les Sarrasins à
Lyon
725-737
Depuis
720, les Musulmans, appelés aussi Sarrasins, avaient conquis la Province
narbonnaise inclue dans l’Al-Andalus. En 725 ils
empruntent la vallée du Rhône et parviennent jusqu’à Lyon. Dans le conflit de
succession franque qui oppose partisans et opposants de Charles Martel, Lyon
aux mains des Sarrasins devient un enjeu de querelles et passe d’une occupation
à une autre.
Les
versions historiques parlent de destructions dues aux Sarrasins mais aussi
d’abandon des biens d’Eglise par ceux auxquels Charles Martel les avait donnés
en remerciement de leur soutien à sa cause.
LEIDRADE,
évêque de Lyon de 798 à 814, eut à restaurer les églises de Saint-Georges et de
Saint-Paul, les recluseries de La Platière et de
Saint-Clair, ainsi que les abbayes de l’Ile-Barbe et de Saint-Pierre.
Il est vraisemblable que les
Sarrasins aient semé la désolation lors de la grande expédition qui les
conduisit notamment à Autun, qu’ils brûlèrent en 725 ou 731. Mais aucun texte
contemporain ne mentionne à cette occasion un sort semblable à Lyon, et il est
certain d’autre part qu’ils ne s’installèrent pas à demeure dans la région. En
admettant même qu’ils aient détruit les églises de Lyon, et qu’ils aient mené à
nouveau un raid jusqu’à Lyon en 737, ils ne peuvent donc être tenus pour
responsables de la ruine persistante de ces églises à la fin du VIIIe
siècle, telle que l’a décrit, en 810-812, l’évêque Leidrade.
De même, on ne peut leur imputer la lacune évidente de la liste
épiscopale : un seul évêque, Madalbertus, sur
lequel nous ne savons rien, est cité sur le siège de Lyon entre 712 et 769. Ces
deux faits, en revanche, sont très vraisemblablement la conséquence de la
politique de spoliation amorcées par Charles Martel, et poursuivie probablement
par Pépin le Bref, puis Charlemagne jusqu’à la fin du VIIIe siècle,
au détriment surtout des églises locales, et au profit des aristocrates francs.
L’entretien, voire la reconstruction des lieux de culte importaient en effet
bien moins à ces derniers que l’exploitation, à leur profit exclusif, des biens
qui en dépendaient.
(RUBELLIN, 2007, p.151)
Les
traces du passage sur le territoire du diocèse de Lyon des Sarrasins, avec
leurs armées et leur culture, sont en grande partie masquées par les
représentations construites en opposition par la suite : celle du Sarrasin,
ennemi à la fois de l’identité franque et de la foi catholique, et celle du Roi
carolingien, défenseur de la France et de la Foi, dont les évêques sont les
relais locaux.
DOCUMENTS
- VINGTRINIER Aimé,
1862, Revue du lyonnais, Note
sur l’invasion des Sarrasins dans le Lyonnais, n°25, p.379-397
- BASSET Karine, 1997, Le légendaire
Sarrasin : quelques enjeux de mémoire, Confluences
Méditerranée, n°24, pp.65-74
- DEPREUX Philippe,
2000, A la
recherche des défenseurs de la cité à l’époque carolingienne, Université de
Tours
- RUBELLIN Michel,
Lyon au temps carolingiens, in PELLETIER… (dir.),
2007, Histoire de Lyon, des origines à
nos jours, pp.148-163
- voir notice
sur les Sarrasins à Lyon, Bibliothèque de La Part-Dieu
g.decourt