l’Eglise dans le Roannais
1789-1801
Ce sont
la chapelle des Pénitents près du couvent des Ursulines, celle du Collège et
l’église des Minimes, qui accueillent en 1789 les assemblées et bureaux de
vote. Le Tribunal siègera en l’église des Capucins.
Depuis
l’ordonnance de 1667, les curés sont tenus de lire en chaire les ordonnances
royales et décisions de justice. C’est donc au curé de l’unique église
paroissiale de Roanne, l’église Saint-Etienne, que revient la tâche, précisée
par le décret du 23 février 1790, de lire les décrets de l’Assemblée Nationale.
Le
Collège, tenu depuis 1763 par les Pères
de Saint-Joseph, les joséphites, est en 1792 géré par
la Municipalité jusqu’à sa suppression en 1795.
Au
printemps 1791, le pape PIE VI condamne la Constitution civile du clergé.
L’archevêque de Lyon, Mgr MARBOEUF, qui avait refusé à Paris de prêter serment,
émigre et est remplacé à Lyon par Adrien LAMOURETTE élu évêque de Rhône-Loire.
Le
curé GOULARD étant réfractaire au serment, c’est Louis VIGNON, ancien joséphite, qui devient curé de Roanne en juin 1791.
Aux
5 prêtres « réfractaires » du Roannais s’ajoutent des prêtres
« jureurs » qui se rétractent, comme Claude DELORME, curé de
Fourneaux, ou Martin GRANGE, curé de Violay. Mais
comme certains reviennent sur leur rétractation, il est difficile de savoir
exactement la situation du clergé en Roannais. Sur les 110 prêtres recensés, 67
seraient constitutionnels et maintenus en place comme à :
- Urbise, Sail, Saint-Martin d’Estréaux, Vivans, La Pacaudière, Noailly,
Saint-Forgeux, Le Crozet, Ambierle,
Saint-Germain Lespinasse, Mably, Saint-Rirand,
Saint-Romain, Saint-Haon le Vieux, Saint-Haon le Chatel, Renaison, Saint-Martin de Boisy,
Saint-Léger, Pouilly, Aiguilly, Les Noés, Saint-André d’Apchon,
Ouches, Chérier, Villemontais,
Saint-Sulpice, Villerest, Vernay,
Commelle, Saint-Cyr de Favières,
Saint-Maurice, Cordelle, Saint-Just en Chevalet, Bully,
Crémeaux, Dancé, Luré, Grézolles, Souternon, Amions, Saint-Paul en Vézelin, Saint-Marcel d’Urfé, Saint-Julien d’Oddes, Saint-Gerlain Laval,
Saint-Georges en Baroille, Pommiers, Verrières, Nollieux, pour le Forez,
-
Saint-Nizier, Saint-Denis, Maizilly, Saint-Germain la Montagne, Belmont,
Saint-Hilaire, Villers, Cuinzier, Ecoche,
Vougy, Nandax, Boyer, Jarnosse, La Gresle, Perreux,
Saint-Vincent, Pradines, Saint-Victor sur Rhin, Combre,
pour le Beaujolais,
- Croizet, Chirassimont, Machezal,
Sainte-Colombe, Bussières, pour le Lyonnais.
Seraient
venus remplacer les réfractaires 36 autres prêtres constitutionnels,
« jureurs », dits « intrus », souvent anciens vicaires ou professeurs,
comme à :
- Saint-Bonnet, Changy, Briennon, Roanne, Lentigny, Saint-Priest La Prugne,
Saint-Polgues, Cordelle, Saint-Priest La Roche,
Saint-Romain d’Urfé, Juré, Saint-Jodard, Pinay, Champoly, Saint-Martin La Sauveté, pour le Forez,
-
Pouilly,
Charlieu, Chandon, Mars, Belleroche,
Coutouvre, pour le Beaujolais,
- Neaux, Lay,
Saint-Symphorien de Lay, Fourneaux, Neulize,
Saint-Just La Pendue, Saint-Cyr de Valorges,
Saint-Marcel de Félines, Violay, Sainte-Agathe,
Bussières, pour le Lyonnais.
En août
1792 obligation est faite aux prêtres de prêter serment ou de s’exiler. En
septembre 37 prêtres, dont les curés de Changy,
Villerest, Saint-Priest La Prugne, Saint-Romain
d’Urfé, Juré, Saint-Martin La Sauveté, Saint-Just La Pendue, Saint-Marcel de
Félines, Violay, auraient demandé leur passeport pour
gagner le Royaume de Savoie, pour la plupart. La clandestinité des réfractaires
s’organise.
Dans
certaines paroisses, il semble que des curés aient juré sans jurer ou soient
restés sur place après des serments restrictifs comme à : Arcon, Lentilly, Saint-Pierre La Noaille, Arcinges, Montagny, Boisset, Balbigny, Vendranges.
De
fortes tensions secouent la population, surtout là où coexistent deux curés,
l’un jureur, l’autre réfractaire : refus d’accueillir les
« intrus » avec parfois la complicité des élus municipaux, refus d’un
curé jureur ou d’un curé réfractaire de reconnaitre les actes célébrés par
l’autre, etc.
Suite
à la loi du 20 septembre 1992 laïcisant l’Etat civil, le 29 octobre 1792 le
curé de Roanne, Louis VIGNON, remet les registres paroissiaux au procureur
MORILLON,
En
1793 les réfractaires sont recherchés et des heurts surviennent entre la
population et les forces de l’ordre. Claude DELORME, curé de Fourneaux, est
arrêté à Noël et guillotiné à Lyon en janvier 1794. Claude CROZET, curé de Vendranges, est arrêté et guillotiné à Lyon en mars 1794.
Le
constitutionnel Jérôme SIRAND, « intrus » qui a remplacé le curé de
Fourneaux, se rétracte et est guillotiné à Lyon en mars 1794.
Les
prêtres constitutionnels, dépossédés de l’Etat civil depuis octobre 1792, mal
accueillis par les paroissiens du Roannais, sont bientôt rejetés par le pouvoir
qui les pousse à la « déprêtisation » en
renonçant à exercer le culte (« abdicataire ») ou en remettant leur
lettre d’ordination (« traditeur ») : en septembre 1794, la
Convention ayant prononcé la séparation de l’Eglise et de l’Etat, aucun culte
n’est reconnu par la République et donc plus aucun ministre du culte n’est
désormais payé par l’Etat.
En
février 1795, la liberté de culte est proclamée. L’Eglise constitutionnelle a
vécu. Une petite cinquantaine de prêtres constitutionnels demandent leur
réintégration dans l’Eglise romaine entre 1795 et 1799. L’Eglise réfractaire
agit un peu plus ouvertement. L’abbé DENIS ouvre même un petit séminaire
clandestin à Saint-Jodard.
En
octobre 1795 à nouveau les réfractaires sont recherchés pour être conduits au
bagne. Les troubles sont de plus en plus violents comme à : Roanne,
Saint-Maurice sur Loire, Saint-Haôn-le-Chatel, Les Noés, Saint-Rirand,
Saint-Symphorien de Lay, Crozet sur Gand, Machezal. Il faut attendre le concordat de 1801 pour le
retour au calme sur le plan religieux dans le Roannais.
DOCUMENTS
- Recueil
des Cahiers de 1789. Dauphiné, Forez, Lyonnais, Beaujolais, I.
-
Cahier
de doléances de la province de Forez, II.
-
LESTRA
Antoine, Histoire
secrète de la Congrégation de Lyon, 1967
-
VOVELLE
Michel, 1793.
La Révolution contre l’Eglise : de la Raison à l’Etre suprême, 1988
-
PLASSON
Henri, Le problèmes religieux dans le district de Roanne, in Roanne pendant la Révolution, coll.,
1989, pp.191-217
-
a.chapel