église de Salt
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Le temps que nous restons sur cette terre étrangère, il
nous est permis par le Tonitruant d’œuvrer à ce qui nous prépare à la vie
future, comme Il l’affirme : « Travaillez non pour la nourriture qui
périt mais pour celle qui demeure dans la vie éternelle » et «
Donnez l’aumône, et tout sera pur pour vous » ; déjà Salomon
disait : « Rançon d’une vie d’homme : sa richesse ». Que
faire, sinon de mériter les biens éternels au travers des biens passagers que
nous possédons ? En effet qui peut donner sinon celui qui a déjà reçu
comme l’affirme le Psalmiste « Au Seigneur la terre et sa plénitude, le
monde et son peuplement » ; en effet nous sont données toutes les bontés
par Celui qui, sa grâce prévenante, ne reprend jamais ce qu’il a donné à nous
pécheurs, et qui attend tous les jours que l’esprit humain s’élève vers
l’espérance de la divine miséricorde. En effet nos savoirs, nos capacités, nos
richesses, nous les tenons non point d’un autre, mais bien plutôt de la faveur
divine. Nous profitons donc au mieux des bienfaits divins, c’est-à-dire pour
que nous passions du mal au bien, des péchés à la vraie pénitence, au point que
ce soit sans regret que Seigneur ait donné et avec profit que nous ayons reçu.
C’est pourquoi, au nom de Dieu, Moi Girin,
attentif aux promesses ci-dessus décrites, me souvenant du danger de l’humaine
fragilité et du jour de ma mort, craignant de tomber dans les peines de l’enfer
pour mes péchés dont je suis chaque jour l’auteur et la victime, je donne, avec
l’accord de mes amis et parents, un bien de mon patrimoine à Dieu et au
monastère Saint-Martin de Savigny, que seigneur Iterius
abbé dirige ; et cela pour la rédemption de mon âme, celle de mes père et
mère et de mes parents : c’est l’église Saint-Julien de Sal, avec ses
dîmes et dépendances, et tous ses acquis de toujours, d’hier à aujourd’hui ;
et je donne une prairie qui jouxte cette église avec la saulaie, et la terre
pour planter, autant que les moines du lieu voudront planter ; et je donne la
bergerie à côté de ce potager.
Cette église est située au pays de Lyon, dans le canton
de Forez, le long de la rivière de l’Oise, dans les limites de la part de terre
qui appartient à Girin et à Jarenton
son frère. Et ce qu’il est connu que je possède en cette église, je le donne à
Dieu, à Saint-Martin et aux moines, pour édifier, planter et construire autour
de cette église, dont les murs sont vétustes ; je donne tout ce qui relève
de ma part.
Pour sûr, si après cette donation venait une personne,
moi, un frère ou quelqu’un de mes proches, qui voulait critiquer cette donation
mise par écrit, et restreindre l’aumône des frères, qu’il ne fasse pas ce qu’il
désire, mais que toutes les malédictions inscrites dans les Ecritures viennent
sur eux.
Moi Girin je fis ce don, et
j’en demandai la confirmation.
S. Astrius. S. Guy. S.Aymon. S.Jarenton. S.Olmarus.
S.Jarenton frère de Girin. S.Girin son frère.
Acté en l’année de l’Incarnation de notre Seigneur
Jésus Christ mille dix-huit.
NOTES
Citations :
Jn 6/27, Luc 11/41, Prov
13/8, Ps 23/1
DOCUMENTS
- Texte latin
o
LA
MURE Jean Marie (de), 1860, Histoire
des ducs de Bourgogne et des comtes de Forez, pp.10-11, n°9
o
BERNARD
Auguste, Cartulaire
de l’abbaye de Savigny, p.330,
n°652
o
Centre
national des chartes, charte n°219978
- voir notice sur le prieuré de Salt-en-Donzy