorité civile avait quelque chose à voir dans ces questions liturgiques. Ces questions ne regardent que l'Eglise, le Vicaire de Jésus-Christ et votre Archevêque. On ne pouvait pas me faire une plus grande peine que de suivre cette marche. Imitez cet admirable Episcopat français, si obéissant à Notre Autorité, si dévoué aux intérêts de l'Eglise, si appliqué à ses devoirs, et qui, dans nos malheurs, Nous a donné de si touchantes preuves de son attachement et de sa fidélité.

 

Du reste, Messieurs, on ira avec prudence dans l'introduction du Bréviaire et du Missel romains. On commencera par donner le nouveau Bréviaire aux sous-diacres, et peu à peu tout rentrera dans l'ordre. Vous n'oublierez jamais l'obéissance que vous devez au Vicaire de Jésus-Christ et à votre Archevêque. Que la Bénédiction du Père, du Fils et du Saint-Esprit descende sur vous.

 

 

Voilà, mes chers Coopérateurs, les paroles que le Pontife suprême nous a adressées ce matin. Nous les conserverons dans notre cœur, pour en faire la règle de notre conduite.

 

Agréez, mes chers Coopérateurs, l'assurance de mon inviolable attachement.

 

†L.J.M. Card. de Bonald,

Archev. de Lyon