musée du diocèse de lyon

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les missionnaires catéchistes

et les origines du Séminaire Saint-Irénée

 

 

 

Le Concile de Trente avait prescrit l'organisation d'une formation sérieuse des prêtres diocésains, et le célèbre archevêque de Milan, saint Charles Borromée (mort en 1584), avait donné un exemple de ce qui pouvait être fait. Mais en bien des endroits, à Lyon notamment, on en était toujours, vers 1650, au même point, et les besoins restaient criants.

 

On y pensait, sans savoir que faire. En 1614, Mgr de Marquemont avait posé quelques conditions à la collation des ordres : rudiments de catéchisme et de latin, pratique du rituel, connaissance des cas de conscience. On était loin du compte.

 

En 1654, réalisant un vieux projet encore inabouti, les Oratoriens ouvrirent une maison de formation, mais, on ne sait pour quelle cause, elle se développa médiocrement. Peut-être, l'archevêque Camille de Neuville leur retirera-t-il sa faveur, pourtant assurée au début, quand il sentit se confirmer leur jansénisme, cependant très discret à Lyon.

 

A ce moment, une autre initiative était en train de prendre corps, due à un laïc. Depuis 1643 environ, un chirurgien, Jacques Crétenet, avancé dans la vie spirituelle, conseiller et directeur de consciences apprécié, avait pris l'habitude de réunir chez lui des laïcs pour des conférences pieuses, sans se laisser arrêter par les critiques nombreuses. Il avait même fini par héberger des pensionnaires. Quand Camille de Neuville monta sur le siège de Lyon, en 1653, sa maison constituait comme une sorte de séminaire, d'où devaient sortir des missionnaires pour les campagnes. Encore quelques années et, en 1661, l'approbation royale allait donner une existence officielle aux Missionnaires de Saint-Joseph ou « Joséphistes ». Mais, quelle que fut l'importance de leur contribution à l'évangélisation du diocèse, ce n'était pas chez eux que pouvait se former la masse du clergé paroissial.

 

La solution vint de la conjonction d'une initiative locale et d'une aide extérieure. Depuis 1614 environ, des « prêtres catéchistes », comme ils s'appelaient eux-mêmes, sillonnaient le Forez et le Lyonnais. Le premier, Antoine Roussier, était de Saint-Etienne. Après sa mort, survenue en 1639 au cours d'une station de carême donnée à Saint­-Symphorien-le-Château, ses deux assistants, Jean Bréas et Antoine Journet, poursuivirent l'œuvre, catéchisant, prêchant, et fondant, là où ils en avaient la possibilité, des « Confréries de la doctrine chrétienne ». On connaît celles qui furent établies à Duerne, en 1640, et à Bans-Givors, en 1642, sur le même modèle. Instituée sous l'autorité de l'archevêque, la confrérie était agrégée à l'Archiconfrérie de Rome, et avait pour but d' « animer messieurs les curés à bien instruire leurs paroissiens au devoir de vrais chrétiens, et les paroissiens réciproquement à venir entendre les instructions de salut pour participer à de si grandes indulgences ». La fondation se faisait en clôture d'une mission donnée par deux ou trois prêtres catéchistes. A Duerne, 275 personnes s'inscrivirent ; à Bans et Givors, 225 ; bien entendu, les notables en tête. Notons cette pratique de la mission, qui n'avait pas encore reçu son nom : c'est la première trace qu'on en ait dans le diocèse.

 

Cependant, le petit groupe s'élargissait. Il reçut des appuis décisifs. De Floris Broyas, archiprêtre de Jarez, qui résigna sa cure de Saint­Héand pour pouvoir se consacrer à l’œuvre, dont la direction lui échut. Et surtout, de l'archevêque Alphonse de Richelieu qui, le 27 avril 1652, leur donna son approbation canonique, avec autorisation de recrutement et reconnaissance de communauté. Enfin, le 16 janvier 1654, le curé de Saint-Julien-en-Jarez, Pierre Brossy, engagea 15 000 livres de ses deniers pour la construction d'un séminaire destiné à la formation des futurs prêtres et au perfectionnement des prêtres déjà ordonnés. Sur la même voie qu'avait suivie à Paris M.Olier, l'exercice de la mission faisait toucher du doigt le besoin d'une formation sacerdotale.

 

En 1657, ils étaient quatorze : prêtres et laïcs, du Jarez (d'où tout était sorti) et de Lyon. Trois d'entre eux appartenaient à la Compagnie du Saint-Sacrement qui, suivant son habitude, soutenait sans se montrer, conseillant et sans doute facilitant les démarches, notamment pour s'installer à Lyon, ce qui devenait nécessaire. Ils achetèrent en rue du Plat une maison qui, dans leur pensée, devait être le berceau du séminaire. En attendant, le 7 février 1657, Camille de Neuville leur confia la cure de Saint-Michel d'Ainay, dont l'un d'eux, François Thomazet, était déjà titulaire.

 

Le 6 décembre de la même année, arrivait à Lyon M.Hurtevent, l'un des premiers sulpiciens, pour fonder le séminaire. Après quoi, la trace des prêtres catéchistes se perd. Ils avaient semé, à d'autres revenait de poursuivre la création et le développement du séminaire si attendu. Dans l’évolution de cette affaire, Antoine de Neuville, vicaire général, lui-même membre de la Compagnie du Saint Sacrement avec laquelle Saint-Sulpice était en liens étroits, avait joué un rôle décisif.

 

 

Henri Hours

Eglise à Lyon, 1995, n°15